Ayron Jones est guitariste, auteur-compositeur et chanteur américain. Il est né et a grandi dans les quartiers difficiles de Seattle, mais la musique lui a toujours apporté un équilibre plus que nécessaire. Après des années passées à jouer dans les salles locales avec son trio, Ayron Jones and the Way, il a été repéré par un producteur. Au fil du temps, il a croisé BB King, Patti Smith, Public Enemy, Jeff Beck et bien d’autres.
Son premier album, Child of the States (2021) symbolisait une revanche et depuis quelques semaines, il est en tournée en France : le 23 juillet en première partie des Rolling Stones, à la Cigale le 13 novembre prochain, le 16 novembre à Bordeaux ou encore le 24 novembre à Strasbourg.
franceinfo : Dans votre tournée en France, vous serez également en première partie des Rolling Stones le 23 juillet prochain à l’Hippodrome Paris-Longchamp pour la tournée Sixties Stones Europe 2022. C’est essentiel pour vous de monter sur scène ?
Ayron Jones : Oui, pour moi, c’est effectivement essentiel. Quand on vient de ma condition sociale, se sentir accepté et célébré de la manière dont je l’ai été, c’est vraiment très important. J’apporte ça sur scène et j’espère le partager avec mon public.
Vous avez grandi à Seattle dans les quartiers difficiles. C’est de là aussi que viennent Jimi Hendrix, Nirvana, Pearl Jam. Seattle donne-t-elle cette envie d’aller de l’avant, d’exprimer ce qu’on a à raconter ?
Je dirais, qu’effectivement Seattle est une ville qui vous inspire. J’espère pouvoir suivre les pas de ces artistes qui ont fait des performances avant moi. Vous savez, avec mes origines et les difficultés que j’ai vécues, pour moi, c’est vraiment important de transformer cette colère et cette crainte en force et c’est vraiment ce à quoi je travaille depuis plusieurs années.
Votre album, Child of the State, suinte le blues, le grunge, la soul, ça groove. C’est un album sur l’abandon, sur l’enfance, sur l’importance de l’enfance dans notre vie d’adulte. C’est un cri du cœur ?
Avec ‘Child of the State’, c’est la face vulnérable de ma personne que je mets en avant.
à franceinfo
Toute la partie la plus sombre qu’on entend dans cet album vient effectivement de l’enfance. Alors c’était important pour moi de parler des angoisses que j’ai eues en tant qu’enfant, des choses difficiles, afin de me connecter à des personnes qui ressentent la même chose. J’ai été adopté et je sais que beaucoup de gens ont été adoptés, par exemple. Et ce n’est pas souvent qu’on entend le point de vue d’un artiste qui a vécu ce genre d’aventure. Donc, c’est important de partager cette histoire.
Vous êtes né au centre médical de l’Université de Washington d’une mère de 19 ans et d’un père absent. A quatre ans, vous avez été adopté par votre tante alors que vos parents luttaient contre la toxicomanie. C’est votre tante qui vous montre le chemin de la musique, le chemin de l’église parce qu’elle était très religieuse. Elle vous a inculqué, on va dire, le gospel puis la soul music. C’est le point de départ de cette envie de vous en sortir ?
Certainement. Pour moi, l’initiation principale a été l’église. Ça a été le socle sur lequel je me suis construit. Elle avait toujours à cœur que je sois actif dans les activités artistiques et musicales.
L’église a été certainement le premier endroit où je pouvais exprimer ma créativité artistique et musicale.
à franceinfo
La musique et votre tante vous ont sauvé ?
Ma tante m’a, très certainement, sauvé. C’est sûr qu’elle m’a apporté un endroit de sécurité, d’amour, une nourriture spirituelle qui m’a permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui.
Je voudrais qu’on parle du titre Mercy, classé dès le départ au sommet des charts. Vous traitez de la situation raciale aux Etats-Unis. Vous avez été touché par le fait que cette chanson parle autant aux autres, au public ?
Quand j’ai créé Mercy, je parlais de mon point de vue en tant que noir américain, mais je parlais aussi du peuple noir américain en général. Aujourd’hui, on vit dans un pays, à une période, où on a beaucoup de mal à trouver la paix. J’ai vu beaucoup de mes frères tombés, notamment des hommes noirs. Que ce soit par rapport à la violence des policiers, aux violences qu’on a vu au Capitole, aux violences par armes à feu, aux enfants qu’on a vu mourir, ce titre, Mercy, dit : « Qu’est-ce que ça veut dire d’être américain aujourd’hui, quand on n’a personne pour nous aider et pour nous sauver de nous-mêmes ? »
Quel est le titre qui vous touche le plus dans votre propre album ?
Comment je suis impacté par ma propre musique ? C’est difficile de répondre… Take your time, « prendre son temps », est certainement la chanson qui me touche le plus. C’est une chanson qui nous dit : « Écoutez, quoiqu’il arrive dans votre vie, il faut toujours essayer d’aller de l’avant. Alors pardonnez-vous pour les choses que vous vous faites subir à vous-même et pardonnez aux autres« .
Fier, aujourd’hui ?
Oui. Très fier. Je suis fier d’être où j’en suis, face à vous. Fier d’être à Paris. Et ma vie ne pourrait pas être meilleure qu’elle ne l’est aujourd’hui.
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