• Préparer sa peau sa peau au bronzage, une étape essentielle
  • Bronzer sans démarcation, c’est possible
  • La bonne assiette pour une peau d’été sublime

Chaque année nous attendons ce moment : celui où la température grimpe, où les tenues s’allègent et les jours sont longs, et où l’on s’offre des bains de lumière. Entre pâleur et bronzage, la peau s’extériorise, prend des couleurs, et l’on est plus attentive à son apparence corporelle.

« C’est un calendrier des rapports à soi, entre les plaisirs de l’oubli et ceux des retrouvailles. Une histoire chaque année recommencée, où tout paraît devoir s’organiser autour du corps, des façons singulières de le porter, de l’habiter et de lui trouver du sens », analyse l’historien Christophe Granger*.

« L’été est la saison hédoniste par excellence, symbolique de la sensualité, de la liberté, de la lenteur », observe Pascale Brousse, spécialiste des tendances de consommation et fondatrice de l’agence Trend Sourcing. « Le sol est plus chaud, on se sent plus léger, moins entravée de couches de vêtements, et c’est vital pour le bien-être. Tout se joue bien au-delà de la peau, car c’est aussi un grand moment de détente et de respiration intérieure. L’été est cette période off, où l’on souffle, où le rapport au temps et au corps change. » On se sent neuve.

Préparer sa peau sa peau au bronzage, une étape essentielle

Nous opérons cette mue vers notre peau d’été : alors qu’elle est restée cachée pendant deux saisons, on la déshabille, on la prépare, on l’embellit. Plus qu’un rituel, c’est un rendez-vous où l’on renoue avec soi et où l’on se dévoile aux autres, car la peau est aussi une interface sociale, rappelle le philosophe Bernard Andrieu**. « S’exposer au soleil ou ne pas le faire, être bronzée ou pas, c’est manifester notre rapport au corps. Trop pâle, il pourrait témoigner d’une socialisation insuffisante, faute d’exposition à son environnement. »

D’où le choix possible de l’autobronzant et des sublimateurs hydratants afin de lui donner cet air bronzé façon week-end au grand air, en attendant que la peau se hâle – ou pas – pour de vrai… « Préparer sa peau au soleil permet d’anticiper la biologie cutanée et de maintenir son bronzage hors saison », souligne-t-il.

Cet aspect belle peau se joue en surface avec des soins, mais surtout via une alimentation antioxydante et vitaminée, un corps oxygéné et un bien-être global. Avoir une peau naturellement belle, saine, tonique et rayonnante se joue dedans et dehors. « De la même façon qu’il est devenu démodé de suivre un régime trois semaines avant les vacances, on ne se prépare plus au soleil de la même façon ; d’ailleurs, à cause des dérèglements climatiques, l’été a tendance à s’installer du jour au lendemain », analyse Pascale Brousse. « Finalement, c’est un entretien régulier tout au long de l’année, une hygiène de vie en continu. »

  • En surface

Le nouveau hâle repose sur une peau saine et lumineuse. Si on a tendance à stimuler le renouvellement cellulaire du visage avec des rituels quotidiens, le reste du corps est sujet aux plaques sèches ou à l’effet peau de poulet dû à une accumulation de kératine sur les bulbes pileux.

En langage dermatologique, on les appelle ichtyose et kératose, deux dermatoses bénignes qui débarquent quand la peau manque de soins et d’hydratation. « Une peau couverte en permanence ne desquame pas correctement. Les cellules mortes accumulées s’éliminent moins facilement et peuvent créer des écailles, particulièrement sur les jambes », explique le dermatologue Philippe Deshayes, consultant scientifique chez La Roche-Posay. « Un gommage deux fois par semaine – de préférence le soir, pour favoriser le renouvellement cellulaire – permet d’enlever la couche cornée superficielle. Il ne faut pas oublier d’hydrater immédiatement après pour reformer un film protecteur. »

Les méthodes permettant d’obtenir un épiderme lisse et régulier sont nombreuses : gommages à grains, micropeelings enzymatiques, lotions aux AHA, brossage doux… « Attention à ne pas tomber dans le piège de la surexfoliation, car cela fragilise la peau. Et aux AHA, qui ne sont pas très compatibles avec des expositions au soleil », prévient Marielle Alix, coach beauté et bien-être, adepte du brossage du corps à sec. « Trois minutes tous les matins pour décoller les cellules mortes qui se sont accumulées dans la nuit et ternissent la peau. » La technique peut sembler rustique mais, en pratique, c’est « une gym cellulaire qui stimule les points d’acupression, éveille le Qi (énergie), active le système lymphatique, renforce le système immunitaire, améliore la circulation sanguine et rend la peau éclatante ». 

