La dermite ou dermatite séborrhéique est une maladie de peau fréquente que l’on retrouve chez le bébé et l’adulte. Incurable, elle se manifeste sous forme de poussées chroniques parfois accompagnées de prurit, principalement sur le visage et le cuir chevelu.
Avec Flora Fischer, dermatologue à Paris, et autrice du livre “Confidences d’une dermatologue”,
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Sommaire
- 1. Qu’est-ce que la dermite séborrhéique ?
- 2.Une maladie courante chez l’adulte, mais aussi chez les bébés
- 3.Quels sont les symptômes de cette maladie de peau ?
- 4.Quelles sont les causes et les facteurs favorisants ?
- 5.Comment la dermatologue diagnostique-t-elle la dermite séborrhéique ?
- 6.Comment traiter la dermatite ?
1.Qu’est-ce que la dermite séborrhéique ?
La dermatite séborrhéique de l’adulte est une maladie chronique de la peau (ou dermatose) inflammatoire, caractérisée par la présence de plaques érythémato-squameuses blanches parfois jaunâtres et épaisses. Ces lésions se développent dans les zones où la sécrétion de sébum est la plus importante (dites « grasses » ou « séborrhéiques »), comme : le cuir chevelu ; le sillon entre le nez et les joues ou les lèvres ; les sourcils et l’espace qui les sépare. Mais des plaques peuvent aussi faire leur apparition dans la barbe, ou dans le sillon du décolleté entre les deux seins.
Sa topographie est évocatrice et la distingue d’autres atteintes du visage, bien qu’elle puisse parfois faire penser à du psoriasis, lorsque sa forme n’est pas très développée. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’une personne qui souffre de dermite souffre également de psoriasis, précise Flora Fischer, les deux maladies se développant sur le même type de peau.
Il s’agit d’une maladie bénigne et non contagieuse, mais chronique et incurable : elle évolue par poussées récidivantes. En dehors des poussées, la peau retrouve son aspect normal bien qu’elle puisse parfois demeurer un peu rouge. Souvent, elle est sensible aux frottements ainsi qu’aux produits irritants.
À cause du caractère apparent des lésions, la dermatite séborrhéique a un retentissement sur la qualité de vie. Une étude coréenne portant sur un échantillon de près de 12 000 personnes a révélé que les adultes atteints de dermatite atopique avaient une qualité de vie nettement inférieure et un niveau de stress supérieur à ceux qui ne souffraient pas de la maladie.
Une autre étude réalisée en 2006, a un titre évocateur : « Qualité de vie et dermatite atopique infantile : l’enfer de l’eczéma infantile ».
2. Une maladie courante chez l’adulte, mais aussi chez les bébés
Selon l’Assurance maladie, la dermatite séborrhéique touche 1 à 3 % des Français entre l’adolescence et l’âge adulte, avec un pic de fréquence entre 18 et 40 ans. Six hommes sont touchés pour une femme. Après 40 ans, la maladie se révèle moins courante et ne concerne quasiment plus que des hommes.
Chez le bébé, ce que l’on appelle les « croûtes de lait” sont en réalité une forme modérée de la dermite séborrhéique. Débutant après la 2e semaine de vie, elle se traduit par des plaques épaisses et croûteuses, blanches ou jaunes qui peuvent être entourées d’une rougeur. Ces symptômes peuvent aussi toucher les fesses ou les replis cutanés. Les « croûtes de lait » ne causent aucune démangeaison et n’entraînent aucun inconfort pour le nourrisson. Elles ne sont pas contagieuses.
Chez des personnes immunodéprimées (VIH), souffrant de la maladie de Parkinson ou de trisomie 21, la maladie peut apparaître sous une forme grave. D’après le Vidal, 80 % des malades au stade de sida ont des formes étendues et atypiques.
3. Quels sont les symptômes de cette maladie de peau ?
Pendant les poussées de dermatite séborrhéique, les plaques érythémato-squameuses apparaissent. Plus foncées sur leurs bords, elles sont recouvertes de squames plus ou moins grasses, blanches ou jaunâtres. Ces pellicules se détachent facilement, laissant place à des zones de peau rouge clair.
Ces plaques peuvent provoquer des démangeaisons chez certaines personnes, voire des sensations de brûlure. Cependant, d’autres sujets peuvent n’avoir aucun autre symptôme que les plaques.
- Les plaques de dermatite séborrhéique sur le cuir chevelu
Touché dans 95 % des cas, selon l’Assurance Maladie, le cuir chevelu représente parfois la seule partie du corps concernée. Les plaques de dermatite séborrhéique se forment principalement près des tempes et au sommet du crâne. Elles peuvent ensuite s’étendre à l’ensemble du cuir chevelu et déborder sur le front, la base du cou et l’arrière des oreilles. Ces plaques sont généralement masquées par les cheveux. Toutefois, elles sont recouvertes de pellicules très nombreuses, très visibles sur la tête et lorsqu’elles tombent sur les vêtements.
- La dermatite séborrhéique sur le visage
Le visage est souvent atteint par la dermatite séborrhéique, surtout en son milieu. Les plaques et pellicules se forment surtout : dans les sillons autour des narines dans le pli sous la lèvre inférieure ; chez l’homme, au niveau de la barbe et de la moustache ; à l’arrière des oreilles et dans les conduits auditifs externes (qui peuvent alors suinter).
