Les accusations s’accumulent. Le Dr Benjamin Azoulay, spécialiste en chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice, est accusé par six femmes, dont deux candidates de télé-réalité, de graves manquements et complications après des opérations et des injections.
Photos et examens à l’appui, elles dénoncent dans Le Parisien ce jeudi 5 mai 2022, des interventions « ratées », « un docteur inhumain », qui opérerait dans un état « second ».
Médiatisation de l’affaire par les candidates Luna Skye et Émilie Amar
Les pratiques de ce chirurgien, suivi par plus 50 000 personnes sur son compte Instagram, où il fait la promotion de son travail, ont été vigoureusement dénoncées par deux candidates de téléréalité. Grâce à leurs nombreux abonnés sur Instagram, leur témoignage a pu avoir un certain retentissement.
Cette pratique est totalement déconseillée. Il y a un risque d’embolie qui peut être mortelle.
Luna Skye a raconté avoir fait huit séjours à l’hôpital, dont deux en soins intensifs, après des injections de Hyacorp, un gel d’acide hyaluronique pour galber son fessier. « L’IRM a montré que le Docteur Azoulay m’avait injecté du produit dans les muscles », accuse la jeune femme.
« Cette pratique est totalement déconseillée. Il y a un risque d’embolie qui peut être mortelle » a rappelé Éric Plot, membre de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (Sofcep).
Le lieu n’était pas stérile mais il répétait qu’il n’y avait aucun risque.
Luna Skye explique au quotidien avoir reçu ces injections en juin 2021, dans des conditions strictement interdites en France : « Lors d’un anniversaire dans une villa à Dubaï, le docteur était parmi les invités, je ne le connaissais pas. Le lendemain, il devait faire des injections à une amie. Il lui restait du produit, il m’en a proposé. J’ai hésité, le lieu n’était pas stérile mais il répétait qu’il n’y avait aucun risque. Il m’a injecté dans une des chambres ».
« Il faut des conditions d’hygiène minimale », rappelle le ministère de la Santé au Parisien. Luna confie être depuis « bousillée par la maladie », dont elle n’est toujours pas guérie.
Une autre ex-candidate de téléréalité et influenceuse est montée au créneau pour dénoncer les pratiques du Dr Benjamin Azoulay. Émilie Amar a souffert d’une grave infection, elle aussi causée par le Hyacorp. Le chirurgien lui a aussi prescrit des antibiotiques et des corticoïdes à distance et sans consultation, auxquels elle est devenue accro.
Elles ont chacune des séquelles physiologiques et psychologiques.
« Je vis tout ça comme une injustice », confie la jeune femme au Parisien.
Malgré les graves faits dénoncés et la médiatisation de l’affaire, le Dr Benjamin Azoulay, qui continue d’exercer, fait toujours la promotion de ce gel d’acide hyaluronique, le Hyacorp.
Comme le précise le média régional, les deux femmes se sont rapprochées d’un avocat. « Elles ont chacune des séquelles physiologiques et psychologiques », explique au Parisien Me Jean-Louis Saves, spécialiste en réparation corporelle et indemnisation des victimes. « Soit on tombe sur une solution à l’amiable, soit on désignera un expert judiciaire », rapporte-t-il.
Des témoignages choquants
D’autres femmes, sans notoriété, se sont joints à ce mouvement. Elles sont 4, pour le moment.
Le quotidien a recueilli le témoignage de Cindy, 26 ans. Complexée par son nez, elle se fait opérer par le Dr Benjamin Azoulay, en février 2021. Après son opération, sa narine droite se retrouve « de travers », et un an plus tard, elle a de véritables difficultés à respirer.
Elle subit une nouvelle intervention en Tunisie. Au bloc, le praticien « n’en revenait pas. La peau de mon nez était collée à l’os« , explique Cindy.
Ça venait de ma poitrine ! Il y avait du pus. La nécrose avait mangé un de mes tétons.
Magda, 30 ans, raconte, elle, une opération de la poitrine qui a mal tourné. Après la première intervention, elle constate avoir « un sein plus haut que l’autre ». À la suite de la seconde, elle se réveille d’une sieste avec une odeur « nauséabonde ». « J’ai mis du temps à comprendre… Ça venait de ma poitrine ! Il y avait du pus. La nécrose avait mangé un de mes tétons. »
Léa [Le prénom a été modifié, NDLR], 28 ans, témoigne de complications post-opération. Alors qu’elle a subi une intervention pour réduire ses lèvres de la vulve qu’elle jugeait « trop grandes », la nuit de l’opération, Léa fait une hémorragie.
Elle est aidée par les infirmières, le chirurgien est prévenu et doit revenir à l’aube. Léa se souvient l’avoir attendu jusqu’à 16 heures, à jeun et angoissée, pour repartir au bloc. Mais, d’après elle, « quand il est arrivé, il était complètement stone« . « Dans ma chambre, il m’a enlevé les points de suture sans anesthésie et il a appuyé fort sur les caillots de sang pour tout faire sortir. Ensuite, il a refermé et fait de nouveaux points, toujours sans anesthésie. »
« Je me suis demandée comment un chirurgien pouvait infliger une telle souffrance », se souvient Léa. Une pratique non-condamnable, mais « quand on peut, on essaie de faire autrement », précise Éric Plot, membre de la Sofcep.
Condamné par la profession à deux reprises
Contacté par Le Parisien, le Dr Benjamin Azoulay réfute ces accusations et parle de « vendetta ».
Concernant ces problèmes en aval de ses opérations, il répond : « Je ne suis pas Dieu. Cela fait partie du métier. Il n’y a pas un chirurgien qui n’a pas connu de complications dans sa carrière ».
Benjamin Azoulay a déjà été condamné deux fois par la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins. Entre 2017 et 2018, il est interdit pendant deux ans, dont un avec sursis, d’exercer pour avoir à plusieurs reprises « violé le secret médical et déconsidéré la profession », rappelle le quotidien régional. Plusieurs interventions avaient été filmées pour des émissions de télévision et un blogueur.
En France, la publicité pour la médecine est interdite.
Rebelote en février dernier, révèle Le Parisien. Le chirurgien est sanctionné d’un mois avec sursis pour des raisons similaires. Mais l’Ordre des médecins a fait appel et en attendant, il peut continuer à exercer.
Aucune poursuite judiciaire n’a encore été entamée contre Benjamin Azoulay concernant les accusations de ces six femmes. Aucune n’a encore déposé plainte.
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