Les produits de beauté n’échappent pas à la frénésie du home made. C’est amusant de fabriquer ses onguents, et la peau, la planète et notre porte-monnaie ont beaucoup à y gagner.
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Les cosmétiques sont régulièrement montrés du doigt pour leurs ingrédients douteux ou leur coût écologique. De plus en plus de femmes choisissent de s’en passer et de fabriquer leurs propres produits. Les livres de recettes sont légion, et les ingrédients de base se trouvent facilement dans les parapharmacies et les magasins bio. Le fait maison nous libère des substances controversées, réduit notre production de déchets et nous offre des soins sur mesure. Beaucoup de bénéfices, donc, mais à condition de respecter quelques règles.
Adieu les additifs
La plupart des produits de beauté affichent une liste d’ingrédients interminable… et incompréhensible. Sous le vernis glamour se cache une bonne dose de chimie. Des composants indispensables pour conférer une texture agréable ou un parfum enivrant, mais soupçonnés, pour beaucoup, de nuire à la santé et à l’environnement. En 2019, l’association UFC-Que Choisir a tiré la sonnette d’alarme. Sur 171 références étudiées, près d’un tiers contenaient des substances irritantes, très allergisantes, ou encore des perturbateurs endocriniens.
Ces derniers inquiètent particulièrement les chercheurs depuis plusieurs années. En plus d’interagir avec les hormones humaines, ils provoquent des malformations et des problèmes de stérilité chez les animaux lorsqu’ils se déversent dans les cours d’eau. D’après l’UFC-Que Choisir, plus de 140 substances jugées « préoccupantes » par les chercheurs restent autorisées dans les cosmétiques en Europe. Le dioxyde de titane en fait partie. Étiqueté » cancérogène possible « , il a été récemment interdit dans les aliments, mais pas dans les rouges à lèvres ni les dentifrices. Certes, ces ingrédients problématiques sont présents en faible quantité. Mais on sait aujourd’hui que le problème vient de leur accumulation et des possibles interactions. Bonne nouvelle : les recettes maison n’en contiennent pas !
Des ingrédients bio et bons
Il suffit de quelques ingrédients pour réaliser un grand nombre de préparations.
Une huile végétale ou un beurre adapté à sa peau : sésame, argan, noisette ou noyaux d’abricot… le choix est vaste. Attention, l’huile de coco, très à la mode, a un fort impact écologique.
Un ou deux hydrolats. Ces eaux florales ont de multiples vertus. La camomille et la rose font partie des plus utilisées, mais le bleuet est aussi un must. On les choisit bio, 100 % purs, et on les conserve au frais.
Quelques huiles essentielles. Elles parfument, mais ajoutent surtout des principes actifs anti-inflammatoires, purifiants ou encore apaisants. La lavande et l’arbre à thé apparaissent dans de nombreuses recettes. L’argile, nettoyante et adoucissante, rentre dans la composition de masques, de gommages ou de dentifrices. Le sucre : on l’utilise comme exfoliant. La cire d’abeille donne de la texture aux baumes et aux sticks. Du bicarbonate de soude, pour confectionner des déodorants et des dentifrices.De l’extrait de pépins de pamplemousse, pour conserver ses crèmes.
Moins d’emballages : la planète apprécie !
Shampoing, déodorant, crème de jour, de nuit, baume pour le corps, soin contour des yeux, maquillages divers… s’entassent dans la salle de bains, et génèrent une foule de déchets. Un pot est terminé ? Il part à la poubelle, et nous en rachetons un nouveau. En France, la cosmétique représente 5 % des emballages en plastique soit 55.000 tonnes par an, d’après la Fédération des entreprises de la beauté. Même si beaucoup sont jetés dans la poubelle jaune, un quart des plastiques seulement sont en réalité recyclés. La majeure partie est stockée en décharge, incinérée ou disparaît dans la nature. Le verre de nos pots de crème se recycle, lui, mais sa production est très coûteuse en énergie. Fabriquer ses produits maison permet de remplacer des contenants jetables par des pots réutilisables. On en achète un petit nombre que l’on lave, stérilise et réutilise sans arrêt (voire on récupère des pots de nos anciennes crèmes). Beaucoup de produits maison sont en outre solides, en particulier le shampoing, le dentifrice ou le déodorant.
Une technique facile mais des règles à suivre
On ne badine pas avec la sécurité, car on manipule des substances actives, parfois potentiellement irritantes ou corrosives.
Préférez les livres de recettes. « Il faut rechercher des explications bien détaillées et précises, voire les recouper avec d’autres sources pour s’assurer de leur fiabilité », pointe le Dr Pascal Bouyssou, chimiste. Gare aux infos non vérifiées sur internet : les récits de catastrophes ne manquent pas !
Choisissez les mélanges les plus simples. « La chimie est une science compliquée : plus la liste d’ingrédients est longue, plus le risque d’interactions ou d’accident est grand, souligne le spécialiste. Mieux vaut préférer les recettes qui en contiennent le moins. »
Respectez les quantités. Il est important d’avoir une balance précise, car mettre un peu plus ou un peu moins d’un ingrédient peut déséquilibrer le mélange et s’avérer mauvais pour la peau, voire toxique.
Couvrez-vous ! Hotte aspirante, gants et lunettes peuvent être indispensables à certaines préparations, comme le savon.
Respectez les dates de péremption. Non, on ne garde pas un peu plus longtemps ses produits maison, même pour ne pas gaspiller…
Attention aux huiles essentielles
« Ces extraits de plantes très concentrés peuvent être à l’origine d’irritations cutanées, d’allergies ou de réactions au soleil », explique la dermatologue Marie-Estelle Roux. L’huile essentielle de cannelle, par exemple, ne doit jamais être appliquée pure sur la peau, sous peine de provoquer des brûlures. C’est aussi ce que l’on risque à se mettre au soleil après avoir utilisé des cosmétiques maison contenant des huiles essentielles d’agrumes. Et pour cause : ces dernières sont photosensibilisantes. Cela signifie qu’elles réagissent au soleil en tâchant ou en brûlant la peau. Pour éviter tout risque, on respecte à la lettre les doses prescrites et on ne remplace pas arbitrairement une huile essentielle par une autre. Enfin, on teste l’huile essentielle sur son avant-bras plusieurs heures avant toute utilisation, afin de s’assurer qu’on n’y est pas allergique. Attention aussi au choix des huiles essentielles : elles doivent être 100 % pures et naturelles. Les acheter en pharmacie plutôt que sur un marché provençal est un gage de sécurité !
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