Cannes, c’est aussi le moment de faire les comptes : seulement deux femmes ont reçu la Palme d’or, et ce, en 74 éditions du Festival de Cannes.
Jane Campion et Julia Ducournau
La première est la réalisatrice néo-zélandaise qu’on ne présente plus, Jane Campion. Elle reçoit le prestigieux prix en 1993 pour son drame La leçon de piano. 28 ans plus tard, en 2021, c’est au tour de la Française Julia Ducournau d’être récompensée pour son film subversif Titane.
J’ai beaucoup pensé ce soir à Jane Campion, je me suis beaucoup demandé ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là, en étant la première.
Pour la 75e édition du Festival de Cannes, il y a trois chances sur dix-huit pour qu’une réalisatrice remporte la Palme d’or. Car seules trois femmes sont nommées sur les 18 réalisateurs en compétition officielle.
La parité à Cannes, c’est compliqué
On constate d’autres écarts entre les femmes et les hommes lors de ce grand rendez-vous pour les passionnés du septième art. Uniquement 11 femmes ont été présidentes du Jury, par exemple.
En 2023, Iris Knobloch, ancienne patronne de Warner Europe, deviendra la première femme à prendre la présidence du Festival de Cannes en succédant à Pierre Lescure.
Toutefois, la majorité féminine l’emporte sur la présentation des cérémonies d’ouverture et de clôture. En effet, 16 femmes ont été maîtresses de cérémonie au Festival de Cannes. Depuis son instauration en 1993, seulement quatre hommes ont eu le privilège de tenir ce rôle.
Jane Campion remporte la Palme d’Or en 1993
Jane Campion est la première réalisatrice à recevoir la Palme d’Or à Cannes. Une victoire ex aequo avec Chen Kaige pour Adieu ma concubine.
C’est son film La leçon de piano qui lui apporte ce prix en 1993.
L’histoire d’Ada (Holly Hunter), mère d’une fillette de neuf ans, qui s’apprête à partager la vie d’un inconnu, au fin fond du bush néo-zélandais. Son nouveau mari accepte de transporter toutes ses possessions, à l’exception de la plus précieuse : un piano, qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant se résigner à cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier : regagner le piano, touche par touche en se soumettant à ses fantaisies…
Elle est aussi revenue sur la Croisette en 2014 en tant que présidente du Jury. L’une des rares femmes à avoir accès à ce rôle déterminant du Festival, créé en 1939.
Julia Ducournau remporte la Palme d’Or en 2021
Elle est donc la deuxième femme à être récompensée au Palais des Festivals. Julia Ducournau reçoit la Palme d’Or pour son second long-métrage horrifique Titane, présenté en 2021.
Un film choc qui a secoué la Croisette, provoquant des malaises et des vomissements chez certains spectateurs.
Julia Ducournau devient en fait la première réalisatrice a remporté, seule, la Palme d’Or. Jane Campion l’ayant gagné ex aequo.
Dans son discours pour la remise de son prix, elle a remercié le jury d’avoir reconnu « le besoin avide et viscéral que nous avons d’un monde plus fluide et plus inclusif, et d’appeler à plus de diversité dans nos expériences au cinéma et dans nos vies… Et merci au Jury de laisser rentrer les monstres ».
La cinéaste diplômée de la Fémis a aussi profité de ce moment pour symboliser une victoire féministe, qui pousse à nouveau et un peu plus la porte aux femmes dans le monde du cinéma.
« J’ai beaucoup pensé ce soir à Jane Campion, je me suis beaucoup demandé ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là, en étant la première. Et je dois dire qu’en tant que seconde, ce qui me porte, c’est que maintenant j’ai l’impression de faire partie d’un mouvement en marche. Je suis la seconde, donc il y aura une troisième, une quatrième… »
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