Clémence Botino, Miss Guadeloupe a été couronnée Miss France 2020, en direct de Marseille, sur TF1, ce samedi 14 décembre.

Vaimalama Chaves a retiré sa couronne pour la déposer sur la tête de Miss Guadeloupe, Clémence Botino, élue Miss France 2020 en direct du Dôme à Marseille, sur TF1, ce samedi 14 décembre. Ces derniers jours, la Miss émergeait dans les sondages parmi les favorites des internautes, avec en tête Miss Provence (première dauphine) et Miss Côte d’Azur (quatrième dauphine).

22 ans, étudiante en Histoire de l’Art à la Sorbonne

Clémence Botino, 22 ans, a convaincu derrière l’écran, mais aussi, sur le plateau, puisque l’actrice Laëtitia Milot, le pâtissier Christophe Michalak, le tandem à voix Slimane et Vitaa, l’animateur Denis Brogniart, Miss France 1999 Mareva Galanter, et la présidente du jury, la footballeuse, Amandine Henry, ont eu par leurs votes de jurés une influence capitale sur le top 15, puis le top 5, laissant le vote final aux téléspectateurs.

La jeune femme est étudiante en master d’Histoire de l’Art spécialisée dans l’étude de l’histoire de la mode à la Sorbonne à Paris. Après avoir décroché un Bac scientifique mention Très Bien, elle souhaite devenir conservatrice du patrimoine. Son combat affiché ? Lutter contre l’isolement des personnes âgées, mémoires vivantes qu’elle est régulièrement amenée à rencontrer pour ses études. Elle a notamment tenu à saluer ses parents et « tous nos aînés » en direct ce samedi.

Miss et féministe ?

Deux ans après #MeToo, les critiques -qui ne datent pas d’hier !- envers le traditionnel concours de beauté sont observées sous un jour nouveau. Même de la part de ceux qui, jusque là, ne s’étaient jamais offusqué de son formatage, voire de son existence même.

Laurent Ruquier appelait par exemple samedi 30 novembre au boycott de l’élection Miss France 2020, depuis le plateau d’On n’est pas couché. Parce qu’il faut « cesser de juger [les femmes] sur leur physique et systématiquement privilégier les plus jolies ». A Marseille, en juin dernier, Jean-Marc Coppola, membre de l’opposition municipale, s’était insurgé face à « une vision de la femme objet et une télé à deux balles » lors du vote de la subvention pour l’accueil de l’élection, rapporte La Provence.

Plusieurs anciennes candidates, comme Vaimalama Chaves, loin de se conformer à l’étiquette dédaigneuse de « potiche » facilement collée aux participantes, ont pourtant affiché leurs convictions en faveur des droits des femmes.

La Tahitienne s’est d’ailleurs fendue d’un tweet en réponse à l’animateur Laurent Ruquier : « Participer à Miss France est un choix, c’est l’expression de la liberté de choisir, du droit de s’exprimer de chaque candidate à l’élection. Pourquoi serait-ce contraire au féminisme ? »

Une liberté qui relève pour beaucoup de l’opportunité de carrière plutôt que du rêve cliché de petite fille. On ne compte plus les Miss a avoir ainsi pu changer de trajectoire, travaillant dans la mode, la télévision ou dans les médias à la suite de leur année de règne. Nombreuses sont celles qui parlent d’une expérience émancipatrice, qui leur a donné, outre une stature publique, une plus grande confiance en elles et leur a parfois permis de faire passer les messages et les causes qui leur tiennent à coeur au premier plan. Elles auraient eu tort de s’en priver.

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Injonctions physiques et morale à papa

« C’est un concours ringard et sexiste », assène de son côté la présidente de Osez le féminisme 13, Marie-Paule Grossetete, à France Bleu Bouches-du-Rhône jeudi 12 décembre. Un événement « qui promeut une plastique de rêve pour les femmes. Un schéma qui rentre dans la tête des jeunes filles », argue-t-elle encore, ulcérée par les 150 000 euros accordés par la ville de Marseille pour l’organisation de l’édition 2020 du concours.

Pour participer à ce dernier, il faut effectivement cocher un certain nombre de cases… vite excluantes. Pour preuve, plusieurs formulaires d’inscription régionaux 2019 et 2020 disponibles en ligne. En plus d’être Française (CQFD) « née de sexe féminin », il faut être âgée de 18 à 25 ans et mesurer au moins 1 mètre 70 « sans talons ».

Et si aucun critère de poids n’est mentionné, le concours est régulièrement taxé de grossophobe. « On ne fait pas monter les filles sur des balances et on fait les costumes sur mesure, pour toutes les tailles », se défendait encore Sylvie Tellier, directrice générale de la société Miss France, fin octobre, après une énième polémique. Las, chaque année pendant plus de trois heures d’émission en direct, force est de constater qu’aucun bourrelet ne dépasse.

Mais ça n’est pas tout. D’après le règlement de la société Miss France, les prétendantes à l’écharpe tricolore ne doivent pas « être ou avoir été » pacsées, mariées ou veuves ou avoir eu d’enfant. Elles ne doivent pas non plus avoir participé « à des séances photos ou captations audiovisuelles (…) dans lesquelles la candidate apparaitrait totalement ou partiellement dénudée ». En somme, merci d’être jeune, élancée et vertueuse – tout du moins d’en avoir l’apparence. Une image dans laquelle ne se reconnaîtront probablement pas, cette année encore, beaucoup de Françaises.



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