Ben l’Oncle Soul est devenu Ben en 2020. Il a rapidement compté grâce à l’engouement autour de sa voix, de sa personnalité, de son look aussi. C’est en 2009 avec son premier album éponyme et le single Soulman sorti en 2010 qu’il sort de l’ombre. Il vient de sortir un cinquième album, Red Mango, contenant neuf reprises en version reggae soul.
franceinfo : Ce nouvel album semble vous rapprocher un peu plus de ce qui vous correspond le mieux.
Ben : En tout cas, ça me rapproche des origines du côté de mon père qui sont caribéennes, de la Martinique et je n’avais jamais trop intégré ce côté chaloupé à ma musique. Finalement, ça semble assez naturel.
En écoutant cet album, je me suis rendu compte à quel point ça faisait longtemps que vous vous cherchiez. Vous avez tenté plein de choses, mais celui-ci est différent, il est vraiment taillé sur mesure.
Il y a du plaisir, peut-être encore plus que sur les autres. Le fait de faire des reprises, ça fait prendre aussi pas mal de recul par rapport à la musique. On est là pour faire du fun, pour réarranger des morceaux assez connus et du coup, la liberté est totale et on s’est bien marré.
Ca replonge un peu en arrière avec votre premier contrat avec la Motown. Quand on dit Motown, on pense à Marvin Gaye, à Michael Jackson… Comment avez-vous vécu cette reconnaissance ?
Ça m’a tout de suite propulsé, mis le pied à l’étrier. Ça m’a donné une belle dynamique. J’étais très content de faire autant de concerts, d’avoir aussi une belle exposition sur ce premier disque. Et puis ça a créé la marque de fabrique ‘Ben l’Oncle Soul’.
C’est vrai que ce nœud papillon qui représentait votre grand père, c’était aussi une façon de vous donner de la force.
Oui, bien sûr. Et puis d’être aussi dans le respect des anciens.
« Dans ma musique, j’étais un peu dans le respect des codes de la Motown, de Stax. Aujourd’hui, c’est plus métissé, il y a plus de mélange et c’est ce que j’adore. »
à franceinfo
Il y a un énorme travail qui a été fait sur la voix. Ça veut dire que cette voix occupe une place différente aujourd’hui dans votre vie ?
Oui. On va dire que je l’ai peut-être trouvée comme j’avais envie de l’entendre. C’est vrai que ce n’est pas si évident que ça quand on est un musicien, mélomane, de trouver le travail de la voix, la place de la voix dans la musique. Moi, au départ, j’ai eu tendance à rentrer la voix, à pas trop l’entendre, à avoir la musique qui prend beaucoup de place et de plus en plus, je vais vers des choses plus acoustiques aussi où la voix est un boulevard.
Ça devient une façon de rendre hommage à celles et ceux que vous reprenez ?
Oui. Ce sont des voix, à mon sens, trop peu écoutées ou trop peu entendues. Par exemple, Imagine de John Lennon, est une chanson que tout le monde connaît, mais est-ce qu’on l’entend encore ? Est-ce que les mots résonnent ? Est-ce que ce message passe encore aussi bien de manière révolutionnaire ? En lui redonnant un petit coup de fraîcheur on dit : « Ah tiens, réécoutez les paroles. Il y avait un message qui était important« .
Cet album est un gros clin d’œil aussi à votre famille, aux sonorités reggae, évidemment. Un clin d’œil aussi à votre mère qui vous a fait écouter très tôt du Bob Marley.
Premier morceau, c’était No woman no cry et ça sonnait très fort dans le salon. J’ai adoré la voix, j’ai adoré l’atmosphère, puis le songwriting. Bob Marley était doué quand même !
Parlez-moi de quelques titres que vous avez choisis dans cet album.
J’ai donc choisi Imagine de John Lennon, il y a aussi un morceau de Sixto Rodriguez qui s’appelle Sugar Man. J’ai choisi souvent des morceaux qui résonnaient pour différentes raisons. Sixto Rodriguez, c’est un espèce de destin où le succès est arrivé super tard et il en avait absolument pas conscience. Il vivait dans une extrême pauvreté alors qu’il était sans doute riche grâce à ce tube en Afrique du Sud. Il a offert une tournée mondiale pour présenter son album et puis finalement, il est retourné dans l’ombre parce que c’était pas son truc, la lumière, le spotlight. Il y a des gens comme ça qui ont besoin de donner des messages à la musique. Et finalement, ils sont peut-être pas non plus taillés pour aller devant des millions de gens comme ça. C’est intimidant aussi.
Vous, c’est votre passion. Est-ce que vous avez par moment mal vécu cette notoriété ?
Ce n’est pas toujours facile. Parfois, on a envie de reculer, le plongeoir est un peu trop. Je n’ai pas toujours eu l’occasion de reculer sur un concert, j’ai souvent sauté ! Bill Withers avait un discours un peu comme ça ou il disait : « Mais en fait, pour moi, c’est dur d’aller faire semblant de m’adoucir par un discours parce qu’il y a de la promo, il faut faire bonne figure, etc… » Et lui en fait n’avait que des choses très personnelles à offrir et il ne trouvait pas toujours les cadres pour le livrer. Pour lui la musique c’était idéal, mais c’est un peu le seul cadre.
Vous avez été bercé au son d’Otis Redding. Ça coule dans vos veines quand même !
Otis est un peu mon repère. C’est la voix que j’ai entendu le plus tôt dans ma jeunesse et c’est la voix que j’entends encore le plus aujourd’hui parce que je l’écoute énormément.
Je voudrais qu’on parle de la tournée. Ça représente quoi de remonter sur scène ?
« La scène, c’est beaucoup de plaisir, c’est libérateur. »
à franceinfo
C’est un peu une première rencontre avec le public. Ça me paraît étonnant de redécouvrir ce plaisir-là. Et en même temps, c’est un peu comme un terrain en friche. Ça fait du bien à la terre de le laisser reposer pendant quelques années comme ça. Donc finalement, on remonte avec beaucoup de fraîcheur. Ça, c’est cool.
Ben sera en concert le 31 mai à Corbeil-Essonnes, le 23 juin à Trélazé, le 24 à Audun-Le-Tiche etc… Et à Paris le 13 décembre 2022.
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