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• Aujourd’hui, « La nièce du taxidermiste » de Khadija Delaval paru le 17 août 2022 aux Éditions Calmann-Lévy.

Alain Raimbault, écrivain, blogueur et contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande La Nièce du taxidermiste de Khadija Delaval, paru le 17 août 2022 aux Éditions Calmann-Lévy.
 

Sa citation préférée :

« C’est à l’orée de ce monde que j’étais bloquée depuis plusieurs années. Je n’avais ma place ni jambes nues comme mes sœurs et cousines tentant d’imiter Cyd Charisse dans une représentation que Maridh avait inventée sur un air de Kool and the Gang, ni à la table de rami-poker, ni même dans le clan des grands cousins. Pendant longtemps, je n’ai pris conscience de cet état paradoxal d’entre deux eaux qu’à travers eux, mais j’ai compris ce soir-là, sur le toit, que le passage d’un âge à l’autre ne se faisait pas sans dommages et que pour y survivre, il me faudrait bien des soirées de réflexion. »
 

Pourquoi ce livre ?

• Parce que ce roman est saisissant de vérité. Le lecteur découvre les différents moments vécus par Baya et les réflexions qu’ils provoquent. Très souvent, Baya ne comprend pas du tout ce qui lui arrive, pourquoi on la maltraite, pourquoi on l’ignore, pourquoi elle doit servir de souffre-douleur aux cousins plus grands qu’elle, pourquoi les adultes agissent de manière illogique et souvent irresponsable, pourquoi les grands cachent tant de secrets. Pourquoi tant de violence contre elle.
• Parce que ce livre aborde de manière terriblement intense les abus que subissent les petites filles, ici dans une grande famille. Il montre les ravages psychologiques provoqués chez la victime, mais aussi chez certains témoins qui sont eux aussi traumatisés. Baya ne peut parler à personne de son agression qu’elle a du mal à qualifier. Elle sait qu’elle a eu très mal mais se demande, elle n’a que 12 ans, si elle n’est pas un peu responsable. Le pire est qu’elle n’ose en parler à personne car elle n’a aucune alliée.
• Parce qu’à part le drame principal autour duquel tourne tout le roman et impossible à omettre, le lecteur découvre les relations toujours très complexes, parfois conflictuelles et aussi très tendres au sein d’une grande famille tunisienne peuplée de personnages truculents. Les êtres sont excessifs en tout. Ils sont très nombreux, boivent trop, dansent trop, ignorent trop, battent trop, rient trop, sont trop absents ou excessivement présents. Chaque page est une histoire explosive en soi, et l’auteure narre avec un calme et une précision chirurgicale qui rendent chaque scène éblouissante.
• Parce que le passage de l’enfance à la perte de l’innocence par une petite fille est raconté sous forme de pensées intimes, celles-ci sans tabou. Baya vit, endure, observe, pense, cherche un sens aux événements qui bien souvent la dépassent et le lecteur prisonnier de ce point de vue d’enfant tremble sans arrêt pour elle. Ce roman est d’une intensité insoutenable. Bien souvent, j’ai dû faire une pause avant de poursuivre ma lecture. De la belle et vraie littérature. Pour un premier roman, voici un coup de maître.
   

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Baya, ses sœurs et ses innombrables cousins passent leurs grandes vacances en Tunisie, à Hammamet, où est réunie comme chaque année la famille. Baya va essayer de rester gentille et serviable auprès des adultes, mais elle va aussi et hélas se frotter au clan des grands, ses cousins plus âgés.

Les personnages. Baya, 12 ans. Ses sœurs. Son cruel cousin Maridh. Sa mère, son père, ses grands-parents divorcés, sa famille très nombreuse.

Les lieux. Hammamet, en Tunisie ; Genève.

L’époque. Fin XXe siècle.

L’auteur. Genevoise d’adoption, Khadija Delaval est née en 1973. Elle a vécu dans de nombreux pays. « La nièce du taxidermiste » est son premier roman.

Ce livre a été lu d’abord séduit par la voix claire et sincère qui me contait l’histoire, puis horrifié par les événements, et ému par les pensées de Baya qui essayait de construire un sens après la violence. Un roman vrai, beau, très fort.

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