Nous sommes en 1953, Fernand et Hélène se rencontrent, en région parisienne, et tombent amoureux. Elle est d’origine polonaise, et lui vit en Algérie, où il est né, 27 ans plus tôt, et ils s’installent à Alger. Militant communiste et anticolonialiste, il épouse la cause du FLN, et finira guillotiné pour « tentative de sabotage » en 1957.
Si la guerre d’Algérie a déjà fait l’objet de plusieurs films à travers le temps, ici ce ne sont pas les combats armés ou les bombes qui intéressent le réalisateur Hélier Cisterne, qui adapte le roman du même nom de Joseph Andras, paru en 2016, mais bien cette histoire intime d’un couple secoué par le conflit.
« C’est l’histoire d’un couple qui quelque part incarne certains aspects de ce conflit, de cette déchirure de la guerre d’Algérie, elle se méfie de la violence, lui il va glisser petit à petit, il va plonger dans un engagement beaucoup plus ‘dans l’action’, au risque de la violence, souligne le réalisateur, et tous les deux racontent deux sentiments, deux situations de ce que c’est, que d’être pris dans une déchirure entre l’Algérie et la France. Mais nous, on a fait ce film avant tout parce qu’il était l’histoire intime d’un couple. »
La comédienne luxembourgeoise Vicky Krieps joue le rôle d’Hélène, et c’est Vincent Lacoste qui prête ses traits encore juvéniles à Fernand Iveton. Il est excellent dans ce rôle, plus grave que ceux qu’on lui propose d’habitude.
« En fait, explique Vincent Lacoste, j’ai le même âge que lui, mais c’est ça qui est assez étonnant, c’est qu’il faisait plus vieux que son âge, comme d’ailleurs beaucoup de jeunes dans les années cinquante. Ca m’a intéressé tout de suite évidemment parce que le rôle est différent de ce qu’on me propose en général, et un rôle que je n’avais jamais eu l’occasion de faire ».
« L’idée d’incarner quelqu’un qui a existé et qui a eu une vie aussi tragique peut faire un peu peur au début, mais ensuite je me suis dit que l’histoire était tellement belle, dans le sens où elle était importante à raconter. »
à franceinfo
Avant le générique de fin du film, un texte indique que le ministre de la Justice de l’époque, François Mitterrand, avait refusé la demande d’amnistie d’Iveton, comme pour rappeler que cette histoire n’est pas si éloignée – en temps – de la nôtre.
En nous de Régis Sauder : la jeunesse et l’espoir
Une autre forme d’intimité en salles cette semaine, avec le documentaire En nous, du prolixe Régis Sauder, déjà auteur de J’ai aimé vivre là sur Cergy-Pontoise à l’automne, qui cette fois retrouve des lycéens marseillais, 10 ans après nous les avoir présentés dans son film Nous, Princesses de Clèves en 2011. Des jeunes des quartiers nord de Marseille, scolarisés au lycée Diderot, devenus de jeunes adultes, mères de familles pour certaines, avec un emploi pour la plupart, et souvent politisés.
Régis Sauder était l’invité de franceinfo cette semaine :
« Moi je les trouve excessivement courageux. Je suis très impressionné par leur force, leur combativité. Armelle dit un moment dans le film : ‘Ma vie, c’est une succession de luttes’. Lutter pour trouver un emploi, pour se loger, on ne peut pas tous dire ça. Et réussir à se tenir debout sans colère, quand on a justement surmonté tous ces obstacles, c’est assez remarquable. »
Et avec ce documentaire au dispositif simple en apparence, mais souvent bouleversant, Régis Sauder fait aussi le portrait d’une génération en quête de repères et que le Covid a conduit, consciemment ou non, à choisir des métiers de soin et/ou du service public.
Ambulance de Michael Bay : ballet de métal chaotique
Enfin, on change radicalement de genre, d’ambiance, de nationalité ou même de budget, avec le troisième film de la semaine, Ambulance, dernier long-métrage de l’américain Michael Bay, soit l’histoire d’un braquage de banque, en plein centre de Los Angeles qui tourne mal, obligeant les deux protagonistes, deux frères joués par Jake Gyllenhaal et Yahya Abdul-Mateen 2, à prendre la fuite dans une ambulance, avec, à l’intérieur, une infirmière prise en otage, et un policier blessé qui a besoin de soins en urgence.
Fidèle à son style, Bay nous embarque pendant 2h16 dans un ballet de métal chaotique, saturé, violent et testostéroné, avec tout de même un peu plus de finesse et d’humour que d’habitude, ce qui rend le film efficace et agréable.
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