• De plus en plus d’artistes rock, rap ou même pop pratiquent le slam, à savoir se faire porter par leur public pendant un concert.
  • Parfois, en sautant dans la foule depuis la scène, les chanteurs et groupes provoquent des mouvements de foule qui peuvent être dangereux.
  • Cette pratique est originaire d’un monde très codifié, où la foule est initiée. Mais en s’exportant peu à peu dans les concerts grand public, elle pose des questions de sécurité.

Ce sont des souvenirs inoubliables pour certains. Le chanteur de Phoenix, Thomas Mars, se faisant porter par la foule jusqu’à la régie façade, au milieu de la fosse, et revenant de la même manière jusque sur la scène ; Julien Doré qui imite le leader du groupe versaillais quelques années plus tard ; et même Zazie qui plonge la tête la première dans le public…

Tous ces instants d’exception survenus aux Vieilles Charrues, le programmateur du festival, Jean-Jacques Toux, ne les oubliera jamais, confie-t-il à 20 Minutes. « Ce sont des moments jamais prévus en amont, c’est en fonction de ressenti du chanteur, mais certains sont plus coutumiers que d’autres ».

Salto dans la foule

Ces sauts dans la foule, on les appelle le slam. Une pratique originaire du monde du rock, du punk et du métal qui s’est popularisée à travers tous les genres musicaux. Et aujourd’hui, certains groupes sont des habitués du « body surfing », comme on l’appelle au Québec. Parmi les adeptes, le rappeur Rilès qui, au festival Musilac début juillet, s’est jeté de la scène pour atterrir, après un saut périlleux, en plein dans le public.

Une pure dinguerie @Rilès #riles #musilac #pesetas #salto

Illustration

L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires

Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton « J‘accepte pour aujourd‘hui » dans le bandeau ci-dessous.

Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies.

Sa figure acrobatique, impressionnante, a permis au chanteur de fusionner avec son audience. Mais elle pouvait être dangereuse, pour le principal intéressé comme pour les personnes qui se trouvent à la réception. Louna, une festivalière de 18 ans présente dans la fosse lors du saut périlleux de Rilès, ne regrette rien malgré son bleu et une égratignure aux genoux causés par le mouvement de foule créé pour réceptionner l’artiste.

« Il nous avait prévenus, il nous avait dit qu’il allait descendre, mais je ne pensais pas qu’il allait faire un salto », raconte-t-elle à 20 Minutes, un sourire dans la voix. Car même si elle est tombée sous la pression de la foule, elle a choisi en connaissance de cause d’aller parmi les premiers rangs. « Il y a des gens qui se cassent des trucs », ajoute la jeune fan de rap et de pop.

Une pratique très codifiée

Un autre spécialiste du slam, Arthur, membre et leader du groupe Bagarre, aime partager cette complicité avec la foule. Mais il ne saute pas depuis la scène et préfère monter sur les crashs barrières – qui séparent la scène du public –, puis se laisser porter. S’il s’est jeté une fois depuis la scène, c’était à l’Olympia, sur une foule très compacte et d’initiés, raconte-t-il à 20 Minutes. Essentiel pour ne blesser personne du haut de son 1,93 m.

Car, selon lui, « le quiproquo avec Rilès, ou des rappeurs comme Roméo Elvis, c’est d’exporter cette pratique dans des festivals très mainstream et populaires, alors qu’elle se fait davantage dans des scènes d’habitués. Le slam de cette manière, comme le pogo (bousculade consentie et désorganisée), ça appartient à un genre de musique très codé où il n’y a jamais de blessé, contrairement aux festivals où le public est plus varié ».

La sécurité en question

Si Arthur n’a jamais eu peur pour sa propre sécurité, des consignes sont parfois données. « Quand il y a trop de mouvements de foule, on nous prévient », affirme-t-il. Car ils peuvent gâcher la fête. « Certaines personnes se plaignent qu’il y a trop de pogos… Ils ne présentent pas toujours un réel intérêt et même peuvent même empêcher certaines personnes de profiter pleinement du spectacle », poursuit Louna. Cela vire parfois au drame. Un mouvement de foule a ainsi été fatal à huit personnes lors du concert de Travis Scott au festival Astroworld, au Texas, le 5 novembre dernier. Deux autres personnes sont ensuite décédées à l’hôpital.

Pour l’artiste, le saut dans la fosse peut également très mal se terminer. On se souvient tous du malaise provoqué par la chute de Shy’m à Bercy en novembre 2015. Heureusement, l’artiste n’a pas été blessée, puisqu’elle a récemment expliqué avoir en fait été rattrapée « très bas dans les mains de gens ».

Illustration

L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires

Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton « J‘accepte pour aujourd‘hui » dans le bandeau ci-dessous.

Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies.

Mais certaines chutes ont eu une issue plus tragique. En 2014, un festivalier monté sur scène a perdu la vie deux jours après le Persistence Tour en Allemagne après avoir sauté dans la foule sans être rattrapé. Le slam est d’ailleurs interdit dans plusieurs pays, selon le journal suisse Le Matin. Chez nos voisins helvètes, certains festivals grand public affichent un pictogramme pour rappeler sa prohibition, comme au Paléo de Nyon. Aux Vieilles Charrues, pas de risque de faire mal au public ou de se faire mal, l’espace entre la scène et la fosse est trop large pour sauter d’en haut, ce qui limite les risques. « En tout cas en ce qui concerne les trois grosses scènes », glisse Jean-Jacques Toux.

Source: Lire L’Article Complet