En cas de maladie grave, des papules desquamantes jaunes et rouges apparaissent le long de la racine des cheveux, derrière les oreilles, sur les sourcils, dans les plis nasogéniens et sur le sternum. Une blépharite marginale (une inflammation du bord des paupières) avec croûtes sèches jaunâtres et irritation conjonctivale peut se développer.
4. Quelles sont les causes et les facteurs favorisants ?
La physiopathologie de la dermatite demeure encore incomplète. Cependant, il est probable que la production de sébum par les glandes sébacées y soit associée : une production accrue de sébum survient naturellement aux âges où la prévalence de la maladie est plus élevée ; la DS se manifeste justement aux endroits où il y a le plus de glandes sébacées.
Cependant, la séborrhée n’est pas toujours liée au développement de la pathologie comme l’ont démontré certaines études sur l’acné par exemple. La séborrhée agirait alors possiblement comme un facteur favorisant l’apparition de la dermatite. Mais la théorie de la production accrue de sébum n’explique pas à elle seule les mécanismes impliqués : certains patients atteints ont une production de sébum normale et des personnes ayant une surproduction de sébum ne développent pas systématiquement la pathologie.
Le déséquilibre de la flore, et la prolifération anormale de levures de type malassezia furfur (sorte de champignon), naturellement présentes sur la peau, entrent également en compte dans l’apparition de la dermatite séborrhéique. Ces micro-organismes provoquent une réaction inflammatoire spécifique, se traduisant par un érythème (rougeur de la peau) et un renouvellement accéléré des cellules du cuir chevelu et de la peau en 5 à 14 jours au lieu des 28 jours habituels. Il en résulte une desquamation inhabituelle.
L’alcoolisme, le stress, fatigue, surmenage, choc émotionnel… peuvent favoriser voire dans certains cas déclencher l’apparition de la dermatite, précise la dermatologue. Mais d’autres facteurs peuvent aussi intervenir :
- l’application cutanée de corps gras (ex. : huile solaire) ou de lotions à base d’alcool ;
- une hygiène corporelle insuffisante ;
- l’exposition à l’humidité et à la chaleur, ou au contraire, à des températures très froides ;
- l’hypersudation ;
- l’obésité ;
- la grossesse ;
- la prise de certains médicaments comme les neuroleptiques ;
- un cancer des voies aérodigestives supérieures.
Les lésions sont fluctuantes, et de nombreuses personnes atteintes insistent sur la variabilité des signes et l’influence sur les poussées de leur état émotionnel et constatent aussi l’effet favorable du soleil et des vacances.
5. Comment la dermatologue diagnostique-t-elle la dermite séborrhéique ?
Le diagnostic de dermatite séborrhéique repose sur l’examen clinique, il n’est pas utile de procéder à une biopsie. En revanche, si la dermatite et dans une forme grave, étendue, elle peut faire l’objet d’un questionnement sur les facteurs favorisants et pourrait amener le spécialiste à faire des examens plus poussés s’il suspecte qu’une autre pathologie plus grave en soit la cause.
La dermatite séborrhéique doit alors être différenciée d’autres pathologies comme :
- La dermatite atopique : ce trouble se manifeste généralement d’abord par une desquamation fine, blanche et sèche plutôt que par une desquamation graisseuse jaunâtre de la dermite séborrhéique.
- le psoriasis : les plaques érythémateuses et squameuses sont nettement délimitées.
- la rosacée: lorsque la rosacée affecte le visage, elle se manifeste d’abord par un érythème, des papules et des papulopustules mais pas par une desquamation (cependant, les patients peuvent avoir à la fois une dermatite séborrhéique et une rosacée).
6. Comment traiter la dermatite ?
Les traitements utilisés sont assez variés, ce qui est probablement en lien avec le fait que l’étiologie de la maladie est plurifactorielle et peu claire encore pour le moment. Ils vont viser la réduction de la levure malassezia furfur tout en luttant contre l’inflammation et la sécrétion excessive de sébum. Quel que soit le traitement entrepris, celui-ci ne sera jamais curatif : il y aura toujours des risques des rechutes plus ou moins précoces et importantes selon les traitements employés.
- Un produit doux non agressif hydratant et non gras ;
- des produits limitant la progression des champignons (comme le gluconate de zinc) ;
- des antifongiques locaux ;
- et des dermocorticoïdes lorsque très inflammatoire mais pas sur une trop longue durée, car il peut y avoir un effet rebond très important.
Flora Fischer précise que certains produits comme une crème hydratante non agressive et non grasse, doit être utilisée au quotidien afin d’éviter les récidives. C’est un traitement préventif, facile à intégrer son quotidien.
Afin de réduire aussi l’impact du stress, il peut être intéressant d’associer des thérapies douces comme l’acupuncture ou la sophrologie.
Merci à Flora Fischer, dermatologue à Paris, et autrice du livre “Confidences d’une dermatologue”, paru aux éditions Robert Laffont.
Sources :
- Kwak Y, Kim Y. Health related quality of life and mental health of adults with atopic dermatitis. Arch Psychiatr Nurs. 2017 Oct;31(5):516-521. doi: 10.1016/j.apnu.2017.06.001. Epub 2017 Jun 2.
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