Ce syndrome désigne le fait de grignoter de façon répétée et compulsive des aliments souvent gras et sucrés. Quels risques pour la santé ? Comment faire pour arrêter les grignotages ? On fait le point.
Avec le Dr Gérard Apfeldorfer, psychiatre spécialiste des TCA
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Souffrez-vous du syndrome du raton laveur, ce mammifère connu pour s’alimenter en continu de façon à constituer des réserves pour l’hiver ? Ce terme désigne depuis peu les grignotages compulsifs et répétés tout au long de la journée, le plus souvent pour des aliments gras et sucrés.
Ce syndrome n’est pour le moment pas reconnu sur le plan psychiatrique parmi les troubles du comportement alimentaire (TCA), qui sont la boulimie, l’hyperphagie boulimique et l’anorexie mentale, rappelle le docteur Gérard Apfeldorfer, psychiatre spécialiste des TCA. Mais le grignotage compulsif n’est pas pour autant un symptôme à prendre à la légère.
Grignotage ou collation ?
« On parle de collation, comportement alimentaire normal, quand on mange entre deux repas parce qu’on a faim, et de grignotage lorsque la cause n’est pas la faim mais la perte de contrôle face à des interdits alimentaires ou à des émotions pénibles », explique le spécialiste. Si vous faites une collation, cela comble votre faim et vous mangez moins au repas suivant : les apports caloriques de la journée ne sont pas modifiés. Mais si le grignotage est compulsif, important et fréquent, l’apport calorique global augmente et entraîne une prise de poids. C’est là toute la différence : la collation tient compte de la faim et du rassasiement, ce que ne fait pas le grignotage.
Grignoter après 50 ans, c’est grave ?
Le grignotage compulsif peut survenir à n’importe quel moment de la vie. « La première cause est due à une tentative de contrôle du régime alimentaire : pour perdre du poids, on s’interdit les aliments gras et sucrés qui deviennent encore plus désirables et on finit par craquer en cédant à des grignotages compulsifs », explique Gérard Apfeldorfer. Un mécanisme qui peut survenir à tout âge quand on essaye de contrôler son poids.
« La deuxième est un mécanisme de défense contre les émotions et les pensées pénibles », qui n’a pas non plus d’âge typique. Mais quel que soit l’âge du grignoteur, les conséquences sur la santé peuvent être préoccupantes.
Des risques pour la santé physique et psychique
La prise de poids et les pathologies liées au surpoids (diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires…) ne sont pas les seules complications du grignotage compulsif. « Ils conduisent généralement à une monotonie alimentaire qui empêchent d’avoir des apports nutritionnels satisfaisants et qui créé donc des carences », souligne l’expert. Mais il peut aussi y avoir une souffrance psychique, dans la mesure où on culpabilise de grignoter de façon incontrôlable, avec de la honte qui peut conduire à une dépression, une baisse de l’estime de soi et une anxiété face aux problèmes de poids.
Comment mettre fin aux grignotages ?
Renforcer les interdits n’est pas la solution et peut même aggraver le problème. Le Dr Apfeldorfer conseille donc de se permettre de manger les aliments interdits mais différemment, en les dégustant calmement et en apprenant à percevoir le seuil dit de « rassasiement sensoriel spécifique » à partir duquel l’aliment consommé n’entraîne plus de plaisir gustatif. Une fois ce seuil identifié, il faut alors « s’arrêter de manger quand on est satisfait et attendre calmement que la faim revienne pour manger à nouveau », explique-t-il. Autrement dit, il s’agit d’apprendre à transformer les grignotages en collations.
Merci au Dr Gérard Apfeldorfer, psychiatre spécialiste des TCA, cofondateur et président d’honneur du GROS (groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids).
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