Elles sont fréquentes chez la femme passé 45 ans. Mais ce n’est pas une raison pour les ignorer. Les différentes causes et prises en charge avec le Dr Geoffroy Robin.
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Tiraillements inconfortables, ou parfois même franchement douloureux, crampes brutales ou lancinantes, ces douleurs dans le bas du ventre peuvent être ponctuelles ou cycliques et revenir tous les mois. Elles peuvent aussi surgir une fois la ménopause installée. Quels que soient vos symptômes, pensez à consulter pour en retrouver l’origine et entamer le traitement adéquat.
En pré-ménopause : nos hormones sont en cause
Le corps se prépare à l’arrêt définitif des règles qui intervient en moyenne 5 ans plus tard. Cette période est marquée par une certaine anarchie hormonale.
Des ovaires trop actifs
L’hyperœstrogénie, une augmentation du taux d’œstrogène par rapport à celui de la progestérone, stimule fortement les ovaires qui peuvent alors produire plusieurs ovules (jusqu’à 3, voire 4) au lieu d’un seul. « Les douleurs sont très fortes, brutales et fugaces, et peuvent revenir tous les mois, en général en milieu de cycle, et durer 24h« , note le Dr Geoffroy Robin, gynécologue médical au CHU de Lille.
Le traitement
Une contraception à base de progestérone (micro-pilule ou implant), sans œstrogène, qui agit en bloquant l’ovulation. Dans des cas plus rares, le gynécologue peut proposer du Luteran®, un macroprogestatif. Le suivi est alors plus rapproché en raison d’un risque, rare mais réel de méningiome, une tumeur cérébrale bénigne pouvant apparaître dans la première année qui suit le traitement. Une IRM cérébrale de contrôle est donc prescrite au bout d’un an. S’il n’y a pas d’anomalie constatée, le traitement peut être poursuivi durant 4 ans.
Un fibrome qui grossit
Cela déclenche un inconfort, voire des douleurs. Plus grave, en prenant du volume, le fibrome peut, dans certains cas, comprimer ses vaisseaux nourriciers. Privé d’oxygène, il subit alors une nécrose interne (nécrobiose), avec de très fortes douleurs à la clé.
Le traitement
En cas de nécrobiose, des médicaments antalgiques s’avèrent nécessaires, voire une hospitalisation passagère le temps que la douleur cesse. Une myomectomie (ablation du fibrome) ou une hystérectomie (ablation de l’utérus) peuvent s’imposer en cas de fibrome volumineux.
Une endométriose ou une adénomyose qui se réveillent
La première se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus (appelée endomètre). La seconde est une forme spécifique d’endométriose, qui se loge dans le muscle utérin. Ces maladies, qui se déclarent généralement dès les premières règles ou chez la femme jeune, sont rythmées par le cycle et risquent d’être intensifiées en périménopause.
Le traitement
« Il convient de lisser les fluctuations hormonales, en bloquant les sécrétions d’œstrogène et l’ovulation : avec du Diénogest® en première intention ou, en cas d’échec, du Luteran®« , note notre expert.
A la ménopause : des complications « mécaniques »
Une fois la ménopause installée, les douleurs ne sont plus causées par les fluctuations hormonales. Mais de nouvelles causes d’inconfort peuvent apparaître.
Un kyste sur les ovaires
Il peut provoquer des tiraillements dans le bas ventre, voire des saignements.
Le traitement
« Ces symptômes doivent amener à consulter rapidement pour effectuer une échographie de contrôle. Dans de très rares cas, le kyste peut être précancéreux ou cancéreux et un diagnostic rapide s’impose. Mais le plus souvent, il est bénin. S’il est très volumineux, une ablation chirurgicale sous cœlioscopie peut être proposée« , précise le gynécologue.
Un prolapsus ou descente d’organes
En raison de la carence hormonale, les muscles et les ligaments du petit bassin peuvent se relâcher. Les organes gynécologiques, moins bien soutenus, risquent de « chuter ». Cela ne provoque pas de douleur à proprement parler, mais plutôt un inconfort, une sensation de pesanteur dans le bas ventre, une incontinence.
Le traitement
La réponse dépend de l’importance de la ptose : la rééducation périnéale ou le port d’un pessaire (dispositif intra-vaginal qui exerce une pression sur les parois du vagin et remonte ainsi les organes gynécologiques) sont généralement suffisants. Mais certains prolapsus plus importants peuvent nécessiter une chirurgie de reconstruction pelvi-périnéale.
