Le médecin traitant peut adresser une personne âgée vers un gériatre lorsqu’il constate une situation de fragilité. Le Docteur Yves Passadori, gériatre, dévoile tout ce qu’il faut savoir sur cette spécialité médicale.

Avec le Docteur Yves Passadori, gériatre et Trésorier adjoint de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG)

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La gériatrie se caractérise par l’étude des sciences liées au vieillissement et à la personne âgée. Le gériatre peut prendre en charge des personnes âgées de 80 ans ou des personnes âgées de 60 ans touchées par des polypathologies, autrement dit plusieurs pathologies présentes chez un même individu, qui sont à l’origine d’une situation d’incapacité physique ou d’une dépendance.

Quelles sont les différences entre un gériatre et un gérontologue ?

« La gérontologie est une science médicale et humaine qui étudie les problèmes de vieillissement. Elle englobe également d’autres sciences comme la psychologie, l’épidémiologie ou encore la démographie qui interviennent dans des problématiques de vieillissement. La gériatrie est donc une branche de la gérontologie. Une grande majorité des gériatres sont gérontologues, car ils ont besoin de cette approche globale », explique le Docteur Yves Passadori, gériatre et Trésorier adjoint de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG).

Quand doit-on consulter un gériatre ?

Le médecin traitant oriente généralement vers un gériatre lorsqu’il observe une situation de fragilité chez la personne âgée. Ce spécialiste peut notamment prendre en charge un patient touché par des troubles sensoriels comme de la malvoyance ou de la surdité, des troubles neurologiques et cognitifs tels que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ou les démences. Il propose une prise en charge globale du malade.

« Dans certains cas, le médecin généraliste ne repère pas les situations où il pourrait faire appel à un gériatre. Il pourrait être intéressant d’avoir un réel apprentissage dans le repérage des alertes de fragilité chez la personne âgée. Un travail en réseau permettrait de reculer de deux-trois ans l’institutionnalisation. Par exemple, deux chutes par mois devrait être une alerte poussant à faire des tests », souligne le Docteur Yves Passadori.

La gériatrie ne permet pas de guérir les pathologies chroniques, cardiaques, neurologiques (maladie de Parkinson ou d’Alzheimer), rhumatologies ou vasculaires, mais cette spécialité médicale permet d’éviter leur aggravation ou les complications associées à ces affections, notamment lorsque le patient est touché par des polypathologies. « On évalue également le bénéfice risque des thérapies, car on ne peut pas aller trop loin quand le patient est atteint par plusieurs maladies », précise le gériatre.

Le gériatre réalise de la prévention secondaire, surtout après le diagnostic de pathologies cardiaques. « Les clés d’un bon vieillissement sont l’exercice physique, la vie sociale ainsi que la nutrition. Cela permet de prévenir la perte d’autonomie. La fragilité chez une personne âgée peut être biomédicale, mais également sociale, psychologique ainsi que financière. On a beaucoup de mal à la classifier, car elle ne se remarque pas forcément », affirme le spécialiste. Avant d’ajouter « Près de 20% des personnes âgées de 80 ans vivent toujours à domicile et ne sont pas en situation de dépendance, mais elles n’ont plus les mêmes réserves fonctionnelles. Courir après un bus est, par exemple, plus difficile qu’avant. »

Le sport, les activités qui occupent la santé morale et une bonne hygiène alimentaire permettent d’éviter le phénomène de cascade. Cette situation se manifeste par des chutes, une malnutrition, des infections et une immunité plus faible chez la personne âgée.

Gériatre : quels sont les professionnels travaillant avec ce spécialiste ?

La gériatrie n’est pas un métier isolé, selon le Docteur Yves Passadori. Le gériatre travaille en lien avec différents professionnels de santé en fonction du lieu dans lequel il exerce. Ce dernier intervient notamment en rééducation, en réadaptation et en accompagnement de dépendance, ainsi que dans les soins palliatifs, terminaux et de fin de vie.

Au domicile de la personne âgée, le gériatre travaille en équipe avec l’infirmier, le psychothérapeute, l’orthophoniste et l’ergothérapeute. Cette intervention a généralement lieu à la suite d’une demande du médecin traitant pour la prise en charge d’un patient en situation de fragilité. Dans un centre de gériatrie, ce spécialiste s’occupe de personnes de plus de 60 ans, sédentaires, et sous surveillance médicale. Il peut organiser des séances d’exercices afin de leur réapprendre à avoir une bonne hygiène de vie en coordination avec le médecin généraliste, l’infirmier et l’ergothérapeute.

À l’hôpital, le gériatre peut être un appui aux soins primaires. « Lors d’une hospitalisation de jour ou de semaine, on fait le point sur les syndromes gériatriques. La prise en charge doit être adaptative par rapport aux différentes maladies pouvant atteindre un patient âgé. On ne peut pas toutes les traiter en même temps sinon on risque de mettre en péril la vie de notre patient », indique le Docteur Yves Passadori.

Dans un service hospitalier de réadaptation, le gériatre collabore avec une importante majorité des professionnels de santé et paramédicaux que ce soit le kinésithérapeute, l’orthophoniste, le professionnel de l’activité physique adaptée, le psychologue, l’ergothérapeute ou le psychomotricien. Cette approche pluridisciplinaire permet de préparer l’institutionnalisation du patient dans une résidence pour seniors ou dans une unité de soins de longue durée.

Lors d’un séjour court à l’hôpital, la présence d’un kinésithérapeute et d’un psychologue est essentielle, en plus de celle du gériatre. Dans le cas d’un patient souffrant de polypathologies, il est nécessaire de continuer à le faire marcher, sinon il ne reprendra jamais la marche. Le psychologue joue également un rôle très important par rapport aux attitudes d’abandon.

Dans quels cas, faut-il placer une personne en établissement spécialisé ?

Dans un premier temps, le gériatre évalue la situation, mesure les incapacités et les ressources et identifie les ressources que le patient peut mobiliser pour faire face aux incapacités. Cette consultation permet de savoir s’il est possible de renvoyer le patient à son domicile ou de le placer dans une institution.

« Par exemple, un patient ayant eu un accident vasculaire cérébral (AVC) impactant sa mobilité, ne peut plus bouger tout seul. Il faut donc qu’une personne le change régulièrement de position afin d’éviter les risques d’escarre, et il est nécessaire d’installer un lit adapté. Dans une institution, le changement de position peut être programmé toutes les deux-trois heures, mais il est quasiment impossible de le réaliser à domicile », assure le gériatre.

Gériatre : quelles sont les études à réaliser pour accéder à cette profession ?

Un étudiant peut intégrer deux formations permettant d’accéder aux études de médecine : le parcours spécifique accès santé (PASS) ou une licence avec option « accès santé » (L.A.S). Si cette première année est validée, il peut être admis au tronc commun des études médicales pendant cinq ans. Le futur médecin prépare ensuite les épreuves classantes nationales (ECN) pour débuter son internat et sa spécialisation. Depuis 2014, la gériatrie fait partie des spécialités de l’internat et dure trois ans. À la suite de l’internat, l’étudiant peut décider de continuer sa formation pendant deux à quatre ans en clinicat ou en assistanat.

Merci au Docteur Yves Passadori, gériatre et Trésorier adjoint de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG)

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