Isabelle Adjani est à l’affiche du prochain François Ozon, Peter von Kant, qui sort en salle le 6 juillet 2022. À l’occasion de la promotion de ce drame, huis-clos hommage au metteur en scène allemand Rainer Werner Fassbinder, et qui raconte la relation toxique entre un réalisateur abusif et son jeune assistant, l’actrice française a évoqué les dérives et les rapport de domination dans le cinéma sur le plateau de Quotidien sur TMC.

L’espoir post-#MeToo

Le film évoque ainsi le phénomène d’emprise, notamment entre un créateur et sa muse : « On est toujours muse d’un metteur en scène », relativise Isabelle Adjani, avant d’alerter : « il peut y arriver qu’il y ait un peu de déficience humaine chez un metteur en scène, à partir du moment où il se prend pour un démiurge [dieu créateur, ndlr]. Il peut vous infliger des choses qui ne sont pas humaines, en oubliant qu’il est lui-même un être humain travaillant avec d’autres êtres humains. »

Elle dénonce ainsi les « rapports de domination et soumission, sur le plateau, qui ont [dorénavant] », elle l’espère, « la vie courte ». « Je pense que même si #MeToo n’a pas l’air d’y être pour quelque chose telle qu’on en parle, je pense que si. Il va y avoir une sorte de mise à distance pour qu’une proximité réelle et bienveillante puisse continuer à exister », estime-t-elle.

Aujourd’hui, l’actrice et chanteuse est optimiste concernant ces rapports de forces dans l’industrie : « Je trouve que les metteurs en scène sont un petit peu alertés par la difficulté qui pourrait se présenter à insister de façon hégémonique [envers leurs comédiens] ».

Son admiration pour Adèle Haenel

Dans une lettre ouverte publiée par les Inrocks le 12 novembre 2019, Isabelle Adjani avait exprimé son soutien, et même son admiration, pour l’actrice Adèle Haenel qui avait dénoncé, quelques jours avant dans Mediapart, des faits d’ »attouchements » et de « harcèlement sexuel » de la part du réalisateur Christophe Ruggia, avec qui elle avait collaboré lorsqu’elle était adolescente. Elle avait alors souligné « le courage et la dignité » de l’interprète du Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019).

« Quand Adèle Haenel prend la parole devant la caméra de Mediapart, un renversement se produit dans le cours de cette histoire française dont l’issue est toujours un procès médiatique où l’accusé, le criminel a le rôle principal et où le sort de la victime est une fois sur deux classé sans suite, par embarras culturel », écrivait l’actrice dans un texte puissant.

Selon elle, Adèle Haenel avait repris le contrôle de son vécu et de sa parole de victime : « Ce n’est plus l’histoire des trois G [galanterie, grivoiserie et goujaterie, ndlr], de la domination masculine, c’est l’histoire de l’oppression des femmes, l’histoire des trois H : harcèlement, humiliation et honte. Adèle Haenel ne fait pas le procès de Christophe Ruggia, il n’y a pas d’affaire Ruggia, il y a l’histoire d’Adèle Haenel.”

Finalement l’actrice avait décidé de porter plainte contre le cinéaste, le 26 novembre 2020.

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