Leur « séjour en toute décontraction » a porté le coup fatal à leur relation. Invité au Fort de Brégançon par Valéry Giscard d’Estaing alors qu’il était son Premier ministre, Jacques Chirac a gardé un goût amer de ce week-end « humiliant ».

Le Fort de Brégançon a vu les présidents français dans tous leurs états. En maillot de bain et en représentations officielles, dans l’intimité de leur couple et entourés de leurs proches, tout sourire face aux photographes et lors de dîners mondains, heureux de profiter des vacances d’été ou dans l’embarras… De Georges Pompidou à François Hollande en passant par Nicolas Sarkozy et Carla Bruni pendant sa grossesse ou encore Emmanuel Macron et Brigitte Macron, tous y ont pris des bains de soleil. Un lieu mythique cher au cœur de certains chefs d’État français, mais peu apprécié par d’autres. De son passage dans la résidence sur des hauteurs de Bormes-les-Mimosas, Jacques Chirac n’en a pas toujours gardé un bon souvenir.

Alors qu’il est le Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, l’ancien maire de Paris est convié à y passer le week-end de la Pentecôte avec sa femme Bernadette Chirac. « Cette visite était une idée d’Anne-Aymone. Il y a plusieurs semaines, elle m’avait fait un reproche : ‘Nous n’avons jamais reçu les Chirac, en dehors des réceptions officielles. Ce n’est pas normal. Il y a maintenant deux ans qu’il est votre Premier ministre. Je comprendrais qu’il s’en étonne et qu’il soit blessé' », raconte Valéry Giscard d’Estaing à Pierrick Geais dans son livre L’Élysée à la plage. Le 5 juin, les Chirac débarquent à Brégançon pour « un séjour en toute décontraction ».

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Valéry Giscard d’Estaing et sa « désinvolture de monarque »

Si le couple présidentiel met les petits plats dans les grands, « l’ambiance est loin d’être apaisée entre les deux hommes » : « Jacques Chirac croit qu’il est venu assister à un séminaire de travail, alors que Valéry Giscard d’Estaing veut parler de tout sauf de politique ». « Pour détendre l’atmosphère », le chef de l’État invite à dîner son moniteur de ski, rencontré à Courchevel, « Gabriel Féjoz – rebaptisé Gaby – et son épouse, qui sont également propriétaires d’un hôtel et d’une plage à Saint-Tropez ». Mais son Premier ministre se sent « humilié » d’être « relégué au même plan que le prof de sport du président ».

L’auteur souligne « le mépris » avec lequel Jacques Chirac raconte ce moment dans ses mémoires : « Le couple est arrivé, lui en polo, elle portant une jupe courte, faute d’avoir été prévenu de la tenue souhaitée : costume de ville et robe longue. La situation est pour eux si embarrassante, et même humiliante, que la malheureuse n’aura de cesse, durant la soirée, de tirer discrètement sur sa jupe comme pour lui faire gagner quelques centimètres ». Pour le futur président, Valéry Giscard d’Estaing « s’est comporté avec une ‘désinvolture de monarque’ durant toute la soirée ». Il aurait même « laissé ses invités s’asseoir sur des chaises, alors que lui et son épouse étaient dans deux fauteuils, qui avaient tout l’air de trônes ».

Entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing, c’est le divorce

Un séjour que Jacques Chirac est loin d’oublier une fois de retour à Paris. « Toujours furibond, il raconte à qui veut l’entendre l’affront que le président lui aurait fait subir. À tel point que l’anecdote remonte aux oreilles de la rédaction du Point« . « En ouvrant le journal, le 9 août, Valéry Giscard d’Estaing tombe des nues et est, à son tour, courroucé contre son Premier ministre. L’épisode participera, sans nul doute, au divorce du couple de l’exécutif« , raconte Pierrick Geais.

De son côté, Louis Giscard d’Estaing rectifie l’histoire et prend la défense de son père : « Jacques Chirac a laissé courir des rumeurs totalement mensongères. Il n’y a jamais eu de trône ou quoi que ce soit dans le genre à Brégançon. Mes parents n’avaient pas fait changer les sièges installés du temps de Pompidou. Aussi, Gaby Féchoz et son épouse étaient un couple extrêmement sympathique. Ils avaient d’ailleurs une fille brillante, qui a fait de très bonnes écoles puis carrière dans la banque. Bref, ils avaient tout pour plaire aux Chirac« .

Crédits photos : JEAN LOUIS MACAULT / BESTIMAGE

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