- La douzième saison de Danse avec les stars est lancée ce vendredi, à 21h10, sur TF1.
- Après un an d’absence, Katrina Patchett, qui a remporté la saison 1 en 2011 avec M. Pokora, fait son retour dans l’émission.
- Née en Australie, la danseuse a sillonné le monde avant de s’établir en France. 20 Minutes vous raconte son parcours.
Elle se souvient qu’elle était recroquevillée dans une malle et que son cœur battait la chamade. Les applaudissements se sont tus, la musique a résonné et elle a bondi de sa cachette. Ce fut une apparition en corset strassé, robe fuschia et chignon blond sophistiqué. Ce 12 février 2011, le public de TF1 découvrait ainsi Katrina Patchett dans Danse avec les stars. Ambiance Ellis Island début du XXe siècle twisté en glamour. « La chorégraphie était sur We No Speak Americano. M. Pokora jouait un Français arrivant aux Etats-Unis et bim !, sa partenaire – moi –, surgissait du bagage », nous rafraîchit-elle la mémoire, plus de onze ans plus tard.
Il y avait de la fantaisie, du cartoon, dans cette mise en scène, mais cette première avait aussi tout d’un symbole, sans doute inconscient. Car la biographie de la danseuse en atteste, l’expression « vivre dans sa valise » semble avoir été créée pour elle.
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Le voyage commence à 14.267 kilomètres du Studio 217 de la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Direction Perth, en Australie, ou est née Katrina Patchett, le 12 décembre 1986. Ses parents, lui anglais, elle australienne, ont longtemps formé l’un des couples les plus respectés du monde en danse sportive. Une référence. Retirés des compétitions, ils se sont établis dans cette ville côtière de l’ouest du pays et ont ouvert, en 1983, leur école de danse.
« Il est où le partenaire ? »
La petite Katrina manifeste très tôt le désir de marcher dans leurs pas de bourrée. Elle l’assure, elle n’a en rien été forcée à suivre leur voie, au contraire : « Mes parents ne voulaient pas que je commence aussi jeune, mais ils ne pouvaient pas m’en empêcher. A l’âge de 2 ans, j’ai demandé à avoir un partenaire pour participer à des compétitions. Ils m’ont dit d’attendre mes 6 ans. » L’année de ses 3 ans, son père accepte de l’entraîner («Il voyait que je dansais toute seule, il ne voulait pas que je fasse n’importe quoi »), et elle découvre alors l’effort, la rigueur, la technique. Le matin de son sixième anniversaire, en petite tornade, elle déboule dans la chambre de papa et maman Patchett. « Il est où ? » « Qui ? » « Il est où le partenaire ? »
Il faudra un peu de temps pour le trouver. Parce que les petits garçons qui font de la danse, ça ne court pas les rues de Perth et d’ailleurs. « Comme j’étais grande pour mon âge, mes parents ont sélectionné, parmi leurs élèves plus âgés, un garçon qui me correspondait physiquement, Adrien. » Avec ce dernier – qui est toujours son ami aujourd’hui – elle remporte à 7 ans son premier championnat national. Katrina grandit et son goût pour la compétition aussi. Son père la met en garde : « En dehors des concours, ne te la pète pas, sinon fini la danse. En revanche, dès que tu poses le pied sur le parquet, demande-toi qui se classera deuxième derrière toi aujourd’hui. »
« Soit tu restes et tu stagnes, soit tu pars »
A 15 ans, première valise, premier grand départ. A Melbourne, à l’autre bout du pays, elle danse avec un partenaire de huit ans son aîné. Leur collaboration dure un an. « Après cela, ma mère m’a dit : « Soit tu restes et tu stagnes, soit tu pars. » Mes parents avaient leurs contacts en Europe où le circuit est excellent. J’étais en lien avec un danseur danois, mais je ne savais pas si j’étais prête à quitter mon pays », confie Katrina Patchett.
