À 34 ans, la chanteuse est devenue une superstar de la pop d’un genre nouveau. Mais tout n’a pas été si facile. Retour sur l’itinéraire d’une musicienne de génie, qui a décidé de voir la vie en rose.
Avoir 20 ans n’est pas le plus bel âge de la vie pour tout le monde. En 2010, Lizzo va vite le comprendre suite à la mort prématurée de son père, qui rompt l’harmonie d’une existence jusqu’alors paisible. La jeune femme sombre dans la dépression, lâche ses études, squatte des canapés 24 h/24 quand elle ne va pas jusqu’à dormir dans sa voiture. « De 19 à 21 ans, c’étaient les pires années de ma vie, je ne mangeais pas ou très mal, je me détestais, j’étais pauvre », résume la chanteuse au quotidien Libération en mai 2019. Pour couronner le tout, son petit ami de l’époque la somme de devenir mince ! C’en est trop pour cette post-ado qui a toujours souffert d’un body shaming prégnant depuis son enfance.
« De 19 à 21 ans, c’étaient les pires années de ma vie »
Lizzo décide de tout plaquer, quittant le Texas pour le Minnesota afin d’y accomplir son rêve : devenir une musicienne professionnelle. Melissa « Lizzo » Viviane Jefferson n’est pourtant pas originaire du Texas. Elle est née à Détroit (Michigan), la ville du mythique label Motown qui a fait éclore des artistes comme Marvin Gaye ou Diana Ross. Son père, Michael, est dirigeant d’entreprise, sa maman, Shari, est mère au foyer. Elle a un frère, Mikey, et une sœur, Vanessa. Quand elle a 10 ans, sa famille décide de déménager pour Houston (Texas). Lizzo grandit, tiraillée entre une formation exigeante de flûtiste classique – elle adore Francis Poulenc et Claude Debussy – et l’appel d’un hip-hop dont elle apprécie les sons, qu’il s’agisse de ceux de Missy Elliott ou de Lauryn Hill. « C’est la flûte qui m’a choisie ! J’étais à l’école primaire et il y avait un super prof, j’ai eu de la chance… Mais j’étais très bonne aussi ! », expliquait-elle encore à Libération en 2019.
Chanteuse pop tournée vers le hip-hop, Melissa est surtout et avant tout une musicienne classique qui excelle à la flûte traversière
En attendant Lizzo s’inscrit à la fanfare de l’école selon la volonté de l’autorité parentale, tout en montant plusieurs groupes de rap avec ses copines. En mars 2020, elle se souvenait dans les colonnes de Grazia: « Mes parents me soutenaient, mais ils voulaient surtout que je joue dans un orchestre symphonique ». Après le lycée, Lizzo intègre une faculté de musicologie et parfait son art plusieurs heures par jour. Trois ans après la mort de son père et le passage à vide qui a suivi, Lizzo se reprend en main sous l’injonction de sa mère. Elle décide alors de se consacrer au rap et à la pop et, pour cela, s’installe à Minneapolis (Minnesota). Là, elle fonde plusieurs groupes dont un trio à la Destiny’s Child baptisé The Chalice. La chance finit par lui sourire. Lizzo est repérée par Prince qui l’a entendue sur une radio locale. Le chanteur lui propose, ainsi qu’à sa consœur de The Chalice, de collaborer à son album Plectrum Electrum. Prince les laisse improviser ce qu’elles veulent et cette collaboration permet à Lizzo de sortir de l’anonymat.
Lizzo Femme libérée
Elle sort alors deux disques en indépendante, Lizzobangers et Big Grrrl Small World, épaulée par un producteur contacté sur Twitter. Grâce à son étiquette flatteuse « d’artiste découverte par Prince », Lizzo part en tournée, signe chez Atlantic Records (comme Aretha Franklin, jadis), puis sort, en 2016, un EP baptisé Coconut Oil, dans une certaine indifférence. Le label est déçu, Lizzo aussi, elle songe à lâcher l’affaire. Mais un miracle survient. Une comédie romantique, Someone Great, qui cartonne sur Netflix utilise Truth Hurts, l’un de ses singles sorti deux ans plus tôt. Le triomphe est immédiat, Lizzo peine à y croire : le titre et son clip deviennent viraux sur TikTok et se classent en tête des charts américains… C’est le premier morceau d’une chanteuse noire à réaliser cet exploit depuis Rihanna en 2012 ! Pour Lizzo, tous les voyants sont au vert, il ne reste qu’à confirmer, et elle ne va pas se rater. Elle apparaît nue comme un vers sur la pochette de son disque suivant, Cuz I Love You (« Parce que je t’aime »).
