• Célibat, j’écris ton nom
  • L’enfer, c’est l’autre ?
  • L’art délicat de la vulnérabilité

Autrefois jugé tabou et stigmatisé, aujourd’hui convoité et assumé, le célibat – choisi –  fait de plus en plus d’envieux parmi ceux et celles qui s’en sont extirpés.

Et pour cause, au-delà du bonheur affiché et des posts Instagram à l’esthétique léchée, certains y voient secrètement le paradis perdu d’une liberté (souvent) fantasmée.

C’est du moins ce qu’ils nous confient à demi-mots lorsque leur tendre moitié a le dos tourné.

Célibat, j’écris ton nom

“J’adore mon copain, j’aime le voir et passer des bons moments mais j’aimerai aussi parfois ne pas avoir de comptes à rendre et – disons-le – qu’il me foute la paix », plaisante Pierre*, en couple depuis plus d’un an, qui ne cache pas ses aspirations individualistes. “Ça me manque de ne plus prendre des décisions sans me soucier de la façon dont cela va affecter mon couple ou la manière dont il va l’interpréter.”

Même chose pour Karen*, mariée depuis 4 ans, qui regrette certains aspects de ce qu’elle appelle avec nostalgie “sa vie d’avant”, y compris ses détails les plus futiles. “Parfois, j’aimerai être seule chez moi avec mon chat, un thé et un film débile à regarder tout en restant en pyjama toute la journée. Ou être avec ma coloc à “bitcher” tout en dévorant un McDo à 3h du mat´ », se souvient-elle, consciente qu’elle aspire à ce retour dans le passé parce qu’il lui est de toute évidence inaccessible.

Car ce n’est pas un scoop : nous aurions la mauvaise habitude de désirer toujours ce que l’on ne peut pas (ou plus) obtenir, et ce pour ne pas avoir à nous confronter à la complexité de nos réalités.

La solution ? Se regarder dans le miroir, s’interroger sur ses aspirations et besoins les plus profonds, tout en gardant en tête que le célibat, comme la vie à deux, présente des avantages et des inconvénients. Une simple liste de “pour” et “contre” peut, par exemple, permettre de s’en convaincre, quand ce n’est pas vos amis qui vous rappelleront cordialement combien vous vous plaignez des méandres du célibat.

L’enfer, c’est l’autre ?

“Je crois que ce qui me manque le plus, c’est l’excitation des débuts », avoue à demi-mots Sophie*, mariée et mère d’un petit garçon de 6 mois. Premiers rendez-vous, premiers baisers, premiers week-ends ensemble ou encore premiers coïts passionnés, la jeune femme revient sur ces petits moments qui, marqués du sceau de la nouveauté, laissent alors entrevoir un infini champs des possibles. “Bien sûr, on a encore des premières fois, notamment avec l’arrivée de notre premier enfant, mais le quotidien reste tout de même moins fun”.

Outre une routine parfois pesante, c’est aussi le constat parfois navrant que l’autre n’est ni le Prince Charmant, ni le sauveur dont on avait rêvé pour combler nos failles et désirs dans leur entièreté.

Je crois que ce qui me manque le plus, c’est l’excitation des débuts.

Face aux petites névroses ou grands défauts de son +1, on se surprend alors à faire du célibat l’antidote tout-trouvé, quitte à tomber dans l’intolérance et/ou l’ultra-exigence.

« Je suis vraiment amoureuse de lui, mais sexuellement, on n’est vraiment pas sur la même longueur d’onde : je suis très en demande… et il ne l’est pas du tout », raconte Marco*, en couple depuis 9 mois. “Quand je lui en parle, il fait des efforts quelques jours, puis le naturel revient au galop… J’ai plusieurs fois songé à rompre et redevenir célibataire “juste” pour ça », avoue-t-il.

L’autre option ? Apprendre à accepter son partenaire dans toute son altérité, avec ses défauts comme ses qualités, tout en s’interrogeant sur les fameuses clés de notre épanouissement personnel, quitte à se faire aider par un professionnel.

L’art délicat de la vulnérabilité

Être en couple, c’est aussi pour certain.es se mettre en position de danger émotionnel et accepter que l’objet de notre affection puisse un jour nous quitter.

“J’aimerai parfois ne pas être autant attaché à quelqu’un », avoue Salomé*, en couple depuis un an et demi. “Je n’aime pas ressentir qu’il me manque, me soucier de ce qu’il pense ou non, redouter de le perdre ou m’inquiéter qu’il me remplace un jour pour quelqu’un d’autre”, poursuit-elle, se confiant sur les défis de la codépendance affective qu’implique toute formes de relations amoureuses.

Aimer quelqu’un, c’est parfois plus angoissant pour moi que d’être célibataire : au moins quand tu es seule, tu n’as peur d’être blessée.

“Aimer quelqu’un, c’est parfois plus angoissant pour moi que d’être célibataire : au moins quand tu es seule, tu n’as peur d’être blessée », conclut-elle. Pour d’autres, c’est à l’inverse la peur de blesser l’autre qui les conduit à regretter parfois leur statut de célibataire : “Je suis de nature très sociable, très extravertie, j’aime rencontrer des nouvelles personnes en permanence… et même si je ne l’ai jamais trompée, je sais qu’elle le redoute, je sais que ça la fait souffrir….et ce n’est pas du tout ce que je veux », confie Romain, qui préférerait parfois le célibat au risque de nourrir les insécurités de sa nouvelle partenaire… ou d’aliéner sa personnalité.

Car tel est l’enjeu le plus périlleux du couple : composer avec sa dualité à grands renforts de tolérance et de compromis, tout en préservant son identité.

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