Condiment par excellence, le sel, consommé en trop grandes quantités, représente une menace pour notre santé. Rétention d’eau, exposition aux maladies cardio-vasculaires, insuffisance rénale… La liste est longue.

Sauf qu’entre les produits transformés déjà salés, les recette assaisonnées et le sel de table ajouté directement dans l’assiette, il est difficile de garder un œil sur sa consommation. Selon une étude publiée le 10 juillet 2022 dans la revue European Heart Journalles femmes consommant trop de sel perdent 1,5 an d’espérance de vie dès 50 ans contre 2,3 ans chez les hommes.

“Si la tendance à trop saler à table est un problème qui doit être adressé, il est important de chercher des moyens d’encourager l’industrie alimentaire à réduire la quantité de sel dans les aliments transformés”, a déclaré Chloe MacArthur, infirmière spécialisée en cardiologie à la British Heart Foundation, interrogée par The Independent.

L’ajout de sel à table en ligne de mire

« Dans le régime alimentaire occidental, l’ajout de sel à table représente 6 à 20 % de l’apport total en sel”, alerte l’étude, menée par l’University School of Public Health and Tropical Medicine et soutenue par d’autres chercheurs de la faculté de médecine d’Harvard. 

C’est en tentant de déterminer l’effet du sel sur l’espérance de vie que les chercheurs ont pointé du doigt cette mauvaise habitude comme étant réellement dangereuse pour la santé.

Les scientifiques ont ainsi analysé les résultats de 501 379 participants issus de la UK Biobank – « une base de données biomédicales à grande échelle et une ressource de recherche, contenant des informations génétiques et sanitaires approfondies d’un demi-million de participants britanniques » – entre 2006 et 2010. Ces derniers ont été invités à répondre à deux questions: “ ajoutez-vous du sel à vos plats ?”, en précisant la fréquence, et « avez-vous apporté des changements majeurs à votre alimentation au cours des 5 dernières années » ?

Après étude du taux de sodium et de potassium dans les urines des personnes étudiées, les chercheurs ont constaté que l’ajout de sel de table était associé à un risque plus élevé de mortalité de 28% et à une plus faible espérance de vie, “indépendamment du régime alimentaire, du mode de vie, du niveau socio-économique et préexistant”, précise la synthèse.

Chez les femmes de plus de 50 ans salant leurs assiettes, la perte d’espérance de vie est estimée à 1,5 an, contre 2,3 ans chez les hommes. 

« Même une réduction modeste de l’apport en sel peut avoir des bénéfices sur la santé »

En lui-même, le sel n’est pas dangereux. Sa consommation mesurée est même recommandée par l’Organisation mondiale de santé (OMS), qui préconise d’en ingérer moins de 5 g par jour (soit l’équivalent d’une cuillère à café).  

“Pour le moment, ce que les preuves collectives à propos du sel indiquent, c’est que les personnes en bonne santé qui consomment ce qu’on considère comme des niveaux normaux de sel n’ont pas à s’inquiéter des effets du sel sur leur santé”, rassure Annika Rosengren, chercheuse à la Salgrenska Academy de l’Université de Göteborg (Suède) auprès de The Guardian.

“Nous avons besoin de sel dans notre alimentation oui, mais en manger trop peut entraîner une hypertension artérielle, qui à son tour augmente le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral”, rétorque Chloe MacArthur pour The Independent.

« Même une réduction modeste de l’apport en sodium, en ajoutant moins ou pas de sel aux aliments à table est susceptible d’entraîner des avantages substantiels pour la santé« , encourage le professeur Lu Qi, l’un des auteurs de l’étude. 

Le but des chercheurs n’est pas de culpabiliser les individus, mais bien de faire changer les pratiques des industriels. Si quelques changements peuvent déjà avoir lieu dans l’assiette, l’enjeu collectif est bien plus important. « Près de 70 % de l’apport en sodium, chez les populations occidentales, provient d’aliments transformés et préparés”, souligne The Guardian.

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