Sous la cuirasse d’un chef d’entreprise en déshérence, Jacques Weber livre une composition vibrante dans cette saison 2 d’En thérapie, à suivre le jeudi à 20 h 55 sur Arte. Une fiction dans laquelle sa réalité a repris ses droits.

Télé Star : Comment avez-vous fait pour laisser émerger votre propre expérience d’analysé, tout en respectant le cadre de la série ?

JACQUES WEBER : Si je le savais, ça ne serait plus rigolo du tout ! Ce que je constate, c’est qu’il y a eu des glissements de terrain terribles. Au théâtre, lorsqu’on interprète un grand rôle, le moment le plus intéressant, c’est le «malgré soi». Or il ne peut exister qu’après un travail acharné. C’est uniquement à cette condition que, quelque fois, quelque chose vous échappe. C’est ce qui s’appelle la grâce, non ?

Le fait d’entendre le texte dans une oreillette n’entrave-t-il pas la spontanéité ?

C’est tout le contraire ! Un ORL m’a expliqué ça. Il n’y a pas un millième de seconde entre le moment où on reçoit la phrase et celui où on la joue. Comme le cerveau est libéré du problème de la mémoire, il reçoit le truc et il y va. J’ai demandé une oreillette car je connaissais les limites de ma mémoire, comme un menuisier réclamerait une machine spéciale car il lui manque deux doigts. À partir de là, j’ai fait mon boulot. Depardieu fait ça très bien. L’essentiel, c’est le résultat.

Vous qui vous y êtes confronté, comment définiriez-vous la psychanalyse ?

Elle permet tout simplement de vivre en allant chez une «pute de la pensée» (sic) pour éjaculer les siennes. Ça va beaucoup mieux après.

Restons dans la psychanalyse… Pensez-vous que votre fils Stanley a dû «tuer le père» pour embrasser, comme vous, la carrière de comédien ?

Grâce à leur mère, j’ai trois enfants parfaitement équilibrés, doués, intelligents, beaux. J’ai un vrai problème avec mon fils Stanley, qui a choisi de faire le même métier que moi. Je crois que lui — comme moi — souffre de la nécessité absolue de se séparer de son père, de l’oublier. Chaque fois que je le sollicite pour un projet — non parce qu’il est mon fils, mais parce qu’il peut être un comédien formidable — il me répond : "Je préfère que tu restes mon papa." C’est l’une des plus belles phrases que j’aie entendues dans ma vie.

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