- Tous les vendredis, « 20 Minutes » propose à une personnalité de commenter un phénomène de société dans son rendez-vous 20 Minutes avec…
- Noémie Merlant profite de la sortie de « Mi iubita mon amour », son premier long-métrage comme réalisatrice, pour évoquer des sujets qui lui tiennent à cœur.
- La place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma font partie des thèmes qu’elle aborde avec franchise.
Le grand public n’a découvert Noémie Merlant qu’en 2019 dans Portrait de la jeune file en feu, où elle incarnait une peintre amoureuse de son modèle. Avant cela, ses dix premières années de carrière et ses rôles remarquables de candidate au jihad dans Le Ciel attendra ou d’homme trans enceinte dans A Good Man témoignaient déjà de son anticonformisme.
Le même que celui qu’on retrouve dans Mi iubita mon amour, son premier long-métrage en tant que réalisatrice : une histoire d’amour solaire entre une Française et un Tzigane. Ce film sort le 27 juillet en salle. L’occasion pour Noémie Merlant d’évoquer les sujets qui lui sont chers : la place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma.
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Le grand public n’a découvert Noémie Merlant qu’en 2019 dans Portrait de la jeune file en feu, où elle incarnait une peintre amoureuse de son modèle. Avant cela, ses dix premières années de carrière et ses rôles remarquables de candidate au jihad dans Le Ciel attendra ou d’homme trans enceinte dans A Good Man témoignaient déjà de son anticonformisme.
Le même que celui qu’on retrouve dans Mi iubita mon amour, son premier long-métrage en tant que réalisatrice : une histoire d’amour solaire entre une Française et un Tzigane. Ce film sort le 27 juillet en salle. L’occasion pour Noémie Merlant d’évoquer les sujets qui lui sont chers : la place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma.
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Le grand public n’a découvert Noémie Merlant qu’en 2019 dans Portrait de la jeune file en feu, où elle incarnait une peintre amoureuse de son modèle. Avant cela, ses dix premières années de carrière et ses rôles remarquables de candidate au jihad dans Le Ciel attendra ou d’homme trans enceinte dans A Good Man témoignaient déjà de son anticonformisme.
Le même que celui qu’on retrouve dans Mi iubita mon amour, son premier long-métrage en tant que réalisatrice : une histoire d’amour solaire entre une Française et un Tzigane. Ce film sort le 27 juillet en salle. L’occasion pour Noémie Merlant d’évoquer les sujets qui lui sont chers : la place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma.
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Le grand public n’a découvert Noémie Merlant qu’en 2019 dans Portrait de la jeune file en feu, où elle incarnait une peintre amoureuse de son modèle. Avant cela, ses dix premières années de carrière et ses rôles remarquables de candidate au jihad dans Le Ciel attendra ou d’homme trans enceinte dans A Good Man témoignaient déjà de son anticonformisme.
Le même que celui qu’on retrouve dans Mi iubita mon amour, son premier long-métrage en tant que réalisatrice : une histoire d’amour solaire entre une Française et un Tzigane. Ce film sort le 27 juillet en salle. L’occasion pour Noémie Merlant d’évoquer les sujets qui lui sont chers : la place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma.
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Le grand public n’a découvert Noémie Merlant qu’en 2019 dans Portrait de la jeune file en feu, où elle incarnait une peintre amoureuse de son modèle. Avant cela, ses dix premières années de carrière et ses rôles remarquables de candidate au jihad dans Le Ciel attendra ou d’homme trans enceinte dans A Good Man témoignaient déjà de son anticonformisme.
Le même que celui qu’on retrouve dans Mi iubita mon amour, son premier long-métrage en tant que réalisatrice : une histoire d’amour solaire entre une Française et un Tzigane. Ce film sort le 27 juillet en salle. L’occasion pour Noémie Merlant d’évoquer les sujets qui lui sont chers : la place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma.
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Le grand public n’a découvert Noémie Merlant qu’en 2019 dans Portrait de la jeune file en feu, où elle incarnait une peintre amoureuse de son modèle. Avant cela, ses dix premières années de carrière et ses rôles remarquables de candidate au jihad dans Le Ciel attendra ou d’homme trans enceinte dans A Good Man témoignaient déjà de son anticonformisme.
