Le Salvador demeure l’un des derniers pays au monde à interdire l’avortement, en toutes circonstances. Donc même si la grossesse abrite un danger pour la santé de la femme enceinte ou du bébé. C’est inscrit dans son code pénal depuis 1998, qui prévoit pour les Salvadoriennes qui avortent des peines allant de deux à huit ans d’emprisonnement.

Dénoncée à l’hôpital

Accusée d’avoir voulu avorter, une Salvadorienne, dont l’anonymat a été préservé, a été condamné le 9 mai 2022 à 30 ans de prison, révèle Le Monde. Son « crime » ? Avoir fait une fausse couche, et d’avoir alors appelé les urgences, d’après le Collectif citoyen pour la dépénalisation de l’avortement, cité par le quotidien.

À l’hôpital, la femme qui venait de perdre son fœtus a été dénoncée à la police.

Le service international du Monde informe que l’avocate de la Sud-Américaine fera appel de cette insupportable décision de justice.

Faire une fausse couche et être jugée pour homicide aggravé

Si la loi salvadorienne indique que les femmes qui avortent encourent jusqu’à 8 ans de prison maximum, comment expliquer cette récente peine de trois décennies ?

Une autre avocate salvadorienne, membre du Collectif féministe pour le développement local, explique précisément au journal français l’édifiante raison. Ces femmes qui font une fausse couche, puis qui se rendent à l’hôpital, et qui y sont accusées d’avortement, sont parfois à un stade avancé de leur grossesse.

Dans ces cas, le jugement pour avortement se mue en une affaire d’homicide aggravé pour celles qui ont accouché d’un bébé mort-né. Et dans ce pays dans lequel l’Église catholique préserve un important pouvoir, elles risquent alors 30 à 50 ans de prison.

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Après la prononciation de telles peines, certaines parviennent à fuir leur pays et obtiennent l’asile.

180 femmes injustement emprisonnées ces 20 dernières années

Fin mars 2022, BFM rapportait qu’une autre Salvadorienne, condamnée elle aussi à trente ans de prison pour une fausse couche qualifiée d’homicide aggravé, avait été libéré après 13 ans et cinq mois de prison, grâce au soutien et à la pression exercée par la communauté internationale. 

Depuis 2015, aucune pareille condamnation n’avait été prononcée par la justice salvadorienne. Celle qui date du 9 mai 2022 est donc la première depuis l’arrivée au pouvoir en 2019 du Président Nayib Bukele, qui affirmait pourtant, lorsqu’il était en campagne, être favorable à la dépénalisation de l’IVG en cas de danger pour la femme enceinte.

D’après le Collectif féministe pour le développement local, relayé par Le Monde, plus de 180 femmes ayant fait une fausse couche ont été condamnées à des peines de prison au Salvador en 20 ans.

Une dizaine de ces femmes sont encore en détention.

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