Le cinéaste et opposant iranien Jafar Panahi, qui a été interpellé la semaine dernière à Téhéran, doit purger une peine de six ans selon un verdict émis en 2010, a annoncé ce mardi l’Autorité judiciaire.

Âgé de 62 ans, Jafar Panahi, l’un des cinéastes iraniens les plus primés, « a été condamné en 2010 à six ans de prison (…) et a été emmené au centre de détention d’Evin pour y purger sa peine », a indiqué le porte-parole de la Justice, Massoud Sétayechi, lors d’une conférence de presse à Téhéran.

Interpellé à son arrivée

Jafar Panahi, avait été arrêté lundi 11 juillet en Iran. « Jafar Panahi a été arrêté à son arrivée au parquet de Téhéran pour suivre le dossier d’un autre réalisateur, Mohammad Rasoulof », détenu depuis vendredi 8 juillet, a annoncé l’agence de presse iranienne Mehr.

Artiste dissident, il a été condamné en 2010 à six ans de prison et 20 ans d’interdiction de réaliser ou d’écrire des films, voyager ou s’exprimer dans les médias, pour « propagande contre le régime », après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique. Il continuait cependant à vivre et à travailler en Iran.

La Mostra de Venise a demandé « la libération immédiate » de Jafar Panahi dans un communiqué publié mardi 14 juillet. Le doyen des festivals de cinéma exprime sa « profonde consternation » et demande aussi la libération de Mohammad Rasoulof et d’un autre réalisateur, Mostafa Aleahmad.

Multiples arrestations

Ces derniers temps, les autorités iraniennes ont mené de nombreuses arrestations dont une figure du mouvement réformateur Mostafa Tajzadeh, détenu vendredi 8 juillet et accusé d‘ »activités contre la sécurité de l’Etat ».

Mohammad Rasoulof et son collègue Mostafa Aleahmad ont été arrêtés par les autorités pour « trouble à l’ordre public ». Ils sont accusés d’avoir encouragé des manifestations après l’effondrement d’un immeuble qui a fait 43 morts, en mai dans le sud-ouest du pays, selon l’agence officielle Irna.

Mené par Mohammad Rasoulof, un groupe de cinéastes iraniens, dont Jafar Panahi, a publié fin mai une lettre ouverte appelant les forces de sécurité « à déposer les armes » face à la colère contre « la corruption » et « l’incompétence » des responsables, après le drame de l’effondrement de l’immeuble. Mais « il n’y a toujours pas d’information sur la raison de l’arrestation de Panahi, son lien avec le dossier de Rasoulof ou avec d’autres personnes arrêtées la semaine dernière », a précisé Mehr.

Les organisateurs du festival de cinéma la Berlinale, qui a décerné à Mohammad Rasoulof la distinction suprême en 2020, ont protesté la semaine dernière contre l’interpellation du cinéaste et de Mostafa Aleahmad, réclamant la libération des deux artistes.

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