Ses atermoiements prennent fin dans un centre commercial. La danseuse raconte : « Ma mère est partie faire une course. Elle est revenue une demi-heure après, et m’a dit : « C’est bon, j’ai pris ton billet d’avion, tu pars dans deux semaines ». Elle avait choisi l’option où je pouvais, pendant douze mois, acheter un retour la veille pour le lendemain. Je n’en ai jamais eu besoin. » Elle ressent alors « une bonne adrénaline ». Du haut de ses 16 ans, se sent « déjà adulte ». Elle pense : « Ma carrière commence maintenant. »
Petits boulots
Août 2003, elle atterrit au Danemark. En récupérant sa valise, il ne lui traverse pas l’esprit que, quelques mois plus tard, elle verra la neige pour la première fois de sa vie. Ce ne sont pas des vacances qui l’attendent. Aux six à huit heures d’entraînement quotidiennes, elle ajoute des petits boulots et réduit ses heures de sommeil à une portion congrue. « J’ai été femme de ménage, j’ai livré des journaux en doudoune de la tête aux pieds à 5h du matin, j’ai travaillé dans un 7-Eleven [une épicerie], énumère-t-elle. Ma famille n’était pas riche mais faisait tout son possible pour subvenir à mes besoins. J’essayais de montrer à mes proches que je donnais aussi de ma personne pour les remercier de leurs efforts. »
Trois ans plus tard, arrive ce qu’elle qualifie de « la plus belle histoire ». Elle est à Brighton (Grande-Bretagne) pour trouver un nouveau binôme. On lui glisse le nom de ce Français qu’elle ne connaît pas. Un certain Maxime Dereymez. Elle a 19 ans, lui, 24. Il vient de se séparer de sa partenaire avec laquelle il a remporté huit fois le championnat de France de danse sportive. « Je n’ai jamais eu de coup de foudre en amour. Mais j’ai fait trois pas de danse avec lui et j’ai su que j’allais faire ma carrière avec lui. C’était incroyable. Trois jours après, je m’installais en France. Cinq mois plus tard on a gagné le championnat national. »
Recommencer, encore et encore
Puis, le coup dur. « Maxime a décidé de prendre une autre direction dans sa carrière qui ne m’incluait pas », élude-t-elle. Elle reprend ses valises : Hong Kong, la Slovénie, l’Italie… Elle désespère un peu : « Je voulais un port d’attache pour me construire. Je perdais du temps à force de toujours devoir recommencer à zéro. »
En 2010, alors qu’elle passe un week-end à Paris, son binôme italien de l’époque lui envoie un SMS. Pour mettre un terme à leur partenariat. Coup dur, bis. Recommencer, encore. « Combien de fois je vais me prendre ça dans la tronche ? », pense-t-elle. Ce jour-là, Maxime Dereymez est assis en face d’elle. Il lui dit que c’est un signe, qu’elle doit refaire équipe avec lui. Elle passe la nuit à réfléchir, à écrire sur un papier les conditions exigées pour qu’ils redansent ensemble. Il les accepte. Un mois plus tard, les auditions de Danse avec les stars commencent.
Elle ne parle alors pas un mot de français. Elle apprendra la langue d’elle-même par la suite, sans prendre de cours, en demandant à ses interlocuteurs de la reprendre à chaque fois qu’elle fait une erreur de prononciation ou de syntaxe. Mais à l’heure des essais, ça coince. La directrice de casting demande à Maxime Dereymez : « Est-ce qu’on a la même – même physique, même niveau de danse – mais qui parle mieux français ? » Il répond : « S’il y en avait une, je ne serais pas allé la chercher en Australie. »
« Ma mère appelle Maxime « mon fils » »
« De tous mes partenaires, Maxime est celui avec lequel j’arrive à m’exprimer le mieux et vice-versa. Il est plus que mon binôme, il est mon ami, mon frère. Et ce n’est pas une image, insiste Katrine Patchett. Ma mère, qui l’appelle « mon fils », va venir en France en fin d’année et nous fêterons Noël dans la famille de Maxime.
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Retour en arrière. L’appel tant espéré lui parvient : elle sera bien l’une des danseuses professionnelles de Danse avec les stars. « Je venais de revenir en France. Je travaillais la nuit dans un bar. J’avais zéro thune. Quand on m’a dit que j’étais prise, je suis allée à la supérette d’en face, j’ai pris la bouteille la moins chère et je me suis servi un petit verre pour trinquer toute seule, dans mon 15 m2 avec vue sur le cimetière. Le tableau horrible », rigole-t-elle en y repensant.
