Pas facile de s’affranchir du regard et des commentaires de son entourage mais, lorsqu’on y parvient, on se sent libre et allégée. Et si on essayait tout de suite ?
Avec Fabrice Midal, philosophe
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Parce qu’elles étouffent nos désirs, freinent nos élans, nos prises de décisions et la réalisation de nos projets, la peur de l’opinion de ceux qui nous entourent et la crainte du rejet qui l’accompagne nous entravent. Les cogitations et ruminations qu’elles entraînent agissent comme des poisons qui nous empêchent d’être ce que nous sommes et/ou ce que nous ambitionnons de devenir. Or, le point de vue des autres exprime souvent plus de choses sur eux que sur nous. Et ce jugement que nous leur prêtons sonne parfois davantage comme l’écho de nos propres doutes que comme le reflet de ce qu’ils pensent véritablement. S’en délivrer et prendre de la distance n’apporte donc que du bon. Tout à coup, la vie devient plus légère. Elle se remplit d’audace, de liberté, de possibilités et de confiance en soi… On fait le point sur ce qui (nous) coince et, surtout, sur les solutions pour se remettre au centre de sa vie.
Critiques et petites piques, je les écoute d’une oreille seulement !
Qu’elles soient purement gratuites ou se présentent comme constructives, il est difficile de rester imperméable ou de relativiser lorsqu’on est confrontée à des observations rudes ou dénigrantes. Elles donnent la sensation que cela remet en cause tout ce que l’on est, et cela a vite fait de nous déstabiliser, voire de nous déprimer…
Comment m’en détacher ? Le réflexe naturel consiste à se barricader pour se préserver. Mais plutôt qu’être dans le déni ou opposer un mépris défensif à son interlocuteur, il est préférable de garder à l’esprit que ses propos sont une perception subjective et pas une vérité gravée dans le marbre.
Le conseil en plus du philosophe. « Remettez les choses en ordre, en perspective et dites-vous que ce qui est exprimé est donc plus le problème de la personne que le vôtre. Et ne prenez dans ses paroles que ce qui est susceptible de vous faire avancer ou grandir. Au-delà de ça, ça ne sert à rien de ressasser. »
J’ose affirmer mes opinions
Parce que vous redoutez de déranger, de déplaire ou que l’on vous a appris à ne pas « faire de vagues« , vous préférez souvent taire vos convictions sur les petits et grands sujets, vous conformer en apparence à ce que pense le groupe, quitte à vous sentir frustrée et en colère ensuite.
Comment faire entendre ma voix ? Oubliez l’idée que vos propos ne comptent pas et que vous valez moins que les autres. L’assertivité, cette capacité à défendre vos positions sans pour autant balayer d’un revers de la main celles qui ne se correspondent aux vôtres, est un respect que l’on se doit à soi-même.
Le conseil en plus du philosophe. « Il faut surmonter le syndrome de la petite souris et méditer la phrase de Montaigne : « De dire moins de soi qu’il n’y en a, c’est sottise, non modestie.« »
Je ne me force plus et je choisis qui je fréquente
Pour ne froisser personne et parce que vous ne voudriez surtout pas paraître désagréable ou hautaine, vous vous investissez sans compter dans tous vos rapports sociaux, y compris auprès des personnes qui exigent votre écoute permanente sans jamais vous rendre la pareille, de celles dont le pessimisme vous charge d’ondes très négatives, qui se victimisent sans arrêt ou qui ont l’art de vous déprécier insidieusement…
Comment récupérer ma liberté ? Détachez-vous de l’illusion, peut-être forgée quand vous étiez enfant, qui vous fait croire que plus votre cercle amical est fourni, plus vous avez des chances d’être épanouie. La qualité l’emporte sur la quantité et il faut se concentrer sur les personnes auprès desquelles on puise de la vitalité et de l’inspiration. Exit en revanche, toutes celles qui vous « vampirisent ».
Le conseil en plus du philosophe. « Chacun doit s’interroger sur les relations qu’il entretient, au besoin en tenant un petit carnet. Car notre énergie de vie n’est pas inépuisable et il ne faut pas laisser des individus toxiques nous la voler. Il ne s’agit pas d’être objective mais de se protéger, sans avoir peur de passer pour la méchante. »
J’arrête de rechercher l’approbation des autres
Atteinte du fameux « syndrome de la bonne élève », vous avez pris l’habitude de faire les choses davantage pour qu’on vous félicite que pour votre propre satisfaction ou bien-être. Vous êtes ainsi convaincue qu’il est nécessaire que vous soyez validée dans le moindre de vos actes, de vos choix et dans votre mode de vie pour exister. Et si les réactions que vous escomptiez ne sont pas au rendez-vous ou ne se révèlent pas complètement à la hauteur de vos espérances, vous ressentez ça comme des défaites ou des blessures d’ego.
