« Le gris, c’est très surfait ». C’est ce que répond un témoin de l’accusation lorsque l’avocate qui défend James Whitehouse, un politicien britannique accusé de viol, lui fait remarquer qu’elle voit les choses en noir ou blanc, pas en gris.
Le gris, ou les zones grises, sont pourtant au cœur de la série Anatomie d’un scandale, une mini-série de six épisodes, que diffuse Netflix actuellement et qui est depuis 15 jours parmi les séries les plus vues sur la plateforme.
Et plus précisément les zones grises autour du consentement lors d’un rapport sexuel. Celle qui accuse de viol James Whitehouse (Rupert Friend), ministre de l’Intérieur conservateur, c’est Olivia Lytton (Naomi Scott), l’une de ses attachées parlementaires. Les deux ont eu une liaison pendant cinq mois. L’homme politique, qui est par ailleurs marié à Sophie (Sienna Miller), y met fin. Mais peu de temps après, un moment de tension au cabinet du ministère pousse les deux dans les bras l’un de l’autre. Olivia Lytton affirme avoir signifié que passés les premiers baisers, elle ne souhaitait plus de relation sexuelle et que Whitehouse l’a pénétrée contre son gré. Ce dernier dément et prétend que son employée souhaitait bien cette relation sexuelle.
L’exploration des « zones grises »
Comme souvent lors des affaires de viol, le procès finit par se résumer à parole contre parole. Pourtant, la procureure Kate Woodcroft (Michelle Dockery) semble bien décidée à prouver que James Whitehouse ne pouvait pas « raisonnablement croire » – selon les termes de la loi britannique – qu’Olivia Lytton était consentante. Mais la magistrate, qui a elle aussi ses propres « zones grises », parviendra-t-elle à convaincre les jurés ?
Cette série politico-judiciaire, adaptée du best-seller éponyme de la romancière Sarah Vaughan, est signée David E. Kelley et Melissa James Gibson. Vous connaissez sans doute le nom du premier. On lui doit des séries emblématiques comme The Practice, Ally McBeal, Big Little Lies ou plus récemment The Undoing. Melissa James Gibson était quant à elle l’une des showrunneuses de House of Cards.
Impunité et entre-soi
Comme dans The Undoing, Anatomie d’un scandale explore la thématique du crime dans les classes ultra-favorisées et le sentiment d’impunité qui peut prévaloir chez ces dernières. Au delà des questions posées par l’accusation de viol, on pense aussi au Premier ministre actuel Boris Johnson et à son école, la prestigieuse Eton, souvent accusée de favoriser un entre-soi des privilégiés au sein de la classe politique britannique.
Si la réalisation ne fait pas toujours dans la subtilité (notamment les flashbacks flous/au ralenti un peu pénibles) et que l’un des gros rebondissements de la série est un peu trop gros pour être crédible, l’ensemble est sauvé par un cast efficace, Rupert Friend (Homeland, Orgueil et préjugés) et Michelle Dockery ( inoubliable Lady Mary Crowley dans Downton Abbey) en tête. Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, Anatomie d’un scandale permet de continuer à parler de consentement. Ce qui, contrairement au gris, n’est jamais surfait.
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