• Ador est un peintre d’origine nantaise âgé de 37 ans.
  • Il est surtout connu pour ses fresques habitées de personnages à long nez.
  • Son travail, apprécié bien-au delà de la France, se découvre dans une monographie de 240 pages.

Ses personnages animaliers sympathiques, ses bonshommes à gros yeux et long nez, s’exposent dans le monde entier, de Paris à Grenoble, de Londres à Montréal, de Shanghai à Los Angeles, en passant par la Palestine et Madagascar. Mais c’est surtout à la Réunion et à Nantes, d’où il est originaire, que les fresques murales d’Ador sont les plus visibles. Agé de 37 ans, leur auteur, qui vit toujours dans la banlieue nantaise, a réuni 18 années de peintures dans une monographie intitulée Olibrius, un beau livre de 240 pages mis en vente à l’arrivée du printemps. « Dix-huit ans c’est l’âge de la majorité. C’est le bon moment pour faire un point, à la fois anarchique et rangé », raconte Ador.

La monographie d'Ador s'intitule Olibrius.

Le trentenaire, qui cultive la discrétion sur sa vie personnelle et préfère cacher son visage dans les médias, a découvert le graff à la fin du lycée. « J’étais attiré par cette culture en plein engouement. Qui étaient ces gens qui s’acharnaient à dessiner comme ça aux yeux de tous ? Je suis allé voir et j’y ai vite pris goût. » Il s’achète un stock de bombes et répond à un premier appel à projets, « une scène de personnages sur la façade d’une mairie ». Les projets s’enchaînent, son style, tout en rondeur, s’affirme et, en parallèle, Ador intègre l’école des beaux-arts où il multiplie les rencontres artistiques mais ne reçoit aucun encouragement de l’institution à persévérer dans le street art. « C’était un peu de la sous-culture pour eux. On me disait que je ne pourrai pas en vivre. Ça m’a motivé encore plus. »

« Ce qui me motive c’est le burlesque, amuser la galerie »

Ador est aujourd’hui « hypersollicité » pour des commandes publiques et privées, que ce soit pour des festivals, un musée, une galerie ou des peintures sur un bâtiment. Souvent en solo, parfois en collaboration, à l’image des nombreuses fresques réalisées avec Semor à Nantes. « Je suis comme un enfant qui cherche à raconter des histoires. J’ai des personnages qui reviennent souvent comme le pingouin ou le poussin Je rebondis parfois sur des sujets d’actualité mais ce qui me motive c’est le burlesque, l’absurde, amuser la galerie. »

Le dessinateur Ador, ici dans son atelier.

Son travail l’amène de temps en temps à peindre sur des supports monumentaux, jusqu’à 18 m de haut, à la nacelle. « Une fois lancé c’est assez rapide, généralement deux ou trois jours maximum. Mais tout est décidé et calculé à l’avance en atelier, les couleurs, les proportions, les perspectives. Au début j’avais un peu le vertige mais, avec l’expérience et la concentration, ça va mieux. »

« Quand j’ai fini une fresque, elle ne m’appartient plus »

Celui qui se dit « troublé » par les dessins de Jérôme Bosch ou de Tomi Ungerer apprécie aussi les interactions de la rue. « Quand on peint dehors, il y a de suite des échanges avec le public. C’est différent d’une galerie où les gens doivent pousser la porte pour te rencontrer. Certains me disent qu’ils trouvent ça insupportable. D’autres posent des questions ou disent merci. C’est une belle récompense. » La dimension éphémère du street art, la possibilité d’être recouvert par un tag ou une autre œuvre, ne l’effraie pas plus que ça. « Ça fait partie du truc. Quand j’ai fini une fresque, elle ne m’appartient plus. Il faut que ça vive. C’est aussi pour ça qu’on l’immortalise par la photo. Ou par un livre comme celui-ci. »

Où en sera Ador dans 18 ans ? Aura-t-il une autre monographie, encore plus riche, à présenter ? « Je ne me projette pas jusque-là, confie-t-il. Même si tout cela est un jeu, ça demande tout de même de l’exigence et beaucoup d’énergie. Dès fois j’ai l’impression d’arriver au bout, d’autres fois ça me paraît intarissable. » En attendant, ses prochains travaux le mèneront à Paris, à Chicago et à Nantes, encore une fois. « L’idée c’est d’être vivant et de le faire savoir. »

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