Comment me faire confiance ? À force de vous acharner à briller dans les yeux de vos semblables, vous risquez d’oublier les valeurs qui vous construisent ou vous tiennent à cœur. Or, c’est justement votre singularité qui tisse votre identité. Il est temps de lâcher prise et de recommencer à vous aimer, dans la conscience de vos qualités et vos défauts, au besoin en vous faisant accompagner par un thérapeute. Car s’il est agréable d’obtenir d’autrui des compliments et de la gratitude, votre équilibre fondamental repose d’abord sur le fait de vous séduire vous-même !
Le conseil en plus du philosophe. « C’est important d’être reconnu et c’est légitime d’avoir cette préoccupation. Ce n’est pas une faute de la quêter car nous sommes des « animaux » sociaux. Il faut accueillir ce besoin. Mais il est vain d’attendre ça de tout le monde et de vouloir grappiller chez eux des miettes d’approbation. Mieux vaut se tourner vers des gens dont on sait qu’ils peuvent nous l’apporter. »
J’assume mon style et mes goûts
Beaucoup d’injonctions pèsent encore sur les femmes : leur corps, la longueur des jupes ou des cheveux qu’elles feraient bien d’adopter passé 55 ans ou 60 ans, le type de vêtements qu’elles se « doivent » d’arborer en fonction de leur physionomie. Cette pression du « ça ne se fait pas », combinée aux réflexions pas toujours avisées ou bienveillantes que l’on entend autour de soi, fait que l’on s’interdit parfois de s’afficher dans certaines tenues ou de changer de tête chez le coiffeur.
Comment affirmer mon look ? Affranchissez-vous des stéréotypes et portez des pièces et des coupes qui vous font plaisir ! La finalité n’est pas de choquer ou d’aller délibérément contre la mode ou l’avis de vos proches mais de vous sentir en harmonie avec ce que vous êtes profondément et avec votre état d’esprit du moment.
Le conseil en plus du philosophe. « Il est judicieux de creuser les motivations de votre démarche. Il ne faut pas que votre look soit une posture et obéisse à une image à laquelle vous voulez absolument correspondre, par exemple qu’elle traduise un refus de vieillir. Il faut qu’il y ait une réflexion préalable. Mais si l’on est au clair avec ça, on est libre de s’habiller comme on l’entend. »
Je ne m’interdis aucune nouvelle expérience
S’inscrire dans une classe de théâtre alors que vous n’en avez jamais fait, s’essayer à la pole dance, participer à un stage de thérapie par le rire ou composer un slam façon Grand Corps Malade pour l’anniversaire de votre moitié ? Vous adoreriez vous lancer mais la perspective de vous couvrir de honte vous retient.
Comment dépasser ma peur du ridicule ? Penchez-vous sur ce qui a bâti vos croyances limitantes. Il peut être en effet très utile de déterminer ce qui, dans votre parcours et votre environnement familial, a pu vous persuader que vous étiez « trop » ou « pas assez » pour vous lancer dans tel ou tel type d’activité. Une fois cette introspection effectuée, vous identifierez mieux les mécanismes qui ont contribué à les installer et probablement aussi les préjugés et conventions qui vous enferment. Il sera alors plus facile pour vous de vous en délester.
Le conseil en plus du philosophe. « Renversez la chose et cessez de vous demander si c’est ridicule par rapport à la norme. La seule question à laquelle vous devez répondre, c’est celle qui consiste à savoir si c’est aligné avec ce que vous êtes. Si vous avez envie de faire du surf ou de prendre des cours de chinois, qu’est-ce qui vous retient ? »
Je prends des risques, y compris celui de me tromper
Tétanisée à la perspective de rater ce que vous entreprenez et de devoir vous justifier à propos de cet accident de parcours, vous avez eu tendance jusqu’ici à jouer la sécurité et à rester dans votre zone de confort. Aujourd’hui, vous regrettez toutes ces belles aventures à côté desquelles vous êtes passée…
Comment dompter ma peur de l’échec ? La carrière des artistes et des « grands patrons » en témoigne : aucune trajectoire, personnelle ou professionnelle, n’est linéaire et sans accroc. Acceptez donc l’éventualité que vous pourriez ne pas réussir mais également le fait que cet « insuccès » pourrait vous servir de guide ou de passerelle pour parvenir à atteindre pleinement vos objectifs la fois suivante.
Le conseil en plus du philosophe. « La notion d’échec est un leurre. Aucun être humain n’a jamais pu avancer sans y être confronté. C’est comme si un enfant tombait à sa première tentative d’apprendre à marcher et ne voulait plus jamais plus recommencer. C’est une construction mentale dont il est temps de se débarrasser, car on n’a jamais progressé autrement. »
Merci à Fabrice Midal, philosophe, fondateur de l’École occidentale de méditation et auteur notamment de Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre (éd. Flammarion).
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