La comédienne que la vie n’a pas épargnée, est actuellement hospitalisée, en attente d’une nouvelle greffe de cœur. Elle s’est confié à Bien dans ma vie il y a quelques semaines. Une interview à retrouver dans le magazine, actuellement en kiosque.
- Charlotte Valandrey
Accidentée de la vie, Charlotte Valandrey a longtemps été en guerre avec elle-même. S’accepter, accepter un rapport à l’autre apaisé, sortir d’une culpabilité permanente, reprendre goût à la vie, apprendre à être heureuse, tout simplement… Dans un livre sincère et touchant – Se réconcilier avec soi (avec Céline Langlais, éd. Robert Laffont) – l’actrice raconte comment elle a pu y parvenir. Notamment par la pratique du yin yoga, du shiatsu, de la méditation, mais aussi de la marche quotidienne. « Les doutes vont et viennent, écrit-elle, mais l’amour, définitivement, est plus fort. »
Votre livre mêle confessions et conseils de développement personnel. Comment le définiriez-vous ?
C. V. C’est avant tout une thérapie pour moi. Ceux qui le liront pourront peut-être s’en servir pour y puiser des conseils de vie. J’aimerais donner de l’espoir à mes lecteurs, mais il n’y a pas de recette miracle et je ne prétends pas qu’ils y trouveront la solution à leurs problèmes. J’espère qu’ils comprendront que rien ne se résout d’un coup de baguette magique et qu’il faut beaucoup de temps. C’est comme un journal intime qui a fait remonter des choses. Au moment de l’écriture avec Céline Langlais, l’amie thérapeute avec qui j’ai passé le confinement, je pleurais souvent. Ça m’a fait du bien.
C’est le confinement qui a été propice à l’écriture ?
C. V. Je me suis retrouvée en Bretagne pendant un an et demi et ça m’a obligée à sortir. J’y ai redécouvert la nature, un des thèmes centraux du livre. Pour la première fois de ma vie, je me disais d’un paysage qu’il était beau. Je le ressentais vraiment. J’ai fait du shiatsu… toutes ces choses m’ont réconciliée avec moi-même.
Vous parlez en effet beaucoup de votre pratique du shiatsu, de la méditation, de la médecine chinoise. Comment y êtes-vous arrivée ?
C. V. J’ai appris que j’étais séropositive en 1987, à 19 ans. Je n’ai pas ressenti de manifestations de la maladie avant 1996, puis j’ai perdu le contrôle de mon corps. J’ai fait deux infarctus à cause des traitements à l’AZT et, en 2003, j’ai dû subir une greffe de cœur. Il me restait 10 % de capacité cardiaque. Je n’ai pas supporté les médicaments anti-rejet, et j’ai failli mourir. Je suis en survie depuis tant d’années ! J’ai mis longtemps avant de me reconnecter avec mon corps. J’ai beaucoup cherché : séances de méditation à plusieurs, auriculothérapie, reiki, yoga, énergie avec les pierres, médiums… j’ai à peu près tout fait.
Et là ça a enfin fonctionné. Qu’est-ce qui a provoqué le déclic ?
C. V. C’est juste que j’étais prête à m’ouvrir. Avant, je ne savais pas être heureuse. Mais au fond de moi, il y avait toujours l’idée que la vie, un jour, serait mieux. C’est ce qui m’a fait tenir tout au long de ces années. La séropositivité, les mecs qui s’en vont, les frustrations professionnelles, ma greffe… À chaque déception, je rajoutais une couche de protection. Je me suis aperçue qu’il fallait que je m’en débarrasse. Régulièrement, j’avais un déclic et une couche partait. Ces prises de conscience progressives m’ont peu à peu ramenée à la vie, surtout ces dernières années. Le confinement m’a permis d’essayer des choses simples que je ne connaissais pas : aller au marché, boire des jus verts, marcher 10 kilomètres dans une journée, m’extasier sur un paysage… Je comprends enfin que les gens puissent le faire. Avant ce n’était pas le cas.
Qu’est-ce qui vous a poussée à parler de votre maladie en 2005 après l’avoir tue pendant des années ?
C. V. Après ma greffe de cœur, je pesais 35 kilos. C’est là que j’ai décidé de parler pour couper court aux rumeurs. C’est après mon premier grand rôle dans Rouge Baiser que j’ai appris que j’étais séropositive. Je devais avoir le premier rôle dans Noce blanche – il a finalement été attribué à Vanessa Paradis et je me suis fait sortir du film sans explications. Je n’en avais parlé qu’à une seule personne qui l’a dit au producteur du film. Après cet épisode, j’imagine que les bruits ont couru… Mais pendant des années, j’allais bien, je sortais, j’étais en forme, jolie, les gens ont dû arrêter d’y penser. Si je l’avais révélé pendant que je tournais Les Cordier, juge et flic, je ne suis pas sûre qu’on m’aurait laissé faire la série. Ça me frustrait de ne pas pouvoir le dire. Tout ça est très compliqué à gérer.
On ne vous voit jamais dans les soirées Sidaction. On ne vous sollicite pas ?
C. V. Non. Si je savais pourquoi… Ça m’aurait aidée si on m’avait appelée quand j’ai révélé ma séropositivité. Mais personne ne l’a fait. Les invités, ce sont toujours les mêmes. Pour les Restos du Cœur aussi. Quand je faisais Les Cordier, juge et flic, j’avais envie qu’on m’aide. J’avais rencontré Jean-Jacques Goldman et je lui avais dit que j’aurais aimé faire partie des Enfoirés. La femme de Coluche avait dit non.
Vous avez de la rancœur contre ce milieu ?
C. V. Je dirais plutôt que j’en ai fait le tour. J’ai toujours envie de jouer mais…
>> Retrouvez l’intégralité de notre rencontre avec Charlotte Valandrey dans le numéro 2 de Bien dans ma vie, actuellement en kiosque.
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