« Je suis trop bonne pour être stressée »
Mais en nous regardant fixement, elle semble dire « parce que je M’aime » ! On est en 2019 et cet album, porté par le single Juice, va battre tous les records. Des ventes liées aux qualités artistiques de Lizzo certes, mais pas seulement. La trentenaire incarne subitement un vent nouveau dans l’univers de la pop en devenant le chantre du mouvement « body positive ». Un courant de pensée qui pointe du doigt la grossophobie et promeut l’acceptation et l’amour de soi. Lizzo est la bonne personne à la bonne place, au bon moment. Le public reçoit son message 5/5 et fait un triomphe à cette jeune femme qui jette un tel vent de liberté et de positivité… le tout avec un humour ravageur, tant dans ses paroles que lors de ses prestations scéniques ! Un exemple : sa leçon de twerk avec une flûte traversière au festival de Coachella en 2019, qui est vite devenue virale sur les réseaux sociaux ! TikTok reste d’ailleurs son terrain de jeu préféré pour promouvoir son art. About Damn Time, le premier extrait de son dernier album, y est déjà culte et suscite pléthore de chorégraphies en pyjama. Il faut dire que ce son funky ravageur est aussi porté par une punchline définitive : « Je suis trop bonne pour être stressée ». Le discours d’une reine.
Flirt numérique avec Chris Evans
Célib, on ne lui connaît ni conjoint ni conjointe. En 2019, elle évoquait une peine de cœur avec quelqu’un surnommé Gemini dans l’album Cuz I Love You. On n’en saura pas plus. En attendant, Lizzo joue les malicieuses en draguant (pour la blague ?) Chris Evans ou Charlie Puth sur TikTok, décidément son réseau préféré puisque « moins haineux que Twitter », expliquait-elle au magazine Rolling Stone, en 2019.
Elle lance sa ligne
L’artiste s’est très vite sentie légitime pour créer une marque de lingerie inclusive, baptisée Yitty. Une ligne « sculptante, adaptée et pensée pour toutes les morphos », explique la pub. Queen du body positivisme et aussi queen du business…
Sa téléréalité sur Amazon
2022 est vraiment l’année de Lizzo. Entre son album et sa marque de lingerie, la pop star a lancé sa téléréalité en février dernier, disponible sur Amazon Prime. Son titre ? Lizzo’s Watch Out for the Big Grrrls. Le concept ? Un télé-crochet pour recruter ses danseuses. Le programme est d’ailleurs en lice aux prochains Emmy Awards.
Gay friendly !
Icône LGBT, Lizzo était l’invitée du festival lesbien californien du Dinah Shore en 2017. Ses fans gays, elle les surnomme d’ailleurs les « Lizzbians ». Dans une interview à Variety, en février dernier, elle se déclarait elle-même « hétéro-flexible ». Lesbien raisonnable ?
Discographie
2013 : LIZZOBANGERSÀ Minneapolis, elle collabore avec Prince sur un album, puis, forte de cette exposition, elle sort, en indépendante, un premier LP.
2015 : BIG GRRRL SMALL WORLD Un second opus dont le titre donne déjà le ton. Elle entame une grosse tournée dans de petites salles et commence à se faire connaître.
2019 : CUZ I LOVE YOUL’album de la consécration, avec des tubes comme Jerome ou Juice, Lizzo impose son style : elle est la queen du body positivisme ! Huit Grammy Awards à l’arrivée. Carton plein.
2022 : SPECIALSorti en juillet et déjà deux gros tubes : Grrrls, une réponse 2022 maligne au Girls bourrin des Beastie Boys, en 1986. Et About Damn Time, la bande-son aussi idéale et qu’estivale !
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Sylvain Monier
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