Plus qu’un Premier ministre, Winston Churchill a été un ami et un guide pour Elizabeth II durant les premières années de son règne. Retour sur une amitié qui a traversé les âges.

Au mois de juin prochain, la reine Elizabeth II célèbre son Jubilé de platine: une date historique pour le Royaume-Uni qui sera marquée par une semaine de festivités. La reine est la première monarque britannique à fêter un règne aussi long. L’occasion pour elle de s’autoriser une pointe de nostalgie quant à ses jeunes années de souveraineté et de se remémorer avec émotion sa grande amitié avec Winston Churchill.

Depuis son couronnement le 2 juin 1953, Elizabeth a travaillé aux côtés de pas moins de quatorze Premiers ministres. Dont Winston Churchill qui occupait déjà la fonction lors du décès inattendu du père de Lilibeth, le roi George VI. La neutralité politique est imposée à la reine par la constitution, mais au fil des années, Elizabeth II a inévitablement développé des relations plus ou moins proches avec un certain nombre de ses Premiers ministres.

Entre Elizabeth et Churchill, le coup de foudre amical est immédiat. « Churchill est devenu le plus proche conseiller de la reine durant les premières années de son règne, souligne un représentant de la National Trust à l’occasion d’une exposition de photos prises du duo. Cette relation avait beaucoup d’importance pour elle». D’ailleurs, Winston Churchill et Elizabeth II ont énormément de points communs. Pour commencer, la jeune femme est devenue reine à 25 ans et c’est au même âge que le politicien avait été élu membre du Parlement. Elle aura le règne le plus long de l’histoire du Royaume-Uni et de son côté, il est le Premier ministre anglais ayant enchaîné le plus de mandats. La liste est longue.

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Une rencontre singulière

Premier ministre déjà durant le règne du roi George VI, Winston Churchill avait rencontré la princesse Elizabeth, pour la première fois, lors d’une visite officielle à Balmoral, en 1928. A l’époque, cette dernière n’est encore qu’une enfant. Depuis l’Ecosse, Winston Churchill s’épanche sur la rencontre dans une lettre adressée à son épouse en disant : «  Il n’y a personne ici hormis la Famille, la maisonnée et la Reine Elizabeth – âgée de 2 ans. Quel caractère ! Elle a un air d’autorité et une profondeur tout à fait étonnants pour un enfant de cet âge». Avec l’âge, son admiration pour elle ne fera qu’accroître.

Pour la reine Elizabeth, comme pour beaucoup de jeunes Anglais à l’époque, c’est grâce à Winston Churchill que le Royaume-Uni avait résisté à l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, avant même de travailler à ses côtés, elle le tient déjà en grande estime.

Ils ont cinquante ans d’écart et pourtant leur complicité est celle de deux compères de longue date. «Dès le départ, la reine le captive et il est tombé sous son charme, raconte des années plus tard la fille de l’ancien Premier ministre, Mary Soames, à sa propre fille. Je crois qu’il a ressenti un grand sens du devoir à son encontre et je sais qu’il attendait ses rendez-vous du mardi après-midi avec la jeune monarque avec une certaine impatience».

Le secrétaire privé de la reine Tommy Lascelles raconte également que ces entrevues hebdomadaires étaient la source de beaucoup de plaisir et surtout d’hilarité pour tous les partis concernés. «Je n’entendais pas ce dont ils parlaient ensemble mais ces réunions étaient systématiquement ponctués de grands éclats de rire et Winston en sortait régulièrement en s’essuyant les yeux».

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Winston Churchill, un héros et un mentor aux yeux de la reine Elizabeth

Sans doute en partie à cause du décès prématuré du roi George VI, Winston Churchill devient une figure quasi-paternelle pour la jeune femme. « C’est devenu le rôle de Churchill de lui expliquer les particularités de la politique britannique, écrit Nicholas Davies. Il passait des heures avec elle, la faisait réviser pendant des semaines, lui détaillant tout ce qui se déroulait et ce qu’il fallait faire en conséquence. Sans aucun doute, Elizabeth avait beaucoup à apprendre de ce monsieur Churchill, âgé de 78 ans, qui voulait être son professeur, son guide et son mentor et l’éduquait sur les systèmes d’interprétations du monde».

Lorsque Winston Churchill prend enfin sa retraite le 4 avril 1955, à l’âge de 80 ans, Elizabeth, pourtant plutôt du genre réservé, lui adresse une missive débordante d’émotion. En quelques mots, elle lui fait part de sa reconnaissance pour son soutien sans faille durant ces premières années déterminantes. « Aucun autre jamais ne pourra prendre la place qu’a occupé mon premier Premier ministre, déclare la reine Elizabeth. Mon mari et moi-même lui devons énormément et je suis serai éternellement reconnaissante pour son aide durant mes jeunes années de reine».

Après sa retraite, la reine et son ancien ministre ne se perdent pas de vue. Sa disparition le 24 janvier 1965 provoquera une vive émotion chez Elizabeth. De quoi oublier la bienséance. Lors de l’enterrement de Winston Churchill, la reine Elizabeth s’autorise une grave entorse au protocole strict et entre dans l’église avant la famille Churchill. Pas question d’arriver la dernière pour saluer une ultime fois son vieil ami…

Crédits photos : Getty Images

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