Jack White n’avait rien sorti en solo depuis 4 ans, mais il se sera bien rattrapé cette année avec la publication à quatre mois d’écart de deux albums : Fear of The Dawn le 8 avril et Entering Heaven Alive ce vendredi 22 juillet. Présentés comme deux versant opposés, l’un furieusement électrique tandis que le second est plus folk et apaisé, les deux ont pourtant été composés au même moment, l’an dernier, durant le confinement, dans son studio à Nashville.
Une double personnalité
Au départ, l’ancien White Stripes pensait n’en faire qu’un album un peu éclectique « mais les chansons ne se rejoignaient pas, la chimie ne prenait pas. Il a fallu les séparer pour en faire deux disques distincts » qui ont « chacun leur personnalité« , a-t-il expliqué cette semaine au micro de France Inter, qui retransmettait le dernier de ses trois concerts à l’Olympia mercredi 20 juillet dans le cadre de sa tournée Supply Chains Issues (concert explosif à revoir d’ailleurs en bas de cet article via Arte Concert).
Mais pourquoi ne pas en avoir fait un double album ? Parce que l’encombrement des rares usines de pressage de vinyles est telle actuellement, y compris pour Jack White, seul musicien au monde à posséder sa propre usine de pressage à Detroit adossée à son label Third Man Records, que ce fut un soulagement pour tout le monde.
Mise en valeur du songwriting
Une chose est sûre, les deux albums sont vraiment différents. Autant Fear of The Dawn (Peur de l’Aube) était survolté et fourmillant d’expérimentations sonores audacieuses, autant Entering Heaven Alive (Entrer au Paradis Vivant) est calme et d’une simplicité biblique. Jack White est ici dans une veine amoureuse puisque le disque offre une belle collection de chansons d’amour qu’il jure n’avoir aucun rapport avec son mariage cette année avec la chanteuse et musicienne Olivia Jean des Black Belles, dont il a demandé la main sur scène lors du coup d’envoi de la tournée à Detroit le 8 avril.
Sur ce nouvel album, le musicien connu pour ses riffs de guitare déchaînés démontre davantage son art du songwriting classique, efficace, gorgé de belles harmonies, comme sur Love is Selfish (ci-dessus) et If I Die Tomorrow (ci-dessous). Si l’on connaît son amour des Beatles, attesté notamment dans son groupe The Raconteurs, c’est plutôt aux Rolling Stones que l’on pense à l’écoute du morceau d’ouverture A Tip From You To Me. Guitare acoustique, piano et chœurs : cette formule domine sur les onze titres de cet album. Les accents Beatles viendront avec Help Me Along, où un violon enjoué s’entrelace aux notes d’un piano électrique.
L’art de sortir des clous
Seul un titre s’écarte résolument du chemin : I’ve Got You Surrounded (With My Love), qui aurait pu figurer sur Fear of The Dawn. Placé au cœur du disque, il risque d’être décrié mais on aime ses accents jazz mêlés à la pédale wah wah. On adore aussi le dépouillé A Madman from Manhattan, où son phrasé nonchalant presque rap fait merveille, une vraie gourmandise à l’oreille, qui prend parfois des accents à la Robert Plant.
Si les chansons de ce second album de l’année sont moins audacieuses que celles de son prédécesseur, Jack White a l’art de toujours sortir des clous à un moment ou à un autre, conjurant l’écueil de morceaux trop prévisibles. Il le prouve jusqu’au bout, en refermant l’album avec une version acoustique surprenante de Taking Me Back, le titre endiablé qui ouvrait Fear of The Dawn. La boucle est bouclée.
« Entering Heaven Alive » de Jack White (Third Man Records/The Orchard) est sorti le vendredi 22 juillet 2022
Regardez le concert explosif de Jack White à l’Olympia du 20 juillet 2022 proposé par Arte
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