La Nouvelle-Calédonie et le monde de la littérature sont en deuil. Déwé Gorodey, première romancière kanak et pionnière de la lutte pour l’indépendance de l’archipel, est décédée dimanche à l’âge de 73 ans, a annoncé le gouvernement, suscitant un hommage unanime.
Souffrant depuis de nombreuses années d’un cancer, Déwé Gorodey est décédée à l’hôpital de Poindimié, sur la côte est, a précisé le gouvernement collégial calédonien. Il a rendu hommage à une « femme politique indépendantiste et écrivain kanak de renom international, qui a marqué la vie » de l’exécutif local, dont elle a été membre pendant 20 ans de 1999 à 2019, en charge notamment de la culture, de la condition féminine et de la citoyenneté.
« Une femme forte à l’engagement infatigable »
Le FLNKS, coalition historique de la lutte kanak, a salué « une grande dame de cœur et d’esprit », qui « a lutté de tout temps pour la liberté de son peuple et la pleine souveraineté de son pays », tandis que le député Philippe Dunoyer (Renaissance) a regretté le décès « d’une femme d’esprit, une femme forte à l’engagement infatigable ».
Née en 1949 à Ponérihouen, dans le nord-est de la Nouvelle-Calédonie, Déwé Gorodey poursuit des études de lettres entre 1969 et 1973 à Montpellier où elle s’ouvre à la fois à l’écriture et à la politique, s’imprégnant des idées contestataires et de libération de mai 68. Dès son retour son île natale, elle s’engage dans les premiers mouvements indépendantistes kanak et participe à des actions militantes, qui lui vaudront plusieurs séjours en prison. Elle était membre du Palika (parti de libération kanak), l’une des deux principales composantes du FLNKS.
De la poésie en prison
C’est derrière les barreaux qu’elle compose son premier recueil de poésie intitulé Sous les cendres des conques, œuvre militante et hymne à sa culture océanienne. Déwé Gorodey est aussi l’autrice de plusieurs recueils de nouvelles, d’aphorismes et d’une pièce de théâtre. En 2005, cette militante féministe publie L’Epave, premier roman kanak jamais publié, qui brise le tabou des abus sexuels et des violences faites aux femmes.
« Déwé Gorodey nous laisse une remarquable œuvre littéraire. En 2008, Jean-Marie Gustave Le Clézio, recevant le prix Nobel de littérature, l’associait à d’illustres auteurs français, ultramarins ou internationaux qui l’ont accompagné dans son chemin d’écriture », a rappelé Gilbert Bladinières, son éditeur en Nouvelle-Calédonie.
Le monde culturel calédonien a pour sa part salué l’héritage de son action au sein du gouvernement citant notamment la création de la Maison du livre, l’Académie des langues kanak, le Salon international du livre océanien (Silo), ou encore le Pôle export de la musique et de la danse (Poemar).
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