Ce n’est pas toujours gynéco !
Le bassin féminin contient de nombreux organes (vessie, utérus, côlon…) et s’avère très richement innervé. Certaines douleurs pelviennes peuvent être déclenchées par des causes non gynécologiques telles que des cystites, des colopathies ou des problèmes ostéo-articulaires (blocages des sacro-iliaques ou de la symphyse pubienne, arthrose de la hanche…). Les réponses seront donc appropriées : antibiotiques, modification du régime alimentaire, ostéopathie, phytothérapie…
Les plantes à la rescousse
Certaines plantes, dites « progestérone like », peuvent aider à contrebalancer l’hyperœstrogénie de la périménopause : principalement le gattilier, l’alchémille et la racine d’igname. Elles doivent être prises en seconde partie du cycle, après l’ovulation, pendant une durée de 3 à 6 mois. Demandez conseil à un professionnel de santé ou à un naturopathe.
A lire : Le Guide Terre Vivante de la santé au féminin de Helga Ell-Beiser.
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Les témoignages des lectrices
"Le plus dur ? Accepter que cette maladie, c’est pour la vie"
Je souffre de douleurs aux ventre depuis longtemps. J’ai vu plusieurs médecins, mais on ne me trouvait rien. Généralement, on mettait cela sur le compte du stress. Mais il y a 1 an et demi, j’ai eu une très grosse crise de douleur, tellement intense que j’ai fini à l’hôpital. Ils ont pensé à l’appendicite, mais ce n’était pas ça… On m’a donc renvoyée chez moi.
Heureusement, mon médecin traitant s’est penché sur le sujet et m’a envoyée voir une gynécologue spécialiste de l’endométriose. Cette dernière m’a posé plusieurs questions, et après avoir vu que j’avais plusieurs symptômes (douleurs au bas ventre, pendant les rapports sexuels…) elle m’a fait passer un IRM et le diagnostic est tombé : je suis atteinte d’endométriose.
Mes symptômes : Au début, l’endométriose se manifestait principalement par des douleurs au ventre et pendant les rapports sexuels. Avec le temps, des problèmes digestifs (diarrhée, constipation tous les jours) se sont ajoutés. Les douleurs sont devenues de plus en plus intenses, au point que je suis souvent absente au lycée : c’est très handicapant, j’ai du mal à suivre les cours, je suis très fatiguée… heureusement j’ai des professeurs très compréhensifs.
Aujourd’hui, l’effet secondaire qui m’handicape le plus est celui qui concerne les rapports sexuels, ils sont presque impossibles, et c’est quelque chose qui m’affecte beaucoup. C’est très dur de devoir se retenir alors qu’on en a envie… Aussi, il est important de ne pas oublier que le traitement qui est donné pour éviter l’aggravation de la maladie (généralement la pilule contraceptive) a des effets secondaires pour le moins indésirables ! Personnellement, après avoir testé 5 pilules, j’ai eu droit à des boutons, des cheveux gras, +7kg sur la balance, une baisse de libido, des changements d’humeurs incontrôlables…
Dans mon quotidien, l’endométriose m’impacte vraiment, que ce soit dans ma relation amoureuse, ma vie professionnelle, mais aussi financièrement.
Mes solutions : Je n’ai pas de méthodes efficaces contre les douleurs, la pilule n’empêche pas mes douleurs, aller voir une ostéopathe ou autre ne m’a pas fait grand chose… À vrai dire, et les médicaments me soulagent, mais me donnent mal à l’estomac donc je n’en prend qu’en dernier recours en cas de grosses crises de douleurs. Ce qui m’aide à me sentir mieux est moins "scientifique" et plus personnel : mon entourage, particulièrement ma mère et mon petit copain, qui me soutiennent énormément, et c’est ce qui m’aide à tenir quand je souffre, je pense tout simplement très fort à eux, en me disant que je dois me battre pour vivre et être heureuse.
Mes conseils aux autres femmes : Je pense qu’il est important de se recentrer sur soi-même, d’arriver à s’aimer et à apprécier notre corps malgré ce qu’il nous fait endurer. Ce qui a été le plus dur pour moi, c’est d’accepter que cette maladie, c’est pour la vie, et si je peux donner un conseil aux femmes atteintes d’endométriose et plus particulièrement qui viennent de l’apprendre, c’est de ne pas ignorer ce qui nous arrive, de l’accepter et de trouver la manière dont on peut vivre avec l’endométriose.
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