Après des années jalonnées de cure de désintox et d’arrestations, l’ex-bad boy de Hollywood apparaît plus assagi que par le passé. Un changement sans nul doute dû à sa récente paternité.

Public : En mars dernier, vous êtes devenu père pour la première fois. Est-ce que cela vous aide dans votre processus de votre guérison ?

Shia LaBeouf : Oui, sans aucun doute. Je ne suis plus tout à fait le même mais j’avoue que le chemin est encore parsemé d’embûches. J’ai déjà fait un gros travail sur moi-même. Avant, chacune de mes journées débutait en prenant les armes. Aujourd’hui, ma journée commence en les déposant et en levant les bras. Je capitule avant même de chercher les noises.

“Mon père consommait de l’héroïne et buvait”

Craignez-vous les rechutes ?

Oui, et cela m’effraie. J’ai une maladie, comme un cancer. Des doutes ? Oui, j’en ai toujours. Fort heureusement, je suis entouré par des gens qui me cadrent bien. J’ai pigé que mon pire ennemi, c’est moi-même… pas les autres !

Quel modèle a été pour vous votre père ?

Le pire qui soit. Disons-le franchement : il m’a pourri la vie. Il a été à la fois un moteur et un frein à mon épanouissement. Son passé de soldat au Vietnam l’a complètement détraqué. Pour évacuer tout ça, il consommait de l’héroïne et buvait. La maison a longtemps été un champ de bataille. Avec ma mère, on a reçu pas mal de coups.

Justement, vous avez écrit le film Honey Boy, sorti en 2019, en vous inspirant de votre relation !

Oui. C’était pendant une cure de désintox ordonnée par le tribunal. J’ai compris sur place qu’écrire me permettrait de fouiller dans mon âme. C’était une manière de faire connaissance avec moi-même. Comme si je feuilletais ma propre peau. De retour chez moi, j’ai lu tout ce que j’avais rédigé. J’ai alors réalisé que toutes ces notes ressemblaient à un script. C’est ironique : c’est en écrivant l’histoire d’un mec qui se détruit que j’ai pu me reconstruire.

Avec du recul, pourquoi avez-vous fait ce film ?

J’étais au fond d’un trou et le meilleur moyen de m’en sortir, c’était de raconter par où et par quoi j’étais passé. Au départ, je me suis dit que j’allais aider les gens qui souffrent de troubles psychologiques mais, en fait, ma démarche était purement égoïste, c’était moi que je voulais aider avant tout. Honey Boy aura été une forme de thérapie.

Vous souffrez d’un stress post-traumatique. Qu’est-ce qui a du mal à cicatriser ?

Quand j’avais 3 ans, mon père m’a placé le canon de son fusil sur le front. Cela laisse des traces. Six ans plus tard, ma mère a été agressée sexuellement. J’étais un môme. Je n’ai rien pu faire. Impuissant. Au même âge, j’ai été détenu en prison pendant six heures pour avoir volé une paire de Nike Cortez dans une boutique. La seconde fois, à 11 ans, c’est un jeu Game Boy que j’ai chouré dans un supermarché. Cela m’a valu encore six heures derrière les barreaux. J’aurais préféré vous énumérer d’autres faits plus positifs, plus constructifs, mais ma jeunesse est un énorme gâchis. D’autant qu’à 20 ans, je suis retourné à la case taule après avoir essayé de poignarder mon voisin !

Avez-vous le sentiment d’avoir été un enfant comme les autres ?

Oui, mais dans un environnement qui n’avait rien de banal. J’ai commencé le métier d’acteur à 10 ans. Je me sentais isolé dans ma propre famille et, pour ne pas arranger les choses, j’étais un fils unique. Je n’ai jamais eu de problèmes avec le fait d’être seul. Lorsque j’étais plus jeune et que je tournais, je n’étais pas un gamin solitaire. J’avais beaucoup d’amis. J’étais entouré. À l’évidence, je suis plus seul maintenant que je ne l’étais à l’âge de 13 ans ou 14 ans. Je l’admets, mon père m’a manqué pendant des années. Parfois, j’étais dans la chambre avec lui mais il ne me voyait pas. Il était présent physiquement mais, dans sa tête, il était ailleurs. C’est le problème avec les toxicomanes. Ce n’est que plus tard, une fois que nous sommes devenus sobres, que nous avons pu commencer à nous serrer dans les bras.

« Récemment, j’ai claqué une fortune dans des diamants »

Hollywood a donc été bienfaiteur !

Ce métier m’a sauvé en me détournant de tout un tas d’autres choses nocives. Ma relation au cinéma a été la plus fidèle et la plus pérenne que j’aie eue jusqu’à présent. Cette industrie a été des plus généreuse avec moi. C’est mon environnement personnel et familial qui m’a perturbé au point de disjoncter.

Si un producteur vous offrait 25 millions pour rejouer dans Transformers, que lui répondriez-vous ?

Cela dépendrait du script ! Une chose est certaine, ce ne serait pas pour une question d’argent. Je n’ai jamais bossé pour du fric. Si je fais des films, c’est pour émouvoir les gens. Je ne suis pas quelqu’un qui calcule ou planifie. Je marche à l’instinct.

Vous ne pouvez pas non plus occulter le fait que l’argent vous a permis de vous extirper de votre milieu social.

Oui ! L’argent signifie liberté et options. Plus d’options. Ce qui est indéniable, c’est qu’il doit être dépensé afin de procurer du bonheur. Récemment, j’ai dilapidé quelques milliers de dollars pour que soixante-dix gamins puissent aller au cinéma ! Je me suis également rendu dernièrement dans un magasin et, allez savoir pourquoi, j’ai claqué une fortune dans des diamants.

Aujourd’hui, que prenez-vous pour vous endormir ?

Une verveine avec de la mélatonine !

Dates clés

1. 11 juin 1986

Naissance à Los Angeles, d’un père clown professionnel et d’une mère, créatrice de bijoux. Il débute la comédie à l’âge de 10 ans dans diverses séries.

2. 1995 

1995 À 9 ans, il est arrêté pour un vol de baskets. Au cours des années suivantes, s’ensuivront dix autres arrestations dont la dernière date de 2020.

3. 2007 

Son rôle de Sam Witwicky dans Transformers, réalisé par Michael Bay, le révèle au grand public.

4. 2022 

En mars, l’acteur et sa compagne Mia Goth deviennent parents pour la première fois.

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Propos recueillis par Frank Rousseau, à Los Angeles

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