On connaît tout.es cet état de frustration et d’énervement après une mauvaise nuit. À fleur de peau, on ajoute d’ailleurs souvent un “j’ai mal dormi, je suis fatigué”, pour justifier de nos émotions exacerbées.

Et si, on le sait, trop peu de sommeil est mauvais pour la santé, selon une nouvelle étude, une nuit trop courte influerait même sur la manière dont nous les régulons nos émotions. 

Selon les chercheurs de l’Université de Berne (Suisse), dont les travaux ont été publiés dans la revue Science Daily, la phase de sommeil paradoxal serait primordiale dans la gestion de nos émotions négatives (tout n’est donc pas une question de développement personnel et de travail sur soi « conscient »).

“Notre objectif était de comprendre le mécanisme sous-jacent de la gestion des émotions et les fonctions d’un phénomène aussi surprenant que le sommeil, comme remède naturel”, explique le Pr Antoine Adamantidis, à la tête de cette étude.

Le sommeil paradoxal, une phase d’endormissement centrale à notre bonne santé mentale

Ici, les scientifiques se sont penchés sur le rôle du sommeil paradoxal dans la gestion des émotions, cette phase étant l’état le plus profond de sommeil que nous connaissons dans une nuit – et donc le moment où nous rêvons le plus. 

Afin d’étudier comment notre cerveau traite les ressentis une fois bien endormi.e, les chercheurs ont conditionné des souris à associer des sons spécifiques à la peur et d’autres au sentiment de sécurité. Ils ont ensuite enregistré leur activité cérébrale, pour voir si les mêmes schémas apparaissent dans leur cerveau, pendant le sommeil.

Ils ont ainsi découvert que, même dans les bras de Morphée, les émotions positives et négatives apparaissent dans le cerveau – cependant, les émotions négatives associées à la peur semblent « atténuées » et bloquées pendant le sommeil paradoxal

Bien rêver pour mieux gérer ses émotions

« Le cerveau bloque la sur-réaction à l’émotion, en particulier au danger« , explicite Pr Adamantidis dans son étude. Ainsi, alors que nous rêvons, notre cerveau comprend et traite les émotions négatives sans les « exagérer ». 

« Lorsque nous nous réveillons de nos rêves, nous devrions donc avoir une compréhension proportionnelle et mesurée de notre propre peur et négativité », précise l’étude.

“Ces résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension du traitement des émotions pendant le sommeil chez l’homme et ouvrent de nouvelles perspectives de cibles thérapeutiques pour traiter le traitement inadapté des souvenirs traumatiques, tels que les troubles de stress post-traumatique et leur consolidation précoce dépendante du sommeil”, s’est réjoui Pr Antoine Adamantidis.

Prendre soin de sa santé mentale en dormant

S’instaurer une routine pour bien dormir, serait donc une forme de self-care si l’on suit les découvertes des chercheurs suisses.

Car l’étude conclut que quand les nuits sont trop courtes et ne permettent pas une phase de sommeil paradoxal complète, la personne peut développer « une peur et une négativité excessive, ce qui pourrait à son tour conduire à des troubles anxieux en journée ». « Dans certains cas, comme dans les cas de trouble de stress post-traumatique par exemple, le cerveau commence à ‘sur-consolider’ les émotions de peur pendant le sommeil », continue l’écrit.

Ainsi, si votre corps et votre psyché sont privés d’un sommeil réparateur, vous ne serez plus capable de comprendre ou de traiter vos émotions négatives, et vous sentirez donc plus stressé.e et moins « en sécurité » en journée. « Alors que nous dormons de moins en moins, il est primordial de montrer qu’un sommeil de qualité est la clé de l’équilibre physique et psychique », martèle Pr Antoine Adamantidis à la fin de ses recherches.

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