Le 12 janvier 2022, Fabrice M, photographe basé à Toulouse, a été mis en examen pour viol et agressions sexuelles, rapporte La Dépêche. L’homme est placé sous contrôle judiciaire. Il est suspecté d’avoir violé trois jeunes femmes dont une mineure de plus de 15 ans, et d’en avoir agressé sexuellement deux autres, entre 2013 et 2020.
Cinq plaintes de mannequins ont été déposées contre lui. Trois d’entre elles ont décidé de témoigner auprès du Parisien. C’est Vanessa (les prénoms ont été modifiés dans l’article initial) qui est la première à dénoncer le photographe, près de 7 ans après son agression. Incitant d’autres jeunes femmes victimes à libérer la parole.
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De la mise en confiance à la pénétration
Vanessa raconte à nos confrères avoir rencontré Fabrice M en 2013. Une première collaboration réussie à l’issue de laquelle le photographe prend ses coordonnées pour des shootings futurs. Un an plus tard, il la recontacte car il a besoin d’une mannequin en urgence.
Dans sa plainte, déposée en août 2020, la jeune femme explique : « il voulait faire des tests pour une marque de vêtements. En échange il m’a proposé un shooting de mon choix« .
Vanessa demande à faire un shooting de nue car « à mes yeux, c’est une référence dans ce domaine. » Des photos dont elle aurait besoin dans sa carrière et qu’elle ne voulait pas faire avec n’importe qui. « S’il y a bien quelqu’un avec qui je pouvais faire ça, c’était lui. J’étais un peu mal à l’aise avec certaines remarques, mais il n’y a eu aucune allusion sexuelle, aucun attouchement. Cela m’a mis en confiance… », a confie la jeune femme.
Il est arrivé sur le côté, entre mes jambes, par surprise. Il m’a pénétré avec un doigt.
Fabrice M la contacte à nouveau en automne 2014, cette fois-ci pour un shooting de nuit « en lingerie », raconte Vanessa. « J’y vais sans d’inquiétude car cela s’est bien passé la fois précédente. »
Mais l’ambiance devient étrange. Le photographe lui montre une photo d’une femme en plein orgasme et lui demande de reproduire les poses. Elle refuse et accepte uniquement de poser « en soutien-gorge et boxer. Lui, il était sur un escabeau, il était au-dessus de moi. »
C’est dans sa plainte que la jeune mannequin détaille l’agression qui suit : « on était sur une série où je devais garder les yeux fermés continuellement. À un moment, j’ai senti sa main passer juste à côté de mon boxer. Il est arrivé sur le côté, entre mes jambes, par surprise, je ne l’ai pas senti de suite. Il m’a pénétré avec un doigt, direct. Dès qu’il m’a pénétré, j’ai ouvert les yeux et j’ai dit : ‘Je crois qu’on a atteint mes limites là' ».
De la culpabilité au dépôt de plainte
Elle quitte immédiatement les lieux et culpabilise. « J’ai fait un gros déni de ce qu’il s’était passé, mais ça m’a hanté des années. Il m’a fallu du temps pour comprendre que c’était bien un viol que j’avais vécu« , confie Vanessa.
C’est en été 2020, en plein milieu de la nuit, alors qu’elle fait une insomnie, que la top modèle a un déclic. En lisant les avis Google sur Fabrice M, elle tombe sur le message d’une internaute traitant le photographe d' »ordure » qui aurait harcelé plusieurs jeunes filles. Installée au Canada, elle revient en France quelques jours plus tard et dépose plainte.
Elle partage aussi son agression sur les réseaux sociaux. Mais de manière anonyme, sans mettre le nom du photographe. Fabrice M lit ce témoignage et semble se reconnaître puisqu’il dépose plainte pour diffamation.
Une enquête et d’autres victimes
Après la plainte de Vanessa, les gendarmes s’interrogent sur d’éventuels autres victimes. Ils commencent à chercher du côté d’autres mannequins ayant déjà travaillé avec Fabrice M. Ils remontent jusqu’à Céleste et Laura (leurs prénoms ont été modifiés), amies depuis un shooting avec Fabrice M. Elles sont auditionnées.
Quand j’ai su qu’il y avait de nombreux autres témoignages, j’ai pensé que c’était important de parler.
Céleste raconte une séance photo à Biarritz en 2019. Elle se serait réveillée « avec Fabrice collé à [elle], le sexe en érection et la main sur [s]on sein. »
« Sur le moment, je n’avais pas conscience qu’il s’agissait d’une agression sexuelle… Mais quand j’ai su qu’il y avait de nombreux autres témoignages, j’ai pensé que c’était important de parler« , déclare-t-elle.
Céleste décrit également un week-end organisé à Toulouse par Fabrice M. Elle et son amie Laura sont conviées. Le photographe lui aurait massé les jambes « avant de remonter jusqu’à [son] sexe ».
Laura, quant à elle, a confié avoir posé en lingerie pour Fabrice M ce même weekend. « À un moment, il a pris pour prétexte de me remettre ma culotte en place pour la photo pour me pénétrer digitalement. J’ai hurlé et je l’ai poussé. » Laura et Céleste quittent les lieux mais ne déposent pas plainte.
C’est un an plus tard que Laura réalisera la gravité des faits. « J’étais loin de cette histoire, j’étais passée à autre chose. Mais quand j’ai découvert un an plus tard sa procédure en diffamation et que j’ai appris que d’autres femmes dénonçaient son comportement, dont une mineure, j’ai décidé de l’ouvrir et de tout raconter », confie-t-elle.
Manipulation et abus de confiance
Cette libération de la parole a permis à cinq femmes de porter plainte contre le photographe. Les trois femmes qui ont témoigné dans la presse dénoncent avoir été manipulées par Fabrice M.
Certains prédateurs s’emparent de cette confiance pour mieux la trahir et abuser sexuellement de victimes désarmées.
« Mes trois clientes ont fait confiance à ce photographe, ce qui est essentiel dans leur métier », explique Me Pierre Debuisson. « Il est insupportable de constater que certains prédateurs s’emparent de cette confiance pour mieux la trahir et abuser sexuellement de victimes désarmées », étaye-t-il.
Selon des propos relevés par nos confrères de La Dépêche, certaines jeunes femmes ne souhaitent pas porter plainte mais souhaitent parler pour protéger d’autres victimes potentielles. « Je ne dépose pas plainte parce que ma famille n’est pas informée. Simplement, je souhaite mettre en garde les filles « , reconnaît l’une d’entre elles.
Fabrice M, lui, conteste les faits. « À aucun moment il n’a eu de gestes déplacés envers ces femmes. La suite de la procédure parviendra à démontrer la vérité », a déclaré son avocate Me Atiyeh Zarrin Bakhsh.
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