Sur son nuage, elle redoute la tempête au moment d’annoncer la nouvelle à ses parents. « J’avais peur de les décevoir, qu’ils m’en veuillent de ne pas avoir vécu ma carrière de compétition jusqu’au bout », admet-elle. « Pff, ce n’est pas de la vraie danse », a boudé, pour la forme, son père, qui fait passer la technique avant tout. Katrine Patchett est vite rassurée : « Ils étaient fiers et contents pour moi que je puisse gagner ma vie et être reconnue dans la danse. »
Danse avec les all stars en Australie
Cerise sur le gâteau, au bras de M. Pokora, elle remporte, le 19 mars 2011, la première saison de Danse avec les stars. Neuf autres suivront, avec des partenaires aux profils et talents de danseurs aussi variés que Cédric Pioline, Brian Joubert, Brahim Zahibat ou Vincent Niclo. Elle a été de toutes les éditions, sauf de celle de l’an passé. Et pour cause, c’est dans la version australienne qu’elle a valsé. « Ce n’était pas prévu. J’étais retournée en Australie pendant le deuxième confinement, je voulais en profiter pour voir ma famille. Quand j’ai appris qu’une saison All Stars se préparait, j’ai envoyé un mail à la productrice, dix minutes après j’étais prise ». Et d’expliquer ce recrutement express : « Ils connaissaient déjà ma tête et ma danse, parce que, après les versions américaine et britannique, la version française est l’une des meilleures au monde et les plus scrutées. »
Pour la douzième saison, lancée vendredi sur TF1, elle fait son retour sous les projecteurs français. « Je ne l’envisage pas comme une compétition mais comme un divertissement, prévient-elle. Si je gagne un deuxième trophée, c’est très bien mais ce n’est pas ce qui me motive aujourd’hui. Je veux donner le meilleur de ma personne dans mon travail, mettre les artistes en valeur, respecter leur image, souligner leurs points forts et cacher le plus possible leurs points faibles. »
Quelle est, selon elle, sa marque de fabrique ? « J’ai eu la chance d’avoir appris la danse dès le départ avec une approche très technique. Et puis j’ai ce côté anglo-saxon un peu extravagant, très expressif, à l’américaine, qui adore performer. Quand je suis arrivée en France, il a fallu que je m’adapte un peu. Au premier abord, les gens sont plus réservés. »
A la française
Elle est cependant devenue la plus française des Australiennes. Ses amis le lui disent quand ils constatent sa maîtrise des expressions tricolore – lors de notre entretien, on se surprend à être surpris de l’entendre dire « Rebelote ». « Je suis aussi très Française dans le sens où j’adore le fromage, le vin, les choses raffinées. En Australie, les gens mangent des gros plats [elle mime ce qu’on imagine être un gigantesque burger dégoulinant de fromage et de sauce], moi j’aime déguster. »
Elle hésite à demander la nationalité française. « J’ai la double nationalité britannique et australienne. Quand j’ai débarqué en Europe, j’avais donc un passeport européen. Et puis il y a eu le Brexit. J’ai dû demander une carte de séjour. J’ai trouvé ça dingue, alors que cela faisait plus de dix ans que je vivais et payais mes impôts en France. » Elle poursuit : « Comme on n’a le droit qu’à deux passeports et qu’il est hors de question que je renonce à ma nationalité australienne, je devrais renoncer à ma nationalité britannique. Cela m’est difficile à envisager, symboliquement, par rapport à mon père. Mais, en même temps, je veux vivre en France jusqu’à la fin de ma vie, donc c’est une vraie question que je me pose. » Son titre de séjour lui ayant été accordé pour dix ans, elle se laisse le temps d’y réfléchir.
Pour l’avenir de sa carrière, Katrina Patchett connaît déjà les réponses. Son objectif : garder un pied dans la danse et se lancer des défis. Elle a créé sa société, pour développer des activités liées à la direction artistique. « Je me donne constamment des challenges. Je pense que ça vient de mon esprit de compétitrice. Je n’ai pas envie de rester sur un acquis. Je veux m’ouvrir à d’autres choses. Toujours préparer la suite. » Des idées et des projets plein la valise.
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