Le même que celui qu’on retrouve dans Mi iubita mon amour, son premier long-métrage en tant que réalisatrice : une histoire d’amour solaire entre une Française et un Tzigane. Ce film sort le 27 juillet en salle. L’occasion pour Noémie Merlant d’évoquer les sujets qui lui sont chers : la place des femmes, la puissance de l’amour et la crise des salles de cinéma.
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
« Portrait de la jeune de fille en feu », le film de Céline Sciamma qui vous a révélée au grand public, fait partie des œuvres qui ont ouvert le dialogue sur la place des femmes. Cela induit-il une responsabilité ?
C’est un film qui a changé beaucoup de gens et moi la première ! Les discussions que j’ai pu avoir et les rencontres que j’ai pu faire grâce à lui ont clairement modifié ma façon de voir les choses notamment dans ma position face aux autres. Pendant longtemps, je voulais plaire à tout prix. Comme bien des femmes, je pensais que c’était mon devoir. J’ai changé. Je ne cherche plus à être une fille modèle, ni un modèle tout court. Je veux prendre des risques en allant au bout de mes questionnements. Le film de Céline Sciamma m’a mise sur la bonne voie. Il a aussi aidé des personnes qui avaient besoin de voir d’autres représentations de l’amour à l’écran, d’autres modèles.
Est-ce aussi ce qui vous a motivé pour réaliser votre propre film ?
Mi iubita mon amour parle de mon histoire que j’ai vécue avec Gimi mais aussi de l’amour que j’ai pour mes copines avec lesquelles je forme une famille. Dès l’enfance, on nous enfonce à coups de marteau dans le crâne que le bonheur doit prendre une certaine forme : le mariage, la parentalité, l’exclusivité. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde. Il arrive que des gens se disent « j’ai tout ça et, pourtant, je ne suis pas bien ». C’est pour cela qu’il faut montrer d’autres points de vue. Pour informer, rassurer, balayer des idées reçues comme celles qu’on ne peut pas être heureux si on ne baise pas beaucoup. Les récits ont aussi pour mission d’ouvrir des horizons, de décomplexer.
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
https://www.instagram.com/p/Cftv32yqIZC/
Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
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Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
N’avez-vous pas peur de choquer en racontant cette histoire d’amour avec un garçon de 17 ans ?
Je remarque que, comme cela a été le cas pour Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, les gens se scandalisent plus facilement quand il s’agit d’une femme plus âgée et d’un garçon plus jeune. J’ai l’impression qu’on entend moins de protestations quand il s’agit de l’inverse ou d’une histoire d’homme comme Call Me By Your Name. Ce sujet n’a pas non plus été soulevé pour La Vie d’Adèle malgré la différence d’âge entre les protagonistes ! Au moment de faire le film, Gimi a trouvé que nous devions avoir le courage d’évoquer notre histoire en la transformant en fiction. Les différences existent dans toutes les histoires d’amour et les rapports de pouvoirs aussi. Ce qui me semble important est d’en être conscient et de les anticiper pour ne pas en abuser. Il y a quelque chose dans l’amour qu’on ne peut pas maîtriser. En revanche, on peut maîtriser l’espace qu’on laisse à l’autre et ne pas l’écraser. Je crois que les femmes sont plus attentives à ce genre de choses et pourtant ce sont elles qui sont le plus attaquées.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
Bonne question ! Peut-être que ça dérange encore malheureusement qu’une femme sorte du cadre qu’on lui a longtemps imposé. Qu’une femme puisse être gênante ou prendre l’initiative… On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Les hommes se serrent les coudes entre eux et je trouve qu’il n’y a pas encore assez de solidarité entre les femmes alors que c’est cela qui va nous faire avancer. Des schémas de rivalités féminines sont incrustés dans nos têtes depuis si longtemps. Les femmes ont été séparées, dressées les unes contre les autres depuis des millénaires. On attend d’elles qu’elles soient parfaites en tout. Même quand elles sont des victimes, on scrute leur passé pour dénicher la moindre faute. Il y a encore beaucoup de travail à faire – y compris chez les femmes – pour que les choses s’améliorent. L’art est un puissant levier pour bousculer les idées reçues.
