Lilly Allen avec un épais trait d’eyeliner vert pomme et un serre-tête à sequins, Kate Moss en short frangé arpentant Glastonbury, MIA vêtue de leggings lamés ; des couronnes de fleurs en plastiques, des mèches sur l’oeil, des Ray Ban sans verres et des tatouages de moustache sur le doigts: autant de reliques d’un passé proche que l’on trouve délicieusement accumulés sur la page Instagram déjà culte pour those in the know, Indie Sleaze.
Indie Sleaze, ou le terme désignant la fin des années 2000, période de tendre mémoire pour les trentenaires alors encore tous jeunes adultes – dans une ambiance en trait d’union entre la mode brit pop d’Hedi Slimane et l’arrivée du hipster.
C’était une ère de contre-cultures passées par internet, qui visaient à défier et résister aux étiquettes et catégories dominantes.
Les icônes de l’époque sont aussi parlantes que protéiformes: ces années-là riment notamment avec la it-Girl Cory Kennedy, la top Agyness Deyn, Sienna Miller post-Jude Law, Sky Ferreira aux mèches peroxydées, le photographe de soirée Cobra Snake.
Cadavre exquis également composé de débuts de Myspace, de collants méticuleusement effilés, et de groupes comme les Klaxons ou Crystal Castles.
Les contre-cultures contre les étiquettes normatives
« C’était une ère de contre-cultures passées par internet, qui visaient à défier et résister aux étiquettes et catégories dominantes (…) qu’il s’agisse de la fête, de la musique, de la mode, on cherchait à choquer, expérimenter à l’extérieur d’un genre prédéfini, oser le trash… et de vraiment s’amuser », explique Olivia V., fondatrice de la page Instagram basée à Toronto et ancienne club kid de l’époque.
Son propos entre en résonance directe avec une vidéo Tik Tok par la tendanceuse Mandy Lee en 2021 qui prédit également un retour de toute un mode de vie « combinant beaucoup de clubbing, de la photographie amatrice et de la technologie vintage ».
L’Indie Sleaze ou le système D post-crise
https://www.instagram.com/p/Cb9KKt7saEK/
À travers les travails d’archivage de Olivia V. autant que de Mandy Lee, on comprend un rapport mouvant à une époque entière : l’ère Indie Sleaze vient dessiner des nouvelles pratiques de la ville et de modes de sociabilité.
Effectivement, en plein krach boursier, les populations estudiantines de capitales s’aventurent alors dans ses périphéries, dont Shoreditch à Londres, Kreuzberg à Berlin et Brooklyn pour New York.
En nait des modes de consommations alternatives, une culture de recup’, de marchés au puces, de bars de quartiers accompagnant une esthétique lo-fi et DYI – aux antipodes du bling et de l’élitisme du début des années 2000.
Aujourd’hui, ce retour – présagé notamment par le retour des écouteurs à fil par Lilly Rose Depp, la culture post-internet, et les bottines pointues – succède au revival Y2K arrivé, en cyclicité parfaite, exactement 20 plus tard.
Ce nouveau volet répond à deux ans hygiénistes, masqués, et passés sur Zoom – dévoilant une envie de soirée suantes, d’expériences tangibles, et de vie de communauté.
Un vintage relu à l’aune des progrès actuels
https://www.instagram.com/p/CcTelM7uFme/
Différence notable néanmoins : « L’indie Sleaze a pris place il n’y a pas si longtemps, mais assez de temps pour qu’on le revisite avec conscience et perspective » souligne Olivia V.
Effectivement, comme tout vintage, ces années sont relues à l’aune d’une nouvelle prise de conscience, Me Too et les questions d’appropriations culturelles étant passées par là:
Alors si ce revival continue d’éclore hors de la toile, cela se fera sans Terry Richardson, sans Dov Charney à la tête de American Apparel et les si douteuses campagnes de l’époque, sans motifs « Aztec” et coiffes plumées à Coachella. Un pas considérable.
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