• IST : pas de contact direct quand on rencontre la cuvette
  • Pas d’IST, mais des infections de la peau et la gastro
  • Une question qui témoigne des méconnaissances persistantes sur les IST

C’est une idée reçue qui a la peau dure.

Que ce soit en vadrouille dans des lieux publics ou au travail, les toilettes communes sont parfois inévitables. Et dès que l’on partage notre cuvette avec les parties intimes d’autres inconnu.es, on le sait, mieux vaut ne pas s’y installer confortablement. 

S’il en va d’un comportement d’hygiène de base, c’est également pour ne pas récupérer les microbes de celui ou celle qui est passé.e avant nous que l’on adopte le trio : désinfection – papier sur la lunette – squat tenu, pour éviter tout contact ennemi. 

Mais si l’on a tendance à mettre en garde contre les germes – notamment quand l’épidémie de gastro-entérites fait son retour – il est également courant d’entendre que l’on risque une infection sexuellement transmissible (IST) en s’y asseyant.

Mais est-ce réellement possible ? Dr Odile Bagot, gynécologue, nous éclaire. 

IST : pas de contact direct quand on rencontre la cuvette

Parce qu’une piqûre de rappel ne fait jamais de mal, « les IST se transmettent principalement par contact cutané lors d’un rapport sexuel vaginal, anal ou oral. Certaines peuvent aussi se propager par d’autres voies, comme le sang ou les produits sanguins », écrit l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cette définition indique donc déjà que quand il est question de cuvette, le risque de transmission est nul, notamment « parce que les germes ne sautent pas et qu’ils ne vivent que très peu de temps sur les surfaces », ajoute Dr Bagot.

« Il faut qu’il y ait un contact direct, intime pour cela. Une infection sexuellement transmissible se propage par le sperme, le liquide séminal et les sécrétions vaginales lorsque l’on n’utilise pas de préservatif avec une personne contaminée. Mais pas par les surfaces, même si elles sont en contact avec la peau, comme sur des toilettes », démystifie-t-elle. 

En effet, la lunette touche tout au plus la peau des fesses ou du haut des cuisses, mais n’entre – normalement – jamais en contact avec la vulve (ou la verge). « Il n’y a donc aucun risque de contact avec les muqueuses« , souligne la gynécologue. 

Elle précise tout de même que « la transmission peau à peau existe, dans le cas des condylomes » – « des verrues génitales externes bénignes dues à quelques espèces de Papillomavirus humains (HPV) », précise la Société française de dermatologie -, mais pas de peau à surface. L’American Cancer Society indique même sur son site qu’il est « impossible de contracter des HPV via une lunette de toilettes »

Pas d’IST, mais des infections de la peau et la gastro

Par contre, cela ne veut pas dire que l’on ne craint rien si l’on décide de s’installer sur des toilettes déjà utilisées par de nombreux.ses inconnu.es. « Si l’on s’assoit, on risque des infections de la peau à cause des germes, comme des abcès ou des furoncles », prévient la médecin. 

« Mais ce qui est à redouter le plus, c’est le péril fécal – l’ensemble des maladies liées aux excréments – surtout si on ne se lave pas, ou pas bien, les mains », poursuit-elle.

Car, si encore une fois, ce n’est pas le contact fesses – cuvette qui va vous porter préjudice (bien qu’on ne le recommande pas), « la transmission d’infections intestinales se fait par voie oro-fécale »,  soulignait Laurent Beaugerie, gastro-entérologue à 20 minutes en 2018.

« Si vous touchez la lunette des toilettes, il faut se nettoyer énergiquement les mains. Et quand vous tirez la chasse, mieux vaut rabattre la cuvette. Cela évite que de petites particules virales se disséminent dans l’environnement », recommandait-il alors. 

Une question qui témoigne des méconnaissances persistantes sur les IST

S’il semble que les infections sexuellement transmissibles ne sont pas celles que l’on doit redouter quand on utilise un autre petit coin que le sien, Dr Odile Bagot tient à souligner que beaucoup de méconnaissances entourent encore les IST. « Ce genre de questions montre bien que la plupart des gens connaissent encore trop peu de choses sur ces infections« , regrette-t-elle. 

Pourtant, « chaque jour dans le monde, plus d’un million de personnes contractent une IST, asymptomatique dans la majorité des cas », appuie l’OMS. C’est d’ailleurs pour cela que l’institution a, en 2009, préconisé le changement du terme MST, pour IST, afin d’inciter le dépistage, même en l’absence de symptômes

« Il ne faut pas attendre que ça coule ou que ça brûle pour se dire qu’il y a un problème. Parce que beaucoup de ces infections ne provoquent pas de symptômes. Il faut encourager les personnes qui ont des rapports à risque à aller se faire dépister. Et pas seulement par la prise de sang, mais aussi par le prélèvement vaginal. Nombreux sont ceux qui ne savent pas que le prélèvement sanguin n’est pas suffisant, et même certains professionnel.les de santé ne prescrivent pas les deux », alerte-t-elle.  

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