En France, depuis la promulgation de la loi du 2 mars 2022, le délai légal pour avoir recours à l’IVG, est de 14 semaines de grossesse. Un allongement de deux semaines qui vise à « lutter contre les inégalités”, en faisant appliquer l’avortement « partout et pour toutes, sur le territoire français », comme l’expliquait la députée écologiste Albane Gaillot à France Info, le 29 novembre 2021.

Une « excellente nouvelle » pour la co-présidente du Planning familial, Sarah Durocher, qui modère toutefois son enthousiasme : avorter à 14 semaines, « ce n’est pas l’idéal ». Le Planning familial reçoit tous les jours des femmes ayant dépassé le délai légal, observe-t-elle. 

Avorter après 14 semaines : vers qui se tourner ?

14 semaines de grossesse et 16 semaines d’aménorrhées, c’est une façon plus médicale de dire que l’IVG est autorisée jusqu’au quatrième mois de gestation.

S’il peut paraître long pour des personnes en pleine santé physique, mentale et économique, « c’est véritablement court pour de nombreuses femmes qui n’avaient ni prévu de tomber enceinte ni de subir un avortement”, affirme Sarah Durocher. 

« Certaines de ces femmes dépassent le délai parce que parfois, elles ne savent même pas qu’elles sont enceintes. Quand on est victime de violences sexuelles par exemple, on regarde beaucoup moins son corps”. D’après la militante, ce délai encore “trop court” pousse bon nombre de femmes à garder un enfant qu’elles ne désirent pas.

« Pour les plus démunies, elles risquent d’aller sur Internet, pour savoir comment se faire avorter toutes seules. Certaines vont se faire tomber dans les escaliers, ou se mettre de l’eau de javel dans l’utérus« , alerte-t-elle. 

Certaines de ces femmes dépassent le délai parce que parfois, elles ne savent même pas qu’elles sont enceintes.

Alors, en cas de délais dépassés, Sarah Durocher conseille en tout premier lieu à ces femmes de ne pas rester seules. “Je leur recommande de se rapprocher d’un des 74 centres du Planning familial, qui sont des lieux sans jugement, safe et sécurisant. Sinon, les hôpitaux publics peuvent fournir un accueil de qualité ».

Pour celles qui auraient des contraintes de déplacement, le numéro anonyme et gratuit du gouvernement 0800 08 11 11 permet de poser toutes les questions sur les sexualités, la contraception et l’IVG, rappelle Sarah Durocher. 

Avorter à l’étranger : un coût financier important

Même si le soutien psychologique est primordial, le Planning familial veut pouvoir offrir de vraies solutions aux femmes qui ont dépassé les délais légaux français d’avortement. Et pour la co-présidente de l’association féministe, il n’y en a pas beaucoup.

“On estime qu’entre 3000 et 5000 femmes françaises partent se faire avorter à l’étranger chaque année”, partage Sarah Durocher. 

Dans le monde, le délai légal est loin d’être uniforme. Rien qu’en Europe, le délai le plus court de recours à l’IVG est à 10 semaines pour le Portugal et la Slovénie, tandis qu’il s’élève à 24 semaines d’aménorrhées aux Pays-Bas et en Angleterre. En Espagne, le délai de 14 semaines peut être allongé à 22 semaines, lorsque la grossesse expose la femme enceinte à un risque physique ou psychique.

Entre 3000 et 5000 femmes françaises partent se faire avorter à l’étranger chaque année.

Pour la co-présidente du Planning Familial, partir avorter à l’étranger est presque la seule solution qui puisse véritablement s’offrir aux femmes ayant dépassé les délais d’IVG. Une alternative qui coûte très cher. « Elles doivent payer entre 1000 et 2000 euros pour se faire avorter. C’est loin d’être accessible à toutes », déplore Sarah Durocher.

Elle encourage alors les femmes à se tourner vers le Planning le plus proche de chez elles, afin de discuter des éventuelles aides qui pourraient les aider à financer ce voyage.

L’interruption médicale de grossesse : autorisée si justifiée

Sarah Durocher évoque également l’interruption médicale de grossesse (IMG). Au contraire de l’IVG chirurgical, l’avortement dit « thérapeutique » peut être pratiqué à tout moment de la grossesse, mais est bardé de conditions.

Un IMG peut être réalisé, si la grossesse “met gravement en danger la santé de la femme enceinte”, ou “s’il y a une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité, reconnue comme incurable au moment du diagnostic”, détaille l’Assurance maladie. 

“Un collège de plusieurs médecins doit analyser la situation de la femme et décider de lui délivrer ou non une attestation médicale autorisant l’IMG. C’est donc très aléatoire et assez incertain, car sa parole ne sera pas considérée dans ce choix”, prévient Sarah Durocher. 

Depuis le 1er août 2020, un amendement de la loi bioéthique a élargi l’accès à l’avortement thérapeutique. Désormais, les femmes en situation de danger personnel, de violences, de difficultés psychologiques majeures ou d’extrême précarité peuvent, a priori, demander à avorter, à tout moment de leur grossesse.

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