Lundi 16 mai 2022, Elisabeth Borne a été choisie par Emmanuel Macron comme Première ministre dans son second gouvernement. L’ancienne ministre du Travail a un parcours politique très fourni et devient la première femme désignée à ce poste depuis 30 ans.

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Trois semaines après la réélection d’Emmanuel Macron, le gouvernement de son second mandat commence à se dessiner. Lundi 16 mai 2022, Jean Castex a posé sa démission et laissé la place à Elisabeth Borne. Celle qui a occupé le poste de Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion de 2020 à 2022 va désormais être à la tête du gouvernement français. Avant de rejoindre l’équipe du Président, la sexagénaire a eu un long parcours politique, qui a débuté dans les années 80. Elle a aussi une histoire familiale riche, marquée par la déportation de son père, Joseph Borne, pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que par son adolescence en tant que pupille de la Nation. Elle sera par la suite l’une des rares femmes à faire des études en école d’ingénieur à son époque, la première à devenir préfète de la région Poitou-Charentes, et désormais la seconde à être Première ministre de la France.

Un père résistant pendant la Seconde Guerre mondiale

Le père d’Elisabeth Borne, Joseph, était juif d’origine russe. En 1939, sa famille s’installe à Paris pour tenter de fuir les répressions. Tout jeune homme, il rejoindra la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, au côté de son frère Isaac. Selon Midi Libre, en 1940 la famille s’installe à Nîmes, dans la rue des Lombards. Mais les deux frères se font arrêter le 21 août 1942 et sont déportés au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Ils parviendront à s’en échapper. Mais leurs activités dans la résistance les feront arrêter une nouvelle fois le 25 décembre 1943, avec leur père et leur petit frère Albert, âgé de 13 ans. Ils seront tour à tour placés dans les camps de Drancy puis d’Auschwitz où Zelig (le père) et Albert seront gazés dès leur arrivée. Les deux survivants de la famille seront libérés par les soldats américains le 11 avril 1945. Après la guerre, il épousera Marguerite Lecesne, avec qui il aura deux filles : Elisabeth et Anne-Marie Borne. Naturalisé Français en 1950, Joseph Borne mourra en 1972.

Elle a été pupille de la nation

Lorsque son père meurt, Elisabeth Borne n’a que 11 ans. Elle se retrouve à vivre avec sa mère, pharmacienne, et sa sœur dans un foyer désargenté. Grâce aux actions passées de son père pendant la guerre, elle devient pupille de la Nation, un statut accordé aux enfants mineurs dont l’un des parents a perdu la vie en rendant service au pays. Elle confie cette partie triste de sa vie à Cyril Hanouna sur le plateau de 1 jeune 1 solution, le 21 mai 2021. « Ça n’a pas été toujours simple, j’ai perdu mon père quand j’étais très jeune, et on s’est retrouvées avec ma mère qui avait deux filles. On n’avait pas vraiment de revenus, j’étais pupille de la nation et donc j’ai pu faire mes études avec une bourse« , a-t-elle révélé.

Un mariage et un divorce

Elisabeth Borne est très pudique lorsqu’il s’agit de sa vie privée. La ministre aurait épousé Olivier Allix, un universitaire, spécialisé en génie mécanique, le 30 juin 1989. Le couple a eu un fils, Nathan dans les années 90. Ce dernier semble avoir suivi lui aussi un parcours universitaire brillant dans le droit, comme ses parents, bien qu’eux sont férus de sciences et de mathématiques. Ces derniers divorceront quelques années plus tard.

Surnommée « Borne-Out » à la RATP

En mai 2015, avant d’être nommée ministre chargée des Transports en 2017 dans le gouvernement d’Edouard Philippe, la sexagénaire accède à la tête de la RATP. À ce poste, elle n’a pas laissé que des bons souvenirs. Le Monde révèle qu’elle n’arrêtait jamais de travailler et avait le même niveau d’exigence pour ses employés. « Premier mail à 5 heures du matin, dernier à minuit », confie l’un d’entre eux. « A la RATP, on en connaît plus d’un qui sont sortis de son bureau en larmes. Elle y était surnommée ‘Burn-Out' », raconte un autre. Guillaume Pepy, le président de la SNCF, qui aura l’occasion de la croiser quelques fois dira d’elle qu’elle est « extraordinairement exigeante, mais c’est une exigence bienveillante et elle a une grande capacité d’écoute ». La nouvelle Première ministre a la réputation d’être parfois un peu dure. Le Parisien révèle qu’elle a également hérité du surnom « Madame Bornée » dans les couloirs de l’Elysée, en raison de ses difficultés à bouger ses lignes.

Elle est la première femme Première ministre en 30 ans

La France marque un tournant historique en choisissant d’investir Elisabeth Borne au poste de Première Ministre. En 30 ans, une telle nomination n’était pas arrivée. La dernière femme à avoir occupé ces fonctions était Edith Cresson. Après avoir initialement refusé la proposition de François Mitterrand, elle sera nommée le 15 mai 1991 à la tête du gouvernement. Elle sera particulièrement impopulaire durant son court mandat, survenu pendant les dernières années de gouvernance du quatrième Président de la Cinquième République. Dans une interview donnée au Journal du Dimanche le 14 mai 2022, elle n’a pas souhaité donner de conseils à la nouvelle ministre, mais a déclaré qu’il « lui faudra beaucoup de courage ». À l’annonce de la nomination d’Elisabeth Borne, elle a jouté que « ce qui est extraordinaire, c’est qu’on ait attendu aussi longtemps, et surtout qu’on en parle comme quelque chose d’extraordinaire ».

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