Alain Chamfort, auteur, compositeur et chanteur passe cette semaine, avec nous, dans Le monde d’Elodie pour revenir sur les moments marquants de sa carrière à travers cinq de ses chansons incontournables. Depuis ses débuts dans les années 60 avec Jacques Dutronc, Alain Chamfort fait partie du paysage musical français. Il traverse les modes avec constance et est considéré comme une icône pop avec des touches mélancoliques. Plus de cinq décennies que ses mots, sa voix, son écriture, ses compositions nous accompagnent.
Depuis peu, 17 de ses plus grands titres ont été réarrangés par Nobuyuki Nakajima, avec 51 musiciens de l’Orchestre national de Montpellier-Occitanie et réunis dans un album : Symphonique dandy.
Dans ce premier épisode, la chanson Adieu mon bébé chanteur qui marque son émancipation.
franceinfo : Après plus de 50 ans à nos côtés, avez-vous toujours autant de plaisir à interpréter les chansons ? À créer aussi ?
Alain Chamfort : Oui, c’est étrange, mais c’est le cas. Dans la mesure où j’ai été libre de constituer ce répertoire et que je me suis affranchi des règles dès le départ. J’ai eu la chance, en quittant plus tard Claude François, de pouvoir exiger de mes contrats qu’ils me laissent la liberté de faire mes choix. Et avec les expériences de ce métier, je n’ai eu de cesse que d’harmoniser ce que j’avais envie de chanter avec ce que je devenais petit à petit dans ma vie. Donc, le répertoire me correspond totalement et je suis toujours très heureux de pouvoir le défendre sur scène.
Dès votre plus jeune âge, que vous allez apprendre le piano qui va rapidement devenir votre meilleur ami, votre confident, celui avec lequel vous vous sentez le mieux.
Exactement oui. C’est un endroit de consolation, d’intimité. On est à nu. C’est un lien, une affection, quelque chose qui nous rassure comme un doudou !
Est-ce qu’il vous a sauvé, vous a beaucoup aidé ?
Oui, c’est ça. C’est-à-dire que j’ai eu très petit, la chance que ma marraine, professeure de piano, remarque que j’avais un intérêt pour la musique. Mes parents n’étant pas musiciens, ils n’auraient pas pu le déceler eux-mêmes. Elle les a alerté de cette capacité qu’elle semblait trouver en moi et puis, ils ont été à son écoute et m’ont équipé d’un piano rapidement, qu’ils ont loué ou je ne sais pas comment ils se sont débrouillés car ils n’étaient pas fortunés à l’époque.
Tout petit, j’ai pris des cours de piano et j’avais cette sensation d’être ma place, d’être dans mon élément.
à franceinfo
J’avais une bonne oreille et j’étais assez doué, tout simplement. Je ne faisais pas trop d’efforts, d’ailleurs je n’ai jamais été très courageux. Au moment où j’aurais dû passer le concours d’entrée au Conservatoire, un autre style de musique a attiré mon attention. C’est la musique que j’entendais à la radio, la musique des débuts du rock, tout ça, etc. Et donc, j’ai bifurqué à ce moment-là et je me suis dirigé vers la musique plus populaire.
Vous gardez quoi de vos parents ?
Tellement de choses. Je garde beaucoup d’affection, beaucoup de tendresse, beaucoup d’écoute. Des gens qui ont tout fait avec peu de moyens pour que leurs deux enfants, j’avais une sœur aînée, ne manquent de rien.
A vos débuts, vous êtes lancé dans des aventures de groupe. Il y a eu des Dreamers, les Shakers et il a fallu attendre les Mods pour que vous vous fassiez confiance et que vous vous mettiez au chant. C’est ce qui vous a permis d’être repéré par Jacques Dutronc. Vous allez rencontrer une autre personne aussi, qui va croire en vous très vite, c’est Claude François. Vous le rencontrez, vous êtes auteur, compositeur à ce moment-là et vous lui proposer des chansons. Il va rapidement demander à travailler avec vous puisque cela va être une évidence pour lui. Est-ce que ça l’a été pour vous ?
Quand j’ai cessé d’accompagner Jacques, je ne pouvais pas encore vivre de mon rôle de chanteur donc j’accompagnais beaucoup d’artistes. Parallèlement, j’ai commencé à écrire des chansons et j’allais à la rencontre d’interprètes pour leur proposer. Chemin faisant, on est allés proposer nos maquettes de chansons à Claude François, qui avait une oreille assez exercée et qui nous a proposé immédiatement un contrat d’édition pour devenir un peu ses compositeurs maison.
Tous les jours, avec Michel Pelay, on allait dans l’hôtel particulier de Claude François, Boulevard Exelmans, rejoindre un petit studio qu’il avait mis à notre disposition et dans lequel on passait nos journées à essayer d’écrire des chansons et de lui faire écouter pour qu’un jour, il ait la chance de les enregistrer.
à franceinfo
Très rapidement, il m’a demandé si j’accepterais de les chanter moi-même, enfin en duo ! Il proposait de chanter à deux avec Michel Pelay, avec lequel je travaillais à ce moment-là. Avec ce dernier, on s’est regardés et dits : « C’est un peu ridicule » et Michel m’a gentiment proposé de chanter seul et puis voilà, ça a démarré comme ça.
Né Alain Le Govic, c’est à ce moment-là que vous devenez Alain Chamfort. C’est vrai que vous allez enchaîner tous les succès commerciaux avec : L’amour en France ou encore Adieu mon bébé chanteur. Adieu mon bébé chanteur est d’ailleurs une chanson qui a beaucoup compté dans votre parcours.
C’était un texte de Jean-Michel Rivat. A l’époque, j’écoutais des chanteurs américains et c’est un peu cet univers-là qui m’a été inspiré. Je ne sais pas pour quelles raisons. Mais cette chanson est devenue un succès assez rapidement. J’étais très heureux, évidemment, de faire des succès et d’en avoir du succès. C’était porteur et surtout, ça me permettait, peut-être, d’envisager d’évoluer un peu différemment par la suite.
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