L’hémorragie de la délivrance désigne une perte de sang importante qui peut survenir jusqu’à 24 heures après l’accouchement. Explications.
Avec le Tiphaine Beillat, gynécologue-obstétricienne et membre de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).
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Hémorragie de la délivrance : qu’est-ce que c’est ?
Hémorragie de la délivrance : définition. Comme son nom l’indique, l’hémorragie de la délivrance correspond à une perte de sang anormale et importante : « il s’agit d’un saignement de plus de 500 mL qui peut survenir chez les femmes qui viennent d’accoucher et jusqu’à 24 heures après l’accouchement » définit le Dr. Tiphaine Beillat, gynécologue-obstétricienne et membre de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).
À savoir. Après l’accouchement, les pertes de sang sont normales : « on peut constater des saignements légers et ponctuels (comparables à des « petites règles », ce n’est pas abondant) jusqu’à 3 semaines / 1 mois après la naissance, le temps que l’utérus reprenne sa taille normale » explique le Dr. Tiphaine Beillat. Rien à voir, donc, avec l’hémorragie de la délivrance qui survient sous 24 heures après l’accouchement et qui correspond à un volume de sang important (plus de 500 mL, donc).
Hémorragie de la délivrance : est-ce que c’est grave ? « Ça peut être grave, confirme la gynécologue-obstétricienne. L’hémorragie de la délivrance constitue ainsi la première cause de mortalité maternelle en France. » Cette complication de l’accouchement reste heureusement assez rare puisqu’en France, les experts estiment que 5 % à 10 % des femmes ayant accouché subissent une hémorragie de la délivrance.
Hémorragie de la délivrance : quelles sont les causes et les facteurs de risque ?
Hémorragie de la délivrance : que se passe-t-il ? « Dans la majorité des cas, l’hémorragie de la délivrance est liée à une atonie utérine, explique le Dr. Tiphaine Beillat. En clair, on peut dire que l’utérus est « fatigué » : à cause de la distension utérine (comprendre : l’utérus est anormalement détendu), il y a une mauvaise contraction du muscle utérin après l’accouchement, donc une rétraction vasculaire insuffisante des vaisseaux sanguins qui parcourent le lit du placenta. En résulte une hémorragie, c’est-à-dire une perte de sang / un saignement qui peut être très rapide. Le risque principal, c’est celui de l’hypovolémie, c’est-à-dire d’un déficit en sang trop important dans le système circulatoire : la vie de la jeune mère peut alors être en danger.«
Hémorragie de la délivrance : les facteurs de risque. « Toutes les situations qui entraînent une distension anormale et prolongée de l’utérus peuvent aboutir à une hémorragie de la délivrance » remarque la gynécologue-obstétricienne. Ainsi, les facteurs de risque principaux sont :
- Les antécédents d’hémorragie de la délivrance,
- Les grossesses gémellaires ou multiples, c’est-à-dire lorsque la femme enceinte attend plusieurs enfants (des jumeaux, des triplés…),
- La macrosomie : ce sont les « gros bébés »,
- La multiparité, c’est-à-dire le fait d’avoir eu plusieurs enfants : l’hémorragie de la délivrance concerne moins les primipares, c’est-à-dire les femmes qui accouchent de leur premier enfant,
- La durée du travail : « lorsque le travail est long (plus de 12 heures), il y a un risque accru d’hémorragie de la délivrance » précise le Dr. Beillat.
Hémorragie de la délivrance : comment est-elle prise en charge ?
Hémorragie de la délivrance : en prévention. « Pour réduire le risque d’hémorragie de la délivrance, on administre de façon systématique 5 unités d’ocytocine (par voie intraveineuse) aux femmes qui sont en train d’accoucher, au moment où sortent les épaules du bébé. C’est une recommandation des autorités sanitaires nationales » explique le Dr. Tiphaine Beillat. En effet : l’ocytocine (que l’on connaît comme « l’hormone de l’attachement » dans le langage courant) est responsable d’une vasoconstriction au niveau du muscle utérin. « Cette substance favorise la délivrance et réduit le risque hémorragique » précise la gynécologue-obstétricienne. La femme qui vient d’accoucher est ensuite soigneusement surveillée lors de son séjour à la maternité.
Hémorragie de la délivrance : les traitements. « En cas d’hémorragie de la délivrance, la prise en charge est pluridisciplinaire » explique la spécialiste. À la prise en charge obstétricale (« on va forcer la recontraction de l’utérus grâce à des techniques chirurgicales spécifiques, on va enlever les éventuels caillots de sang présents dans l’utérus, on va vérifier qu’il ne s’agit pas d’un saignement vaginal…« ) peut s’ajouter une prise en charge en réanimation si nécessaire. « Des médicaments vasoconstricteurs peuvent aussi être administrés afin de faire cesser le saignement. » Dans les cas les plus sévères, une transfusion sanguine peut être envisagée, voire le recours à une hystérectomie totale – c’est-à-dire : une ablation chirurgicale et complète de l’utérus.
Merci au Dr. Tiphaine Beillat, gynécologue-obstétricienne et membre de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).
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