Alors qu’il devrait prochainement être jugé par le tribunal judiciaire de Paris pour « harcèlement sexuel », « travail dissimulé », et « corruption de mineur », Jean-Marc Morandini est impliqué dans une nouvelle affaire qui concerne à nouveau un mineur.
Cette affaire, celle d’un homme condamné pour agression sexuelle sur son filleul, mineur de plus de 15 ans, a d’abord été révélé par Sud Ouest, en septembre 2021. L’article en question survole une information révélant la proximité de l’accusé avec Jean-Marc Morandini. Dans les échanges entre les deux hommes, où ils évoquent le passage à l’acte du parrain, Jean Marc Morandini demande implicitement à l’agresseur de recevoir des photos du mineur dénudé.
Mediapart a enquêté sur ce versant de cette affaire criminelle et révèle en détails, ce mercredi 4 mai 2022, les échanges entre Arnaud C., 42 ans, et Jean-Marc Morandini.
Arnaud C. a agressé sexuellement son filleul de 16 ans
Les faits condamnés se déroulent en été 2017. Arnaud C. part en vacances à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) avec son filleul de 16 ans, Jérémy [Le prénom a été modifié, NDLR].
À la suite de la compétition de triathlon de l’adolescent, ils rentrent à l’hôtel. Une même chambre avec un grand lit double et un lit simple en hauteur.
Comme souvent après une compétition, Jérémy demande à son parrain de lui masser les mollets. Mais, comme le révèle le jeune homme lors de son audition aux policiers, Arnaud C. a « massé ses cuisses jusqu’en haut, en roulant son caleçon, à l’occasion de quoi il lui avait touché le sexe », précise Mediapart. Puis ils dorment chacun dans un lit séparé malgré l’invitation d’Arnaud C. à partager le même.
Deux jours plus tard, nouvelle agression : Arnaud C. propose une massage à Jérémy. Ce dernier accepte à la condition qu’il s’arrête au mollet. « Là encore, Arnaud C. passe outre et touche le ventre du garçon, puis son sexe, et lui demande s’il peut le masturber« , détaille le média d’investigation.
Le filleul refuse et part se coucher. Mais quelques instants après, son parrain revient à la charge dans sa chambre. Il lui touche le sexe et lui propose une fellation. Après les nombreuses insistances d’Arnaud C., Jérémy appelle ses parents et fui pour attendre la police plus loin. Les agents le retrouve pieds et torse nus dans la rue, et interpellent ensuite son parrain.
Arnaud C. a été poursuivi pour « agression sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans par une personne ayant autorité sur la victime » et « corruption de mineur ». Il a fini par avouer en garde à vue. Il est condamné en octobre 2021 à 24 mois de prison avec sursis probatoire et une interdiction définitive d’activité professionnelle ou bénévole au contact de mineurs. Il a aussi été inscrit au Fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) et a dû verser une indemnité de 4 700 euros à la victime.
Arnaud C. et Jean-Marc Morandini : des échanges glaçants
Dans cette affaire, l’enquête policière et le procès ont révélé la proximité et les nombreux échanges entre Arnaud C. et Jean-Marc Morandini.
Entre mai et août 2017, les deux hommes ont échangé une centaine de messages, principalement sur via l’application Whatsapp, selon rapport d’expertise consulté par Mediapart.
Ils discutent du séjour de l’animateur aux États-Unis, des élections présidentielles. Jean Marc Morandini lui confie avoir une relation avec un jeune de « 18 ans » et détaille les pratiques sexuelles qu’il a avec ce dernier.
Puis la conversation vire très rapidement sur les envies d’Arnaud C. de séduire son filleul pendant les vacances, en précisant bien qu’il n’a que 16 ans. Il y détaille ce qu’il veut lui faire sexuellement, détaille le site d’informations qui révèle l’affaire.
« Tu m’enverras les photos de tes vacances », lance Jean-Marc Morandini. « Oui oui bien sûr. On part ce week-end. Il sait pas mais la première nuit à l’hôtel y’a qu’un lit 2 places donc il va devoir dormir avec moi », répond Arnaud C. Cette nuit évoquée est celle de l’agression sexuelle pour laquelle le parrain sera condamné, rappelle Mediapart.
Les échanges continuent et l’animateur de CNews reçoit des photos de l’adolescent, prises à son insu, comme celle de son entrejambe habillé, cadré de très près. Cela ne semble pas gêner Jean-Marc Morandini, au contraire.
Une photo de Jérémy en train de se doucher est aussi envoyé. « Il prenait une douche dans un endroit public, donc en calbut », écrit l’homme de 42 ans. Ce à quoi le présentateur répond : « Beh fo enlever lol (sic) ».
Les messages, à peine implicites, continuent : « Je crois que ce que je vois », envoie à plusieurs reprises Jean-Marc Morandini quand Arnaud C. lui dit que son filleul a enlevé son caleçon la nuit précédente. « J’espère qu’il voudra se laisser photographier nu mais t’inquiète je t’envoie ça quand j’en ai », lui promet Arnaud C.
Dans l’ordonnance de renvoi consulté par Mediapart, il est précisé que les échanges entre Arnaud C. et Jean-Marc Morandini – et ceux aussi avec un autre homme, Alexis C – « ne laissent aucun doute quant au désir du mis en examen d’avoir une relation sexuelle avec le jeune adolescent. »
Jean-Marc Morandini ne sera pas inquiété
Malgré ces nombreux messages, Jean-Marc Morandini ne sera jamais inquiété, ni auditionné ou entendu par les enquêteurs dans cette affaire. Pourtant, de nombreux proches d’Arnaud C. ont été auditionnés, comme cet Alexis C.
Une tournure qui a été dénoncée et regrettée au procès d’Arnaud C.
Je trouve invraisemblable que la juge d’instruction n’ait pas saisi le parquet pour enquêter davantage sur Morandini.
« On voit bien que dans cette affaire, il y avait des contributions extérieures qui ont conforté Arnaud C. à passer à l’acte. Il y avait clairement matière à élargir l’enquête sur des personnes qui partageaient, semble-t-il, les mêmes tendances », a confié Me Élodie Garaffa, avocate de la victime, à Mediapart.
« Je trouve invraisemblable que la juge d’instruction n’ait pas saisi le parquet pour enquêter davantage sur Morandini », appuie le deuxième avocat de Jérémy, Me Fabien Wacquez.
« Dire ‘faut l’enlever’ à propos d’une photo du garçon en caleçon, c’est très clairement demander à recevoir des photos d’un mineur dénudé, estime-t-il. Je ne comprends toujours pas pourquoi le parquet n’a pas cherché à entendre Morandini, au moins à l’occasion d’une audition libre pour éclaircir tout ça. »
Le procureur, du même avis, a déclaré à l’audience : « C’est un dossier qui aurait pu prendre une ampleur colossale ». L’avocat d’Arnaud C., Me Nouhou Diallo a également regretté qu’aucune autre personne n’ait été poursuivie. « Oui, celui-là, vous allez le condamner, mais il baigne dans un milieu où on recherche la chair fraîche ».
Contacté par Mediapart, Jean-Marc Morandini affirme « ne pas du tout le connaître » et n’avoir « aucun souvenir de ça ». Concernant notamment les incitations à recevoir des photos du mineur dénudé il rétorque : « Franchement, je ne sais plus du tout. Ça ne me rappelle rien ». « Je découvre toute cette histoire, aucun commentaire », conclut-il.
Arnaud C. confirme pourtant à Mediapart le connaître et avoir travailler pour lui : « J’étais chargé de la modération de son site mais je le faisais à titre bénévole ».
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