Comment l’art peut-il faire évoluer les mentalités ?
Les récits ont un pouvoir énorme pour faire changer les choses, j’en suis convaincue ! La culture est une arme extrêmement puissante. C’est pour cela qu’elle est souvent censurée. J’aime l’idée que raconter des histoires peut ouvrir des débats. Discuter est capital pour que les choses bougent. C’est bien de parler avec des gens qui ne partagent pas votre point de vue. Parfois, ils vous confortent dans vos idées et parfois, ils vous font évoluer et il en est de même pour eux. Tout le monde n’a pas le même rythme, ni le même background. Je peux aussi parfois comprendre la colère de gens qui n’ont pas eu parole et qui ont subi trop de choses pendant trop longtemps. Tout cela est très complexe mais l’ouverture du dialogue est ce qui compte.
Votre film a été tourné en toute indépendance, sans producteur et entre amis, cette liberté était-elle importante pour vous ?
C’est un choix que nous avons fait en groupe. Au départ, nous souhaitions une structure de production plus classique en fictionnalisant notre histoire. Puis, on s’est dit qu’on préférait rester entre nous pour ne pas perdre la spontanéité de ces premières fois, celles des acteurs, la mienne comme réalisatrice, celles des techniciennes que j’ai recrutées sur Internet. On a pris une voiture, loué une caméra et on est partis tourner dans la vraie famille de Gimi Covaci, acteur et coscénariste du film. Le film était un peu comme un croquis : une forme cinématographique travaillée mais pas peaufinée. C’était chouette de conserver ce côté brut, de montrer ces discussions au bord de l’eau, avec une pointe de documentaire dans l’improvisation. Ce film est une bulle joyeuse avec des maladresses qui, à mon sens, en font aussi le charme.
S’il est charmant, mais loin d’être parfait, pourquoi le sortir en salle ?
C’est une aventure collective et un récit sur le partage donc il est important de le partager de la meilleure façon possible : la salle de cinéma. Après, je suis bien consciente que mon film n’a pas le potentiel d’un gros succès public mais c’est capital de montrer que d’autres histoires et d’autres représentations peuvent exister. J’espère que mon exemple encouragera d’autres cinéastes à se lancer. Ce qui compte c’est que le film existe. Le fait que je sois une actrice connue m’a certainement aidé à me faire distribuer en salle à une époque où le cinéma va mal.
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
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Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
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Comptez-vous persévérer sur cette voie « différente » ?
Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
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Justement, comment expliquez-vous la désaffection des spectateurs pour les salles de cinéma ?
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Mais, selon moi, le fait que nous soyons constamment en contact avec des images ne serait-ce qu’avec nos téléphones portables y est pour beaucoup. On est tout le temps dépaysé grâce à nos écrans personnels donc on ressent moins le besoin de se déplacer. Je suis la première à devoir faire un effort pour me rendre au cinéma. Pour moi, il s’agit d’un acte militant d’aller voir des œuvres plus confidentielles en salle et de ne pas me cantonner à des films spectaculaires comme Elvis. Il y va de la diversité dans ce qui est proposé. On n’a pas le droit de se plaindre de voir toujours la même chose si on ne soutient pas ce qui est différent.
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Bien sûr. Je prépare une comédie baptisée Les Femmes au balcon. Ce sera une histoire noire, sanglante et explosive que je vais tourner avec ma bande habituelle. Féministe car il semblerait que tous les films qui parlent de femmes le sont automatiquement bien que je déteste être mise dans une case. J’ai aussi un autre projet, un peu fou : Gimi et moi aimerions travailleur sur une adaptation de Notre-Dame de Paris d’après Victor Hugo. Il y incarnerait Quasimodo et des Tziganes joueraient les habitants de la Cour des miracles. L’idée serait aussi de montrer un autre visage d’Esmeralda qui est, selon moi, une vraie héroïne féministe ! Condamnée dès la naissance parce qu’elle est belle, femme et tzigane. Et immédiatement considérée comme une sorcière ! Elle est ballottée entre des hommes qui veulent la perdre ou la sauver. Même les paroles des chansons de la comédie musicale sont édifiantes : elle y est accusée d’envoyer les hommes en enfer par sa beauté !
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