Votre mâchoire vous fait souffrir, vous avez mal lorsque vous mâchez, vous avez l’impression que la douleur progresse dans votre visage… Stop ! Que se passe-t-il exactement ? Les réponses du médecin.

Avec le Dr Marc Perez, médecin ostéopathe

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Petite leçon d’anatomie. La mâchoire est un tissu osseux qui se compose de deux parties : la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure. Cet os peut bouger grâce à une articulation (l’articulation temporo-mandibulaire, que l’on peut sentir bouger sous les oreilles) et grâce à des muscles (les muscles masticateurs, parmi lesquels les masséters et le muscle temporal).

Ainsi, la mâchoire peut s’ouvrir et se fermer – ce qui nous permet de mâcher – mais aussi bouger latéralement, avec toutefois moins d’amplitude. La mâchoire est aussi innervée par plusieurs nerfs (dont le nerf facial) et vascularisée.

Douleur à la mâchoire : on pense d’abord aux dents

La cause principale des douleurs à la mâchoire, ce sont les dents ! Les caries, les abcès dentaires mais aussi les maladies gingivales (gingivite, parodontite) peuvent ainsi être à l’origine de douleurs parfois intenses. Celles-ci sont généralement très localisées : on a la sensation d’avoir un « point » douloureux dans la bouche. En cas de carie, la douleur est plus vive au contact du chaud ou du froid – quand on mange une glace ou quand on boit un café, par exemple. En cas de gingivite ou de parodontite, il peut y avoir du sang lors du brossage des dents.

Qu’est-ce que je peux faire ? Le mieux reste de consulter rapidement son dentiste. À l’aide d’un examen clinique et éventuellement d’une radiographie, il pourra mettre en place un traitement adapté. Il ne faut surtout pas attendre : les pathologies dentaires et gingivales s’aggravent au fur et à mesure, et on peut en arriver à un déchaussement dentaire !

En attendant le rendez-vous, on peut réaliser un bain de bouche à base de clou de girofle pour rendre la douleur supportable : pour cela, on laisse infuser 2 clous de girofle dans 25 cl d’eau bouillante pendant cinq à huit minutes. On laisse refroidir et on utilise en bain de bouche matin et soir.

Douleur à la mâchoire : et si c’était des calculs salivaires ?

Comme dans les reins, des petits calculs (semblables à des « cailloux » minuscules, composés de sels minéraux) peuvent se former au niveau des glandes salivaires et les obstruer. Résultat : avec l’accumulation de la salive, ces glandes gonflent… et ça devient douloureux. Outre la douleur à la mâchoire, on peut palper une « boule » sous le menton ou sous l’oreille, si c’est la glande parotide qui est touchée.

Qu’est-ce que je peux faire ? Un rendez-vous chez le médecin généraliste s’impose afin de clarifier le diagnostic. Ensuite, il sera nécessaire de voir un stomatologue ou un dentiste afin de désobstruer la glande. Cette petite manipulation (que le professionnel de santé réalise avec un fil) se déroule très rapidement et sans anesthésie. En attendant le rendez-vous, des massages localisés, sur et autour de la zone, peuvent contribuer à atténuer la douleur.

Douleur à la mâchoire : la névralgie, impressionnante mais peu grave

Le nerf facial se divise en 3 « branches » : la première se dirige vers l’œil, la seconde vers la mâchoire inférieure et la troisième vers la mâchoire supérieure. Les douleurs névralgiques sont souvent d’origine virale : elles font penser à des décharges électriques qui irradient dans tout le visage. Au-delà de la douleur à la mâchoire, la névralgie faciale peut entraîner une paralysie d’un côté du visage : la bouche et la langue sont déviées, on ne sent plus notre joue…

Qu’est-ce que je peux faire ? Une visite chez le médecin généraliste s’impose. Après confirmation du diagnostic, le docteur pourra prescrire de la cortisone afin d’accélérer la guérison qui survient en général spontanément – sans traitement particulier – sous quinze jours.

En complément des médicaments, l’homéopathie peut aider. On prend 3 granules 3 fois par jour de…

  • Chamomilla Vulgaris 9 CH si la douleur s’accompagne d’une sensation de chaleur et d’irritabilité.
  • Mezereum 9 CH si la douleur concerne surtout la mâchoire supérieure, avec aggravation lorsqu’on mastique.
  • Verbascum Thapsus 7 CH si la douleur se manifeste au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire avec des fourmillements.
  • Colocynthis 7 CH si la douleur est insoutenable mais améliorée par l’application de chaleur et/ou une pression forte.

Douleur à la mâchoire : quand les cervicales ou les muscles se bloquent…

Un blocage cervical peut aussi être responsable de douleurs dans la mâchoire : ce sont surtout les vertèbres cervicales C2 et C3 qui sont concernées. Le souci commence généralement par une douleur dans le cou et/ou dans la nuque (type torticolis, avec des difficultés à tourner la tête) puis celle-ci se « déplace » vers une joue et un côté du visage au bout de quelques jours.

Qu’est-ce que je peux faire ? Il faut s’adresser à un kinésithérapeute ou à un ostéopathe : le professionnel réalisera une petite manipulation pour « remettre en place » les cervicales et leur redonner du mouvement.

Lorsque la douleur à la mâchoire est uniquement présente quand on mastique, le problème est sans doute d’ordre musculaire : les masséters et le muscle temporal, en particulier, peuvent se « crisper » (à la façon d’une contracture) et provoquer l’apparition de douleurs au mouvement. Cela concerne surtout les personnes qui ont tendance à beaucoup serrer les dents au cours de la journée et/ou qui grincent des dents pendant la nuit.

Qu’est-ce que je peux faire ? Un traitement sur le long terme est nécessaire afin d’éviter la récidive : c’est à un dentiste qu’il faut s’adresser, notamment pour réaliser des gouttières sur-mesure afin d’empêcher les grincements pendant la nuit. L’ostéopathe, quant à lui, pourra procéder à un rééquilibrage musculaire de la mâchoire et proposer des exercices de relaxation de la bouche.

J’ai mal à la mâchoire : quand faut-il aller aux urgences ?

Quand la douleur à la mâchoire s’accompagne d’un « blocage » de la bouche (concrètement : la bouche est coincée en position « ouverte », il est impossible de la refermer), il ne faut pas traîner : il s’agit d’une luxation de l’articulation temporo-mandibulaire et cela nécessite un passage aux urgences !

Pour régler ce souci (handicapant mais pas gravissime), une manipulation spécifique est nécessaire : celle-ci est réalisée sous anesthésie locale.

Merci au Dr. Marc Perez, médecin ostéopathe et co-auteur de Ostéo-gym au féminin, les postures qui soignent (éd. Leduc).

Source : Le grand livre de l’homéopathie – Dr. Dominique-Jean Sayous, éd. Eyrolles.

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