Au Pays basque, sur les côtes languedociennes ou au soleil de la Riviera, trois stations balnéaires éloignent l’hiver avec leurs promenades vivifiantes et leurs pauses rassérénantes.
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Menton, jardins avec vue
Les initiés le savent : l’hiver est la meilleure saison pour se rendre dans la « Perle de la France », qui jouit, cas unique dans l’Hexagone, d’un climat subtropical. Et de 316 jours de soleil par an ! En toile de fond sur l’azur du ciel, les Préalpes déclinent cinquante nuances de vert. Le clocher de la basilique Saint-Michel Archange émerge d’un fouillis de maisons ocre comme posées sur l’eau : vu de la mer, le Vieux Menton ressemble à une maquette de crèche provençale. Mais sur place, les ruelles étroites grimpant entre les façades cloquées, croisent, plutôt qu’un santon, un platane centenaire classé sur l’itinéraire des arbres remarquables! Au fait, ne sentez-vous pas, dans l’air, le délicat parfum des agrumes ? Menton, ville-jardin, regorge d’oasis secrètes, comme la palmeraie Maria Serena, de conservatoires de la biodiversité comme le jardin du Val Rahmeh ou la collection d’agrumes du Palais Carnolès, de repaires de collectionneurs aux pouces verts, comme le Clos du Peyronnet. Et l’hiver, ils sont en fleurs, à leur meilleur.
« Ici, on récolte même des bananes », explique Franck Roturier, le directeur des jardins de la ville. Ces couleurs, ces saveurs, la douceur de l’air suffisent au bonheur. Menton ne partage pas le goût des artifices de certaines de ses voisines de la Côte d’Azur. Son seul luxe, son ange gardien est un poète : Jean Cocteau. Amoureux de la ville, il a peint, en 1958, la Salle des Mariages (que chacun peut visiter) et couvert de mosaïques le Bastion, un fortin du XVIIe siècle sur la jetée, qui tient plus d’antre de pirates que de musée. La ville lui a rendu hommage en abritant la collection Séverin Wunderman (990 œuvres du poète) dans un bâtiment blanc signé de Rudy Ricciotti qui a su trouver sa place entre le marché couvert et la mer. Du 17 février au 7 mars prochain, la 85e édition de la Fête du Citron, dédiée à l’Inde, prouvera une nouvelle fois que Menton est la plus proche des villes exotiques.
Le plus : et pourquoi pas un petit tour en Italie ? Le bus dessert la frontière et la brasserie Grotta, où l’on boit un Spritz au soleil, en savourant la vue sur la baie de Garavan.
Notre adresse : ancien palace Belle Époque, le Royal Westminster est géré par Vacances bleues. De Nombreuses activités sont proposées, hotel-royal-westminster.com.
Saint-Jean-de-Luz, balades sur la rade
Dès 6h30, place Louis XIV, Jean-Pierre Telleria pétrit les 600 petits macarons journaliers de la pâtisserie Adam. À quelques centaines de mètres, les pêcheurs débarquent sardines, maigres et lottes à la criée bordant l’embouchure de la Nivelle. Selon son humeur, le lève-tôt luzien hume le maquereau ou le macaron ! Rue Gambetta, les maisons des armateurs ouvrent leurs volets verts. Les rois de France ont généreusement doté Saint-Jean-de-Luz, qui existait bien avant Biarritz et Hendaye. Port franc depuis Louis XI, havre de corsaires, elle fut la scène du mariage hautement diplomatique de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche. Napoléon III fit construire les trois digues qui abritent sa plage, longue de plus d’un kilomètre, des tempêtes. Au nord, le promeneur chemine vers les falaises de Sainte-Barbe et leur point de vue sur la ville. Au sud, il se dirige vers le fort de Socoa qui ferme la rade et abrite quelques tables basques où l’on vient se régaler de chipirons grillés. Au passage, il aura franchi le pont sur la Nivelle, jeté un coup d’œil à la maison natale de Maurice Ravel et admirer les galeries de bois de l’église de Ciboure. Et si le courage lui manque, ou qu’il pleut, le salon de thé Art Déco du Grand Hôtel permet d’observer les surfeurs au chaud.
Notre coup de cœur : l’extravagant château d’Abbadia qui se dresse à six kilomètres de la ville, sur la Corniche. Viollet-le-Duc le bâtit à partir 1864 pour Antoine d’Abbadie, grand voyageur et défenseur des traditions basques.
Notre adresse : le Grand Hôtel de la Poste est proche à la fois de la plage et du marché, grandhoteldelaposte.com.
Sète, la ville des copains d’abord
Vous aimez les cités vivantes, travailleuses et pas snobes, et faire des rencontres ? À Sète, vous êtes à bon port ! La ville a la pêche toute l’année ! Suivis par un cortège de mouettes, les chalutiers quittent au petit matin le quai de la Marine. À 100 mètres du Canal royal, l’artère liquide qui traverse la ville, les Halles bruissent déjà d’activités: ici, Magali dispense des cours de cuisine, là Marie-Claude apprend à réaliser un bouquet. Des chaises attendent les curieux qui dégustent sur le pouce des huîtres ou des moules de l’étang de Thau, l’immense lagune bordant la ville.
Dans sa grand’rue, la plupart des boutiques, qu’elles vendent des livres, de l’épicerie ou des chemises, proposent aussi un thé à boire sur place. Les terrasses entourant la fontaine du Pouffre (officiellement place Léon-Blum) bruissent de joutes orales et de bons mots. Curieusement, la cité languedocienne arbore la forme du poulpe, son animal fétiche. En guise de tête : une colline de 175 m de haut, le mont Saint-Clair. Une pinède et la chapelle Notre-Dame-de-la-Salette coiffent cet observatoire, depuis lequel on voit la ville déployer ses tentacules ; au nord vers les eaux sombres de l’étang de Thau, au sud vers l’azur de la Méditerranée. Des immeubles blancs s’avancent sur des presqu’îles, des ponts levants surplombent les canaux, des silos et des installations portuaires se dressent derrière le phare Saint-Louis. Que de facettes à explorer! Les douze kilomètres de sable doré reliant Marseillan-Plage se prêtent à de longues promenades, le cimetière marin où repose Paul Valéry incite au recueillement. Pour un moment d’émotion, les visiteurs de l’Espace Georges-Brassens, toutes générations confondues se repassent en boucle les chansons de l’enfant du pays. Sa devise, les copains d’abord, est celle de la ville. Depuis la gare, on regarde une dernière fois les voiliers, en se disant qu’on reviendra.
La bonne idée : la dernière conserverie sétoise, Azaïs Polito (04 66 32 90 80) propose désormais des visites guidées. L’occasion de voir réaliser artisanalement soupes de poissons, bourrides ou salades de poulpes. La visite se termine bien sûr par une dégustation. azais-polito.fr
Notre adresse : la première maison de vacances de France, le Lazaret, possède un accès secret à la plage de la Corniche, lazaretsete.com. L’Hôtel de Paris, avec spa et patio, est bien placé, hoteldeparis-sete.com.
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