Son conseil : « Avec une brosse douce en poils naturels, effectuez des lissages en direction du cœur. Remontez sur les jambes, descendez sur le décolleté, faites un virage sous l’aisselle, insistez en petits massages circulaires sur les zones rugueuses. Une ou deux fois par semaine, faites suivre avec un double gommage reminéralisant en frictionnant une poignée de sel de Guérande sur peau humide. Ou bien ajoutez un mug de sels d’Epsom plus un mug de bicarbonate de sodium dans l’eau d’un bain à 36 °C, avant de faire trempette pendant douze minutes. Cela a un effet transdermique, adoucissant, reminéralisant, alcanisant. À faire avant de se coucher car c’est très délassant. »

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  • En profondeur

Il est essentiel d’hydrater sa peau à fond, particulièrement avant l’été. « Nous sommes constitués à 80 % d’eau, comme l’est notre peau », résume le Dr Deshayes. « L’hydratation naturelle se situe au niveau du derme. Elle est retenue par la barrière cutanée aussi fine que du papier à cigarette dont le rôle est de protéger et retenir l’eau. Quand cette barrière est altérée, l’eau ne reste pas dans l’épiderme et la peau se déshydrate. »

Pour comprendre comment soigner ce bouclier naturel, le dermatologue compare les cellules (kératinocytes) aux briques d’un mur, assemblées par un « ciment » constitué de lipides et de céramides naturels.

« Quand la peau n’en fabrique pas assez, il faut renforcer la barrière avec des corps gras non occlusifs type céramides ou glycérine. Il faut aussi hydrater en profondeur et réinjecter de l’eau dans la peau avec des soins qui contiennent de l’eau thermale chargée en minéraux, de l’acide hyaluronique, des antioxydants tels que la vitamine E, importants pour prévenir l’oxydation créée par les rayons ultraviolets sur la peau. »

Pour résumer : on hydrate en profondeur et on relipidifie en surface. On n’utilisera donc pas un lait, une crème ou une huile pour les mêmes effets. « L’huile est un corps gras, ses acides gras pénètrent la couche superficielle et permettent un joli lissage de peau. Tandis qu’un lait ou une crème contiennent de l’huile plus de l’eau, soit une partie corps gras pour relipidifier plus une partie pour hydrater en profondeur. »

Bronzer sans démarcation, c’est possible

Dans les années 50, on colorait sa peau avec du brou de noix, du thé ou des décoctions de plantes. Depuis, les formules ont bien changé, et les résultats aussi : finies les démarcations orangées… à condition d’avoir une peau parfaitement lisse. « Plus la peau est préalablement gommée, hydratée, plus le résultat sera impeccable », prévient Aurélie Guyoux, directrice scientifique chez Esthederm.

Quoi de neuf dans les autobronzants ? « La molécule principale, la DHA, issue du sucre, n’a pas changé depuis sa découverte dans les années 90. Avec la température et l’oxygène, elle crée un processus d’oxydation – similaire au caramel – sur les protéines de la couche cornée et ne colore qu’en surface », explique-t-elle. En revanche la galénique et la texture des autobronzants ne cessent d’être innovées pour un bronzage aussi vrai que nature. « Le produit casse sous la pression des doigts pour diffuser la DHA de façon homogène, les formules sont plus hydratantes pour faciliter l’étalement, et beaucoup d’autobronzants contiennent des acides de fruits ou lactiques pour lisser la peau. »

Mais est-ce que l’on « autobronze » de la même façon sur le visage et sur le corps ? « La réaction est identique, mais on possède plus de cellules mortes et une peau plus épaisse au niveau des jambes, genoux, coudes et talons… Il vaut mieux éviter ces zones, ou y appliquer le produit de façon plus légère. Sur le visage, on commence par les joues, le front puis la zone T, en faisant attention aux ailes du nez, qui se colorent davantage. »

Astuce naturelle : les adeptes du bio préparent leur peau avec de l’huile de carotte : riche en bêta-carotène, elle colore légèrement et renforce l’épiderme en antioxydants. On l’applique en guise de sérum bonne mine, pendant sept jours avant de s’exposer.

La bonne assiette pour une peau d’été sublime

L’alimentation joue un rôle dans la santé, la coloration et l’hydratation de la peau. Plutôt que de croquer des gélules, Marielle Alix, coach beauté et bien-être, conseille de puiser dans les aliments de saison.

  • Consommez des fruits et légumes colorés

« Poivrons, tomates, aubergines, mûres, cerises sont truffés de bêta-carotène, lycopène, vitamines et antioxydants, dont la peau a besoin pour se renforcer et protéger des radicaux libres. On peut aussi ajouter des super aliments dans son bol de petit-déjeuner, baies d’açaï ou concentré de myrtilles. »

  • Les antioxydants sont moins efficaces sur un terrain acide et enflammé

« Réalisez des smoothies verts avec des fanes de carottes, pousses d’épinards, herbes fraîches. Blindés en vitamine C et en fer, ils ont un effet astringent, reminéralisant, alcalinisent le corps et favorisent une belle peau. Le stress aussi acidifie l’organisme. Quand c’est le cas, ajoutez une cuillerée à café de bicarbonate de sodium dans une bouteille d’eau minérale à boire dans la journée. »

  • Mixez des huiles végétales

« Les huiles de pépins de raisin ou de courge sont riches en oméga 3 et acides gras essentiels, elles nourrissent les peaux sèches et permettent de réduire l’inflammation. Et parsemez vos plats avec des graines de lin, pour favoriser la digestion. Cela influe directement sur l’épiderme. »

* Auteur de La saison des apparences, Naissance des corps d’été, éd. Anamosa. ** Epistémologue du corps et des pratiques culturelles, auteur de « Bronzage, une petite histoire du soleil et de la peau », éd. CNRS.

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