- Pendant quatre jours, Nicole Ferroni lira des poèmes dans dix bars de Marseille, à l’invitation du théâtre du Gymnase.
- Ces textes, de sa propre composition et d’auteurs marseillais, parlent tous de la cité phocéenne.
Devant le bar Les Danaïdes, dans le quartier des Réformés à Marseille, c’est la foule des grands soirs. Mais il n’est que 16 heures de l’après-midi, et si tous ces Marseillais font la queue à l’entrée du bar, ce n’est pas parce qu’ils sont impatients de boire une bière ou un café après leur journée de travail. Du moins, ce n’est pas uniquement pour ça.
Au fond du troquet, sur une petite estrade improvisée, l’humoriste Nicole Ferroni donne ce qui constitue la toute première date de sa tournée des bars. Jusqu’à dimanche, dans le cadre d’une collaboration avec le théâtre du Gymnase de Marseille qui organise, le temps de sa fermeture, des représentations dans différents lieux de la cité phocéenne, l’artiste aubagnaise pose ses valises à Marseille et propose : « C’est ma tournée, je vous offre un vers ». Des sessions gratuites d’une heure durant laquelle Nicole Ferroni propose des lectures de poésie, de son cru ou d’auteurs marseillais qui, tous, évoquent la cité phocéenne.
Une ode aux cagoles
Et pour cette première date, consacrée aux figures féminines de Marseille, c’est peu dire qu’on est loin de l’ambiance feutrée du studio de France Inter dans lequel Nicole Ferroni a pendant des années fait ses chroniques chaque matin lors de la matinale. « Le monsieur voudrait savoir qui a commandé cette noisette », s’amuse l’humoriste en pleine lecture, alors que le garçon de café tente de se frayer un chemin, un peu perdu. Le public est si nombreux que certains se sont même arrangés pour littéralement passer une tête à travers les fenêtres du bar, afin d’assister au spectacle.
Les textes sont toutefois aussi incisifs et engagés que ceux qui ont fait la renommée l’humoriste sur les ondes de France Inter, du remix de Bande organisée version féministe à la grève des cigarières de la Belle de Mai, en passant par une ode en vers à la cagole, signée Nicole Ferroni. « Merci à toutes ces cagoles qui perpétuent la lutte même si elles sont un peu habillées comme des… Cagoles ! » Une vague de rires parcourt la salle entre deux gorgées de bière.
« Ça me rassure »
Une ambiance un peu particulière qui galvanise visiblement l’artiste, à en croire l’aisance teintée d’humour dont elle fait preuve… à toute épreuve. « Je n’ai pas fait de spectacle solo depuis longtemps, confie sans fard à 20 Minutes Nicole Ferroni. Et je sais que ça vient d’une espèce de crainte de se confronter au public. Je fais un refus d’obstacle. Avec cette formule, je me réconcilie avec les gens que j’ai en face de moi, ce que je n’avais pas à la radio d’ailleurs. Je sens que les gens sont très dedans. Et ça me rassure. »
Le diagnostic semble bon, à croire les nombreux compliments qui pleuvent spontanément, le micro à peine débranché. « Non seulement vous nous distrayez, mais en plus vous nous désaltérez ! », s’enthousiasme une spectatrice. « C’est inhabituel, ce format, mais ça me plaît, confie une autre. J’aime bien cette ambiance bistrot. Et je pense qu’on reviendra ! » Nicole Ferroni se produit en effet encore dans dix bars de la ville, matin et soir, avec notamment une version longue offerte aux plus courageux à 8 h 30 ce dimanche aux Grandes tables de la Friche.
Source: Lire L’Article Complet