Avec Marseille comme fil rouge, l’artisanat local comme obsession et la durabilité comme engagement, Margaux Keller injecte une poésie doublée d’élégance dans nos quotidiens depuis dix ans. La designer originaire de la cité phocéenne brandit son attachement à sa ville natale comme un étendard à l’épreuve de la morosité et convoque le décalage maîtrisé dans l’ordinaire. S’entourant d’artisans d’exception, Margaux Keller tient à revaloriser une création raisonnée, riche et durable. Pour sa nouvelle collection, elle a choisi le Château Borély comme écrin pour dresser un hommage intime à ce lieu iconique du patrimoine marseillais. Pour l’occasion, Margaux Keller a répondu à notre Questionnaire Déco

Quel est le point de départ de cette collection intitulée “série 06 : Château Borély” ?

J’entretiens un lien très particulier avec le parc du Château Borély. Il m’a vu grandir. Le château, devenu le Musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode, est un lieu historique planté face à la mer que tous les marseillais connaissent. Pour cette sixième série, j’avais envie de confronter nos pièces de design au décor de cette institution du patrimoine architectural. Créer un décalage mais aussi un dialogue avec les collections permanentes. Je voulais aussi pérenniser nos créations dans le quotidien et quoi de mieux qu’un musée pour magnifier les objets et les faire durer dans le temps. D’ailleurs, la directrice de l’établissement, Marie-Josée Linou, a souhaité intégrer deux pièces de notre collection au reste des œuvres conservées et exposées ici : le vase “Enzo” et les patères en bronze “Cicala”. C’est une grande fierté ! 

Quelles-sont les pièces qui composent cette collection ? 

Toujours avec l’artisanat local et la durabilité en fil rouge et Marseille et ses environs comme source d’inspiration, nous avons créé plusieurs objets et pièces de mobilier. D’abord, la console en bois tourné “Pomègues”, fabriquée dans un atelier Nantais. Ce meuble sculptural tient d’ailleurs son nom d’une des îles de l’archipel du Frioul. Ensuite, le petit fauteuil “Galinette” qui se prend pour un grand ! Confectionnée par une manufacture portugaise, cette assise aux courbes douces et attachantes n’en est pas moins forte visuellement. Nous avons également conçu l’étagère « Pinède » en chêne foncé qui fait référence à la silhouette singulière des Pins Parasols présents au bord de la Méditerranée et enfin, le miroir “Bisou-bijou” est de retour dans une version XXL.

Série 06 : Château Borély

Quelle est la pièce design que vous rêvez de vous offrir ? 

Une chaise de bureau signée Charlotte Perriand. 

Votre dernier coup de cœur ?

Un tableau de Dora Maar exposé à la galerie Pentcheff à Marseille. Célèbre pour ses photographies et son histoire d’amour avec Picasso, on connaît moins son œuvre picturale. J’ai pu découvrir des toiles magnétiques à la peinture à l’huile représentant notamment la montagne Sainte-Victoire, l’un des symboles de la Provence. 

L’artiste que vous auriez aimé être ?

Je préfère la casquette plus cartésienne des designers à celle des artistes. Quitte à choisir, je dirais Dora Maar. 

L’objet qui vous ressemble ?

La toupie parce qu’elle tourne dans tous les sens mais reste toujours sur le même axe. C’est un objet qui existe depuis l’Antiquité ! Il est à la fois pérenne et tragique. Elle finit toujours par tomber. 

Quelle est votre couleur préférée ?

J’hésite entre le rose poudré et le vert foncé.

Votre matière de prédilection ?

Le verre. J’aime la magie de cet artisanat extrêmement complexe. Je suis fascinée par la transformation du sable en cette matière opalescente. 

La faute de goût déco pour laquelle vous avez le plus d’indulgence ?

Le principal reste de s’entourer d’objets qu’on aime. Tant qu’il y a de la fête tout fonctionne très bien ! 

Et celle que vous ne pardonnez pas ?

Sans aucun doute la contrefaçon. J’ai beaucoup de mal avec la copie. Pour moi, le propre du design est de créer quelque chose qui n’existe pas. 

Le lieu où vous vous sentez le plus chez vous ? 

Dans mon bureau. 

Celui que vous détestez ?

Le métro parisien. 

Votre geste écolo ?

Tous les jours avec ma marque que j’essaye d’amener le plus possible vers la durabilité, l’artisanat local et un savoir-faire qui dure dans le temps. Je m’astreins moi-même à ce mode de consommation. 

La dernière rencontre qui vous a marquée ?

Le galeriste de la galerie Pentcheff. Il m’a raconté avec passion la manière dont il a déniché les tableaux de Dora Maar qui n’avaient jamais quitté leur carton. L’enquête, le périple, ce doit être une vie trépidante !

Quel est votre état d’esprit actuel ?

Entre peur et soulagement. Je suis admirative de la solidarité en réponse à la détresse des Ukrainiens. Dans ce chaos, ça fait du bien. 

Vos futurs projets ?

À partir du 19 mars, nous aurons un espace-boutique de 30 m2 au deuxième étage du Printemps Haussmann à Paris. Pensé comme une maison provençale, ce corner accueillera notre collection permanente et quelques-unes de nos nouveautés. Le 25 mai sortira notre collaboration avec Monoprix pour laquelle j’ai dessiné une centaine de références entre art de la table, vêtements et accessoires de plage pour la belle saison. 

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Collection « Série 06 : Château Borély » disponible sur le e-shop margauxkellercollections.com

Miroir « Bisou Bijou » bronze XXL, 480 euros

Fauteuil « Galinette », 2380 euros

Console « Pomègues », à partir de 1190 euros

Étagère murale « Pinède », 180 euros

  • Alexis Mabille répond à notre Questionnaire Déco
  • Dorothée Delaye répond à notre Questionnaire Déco

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