Au dernier Festival de l’Alpe d’Huez où il présentait Maison de retraite*, comédie qu’il a co-écrite, l’humoriste Kev Adams s’est confié sur ses liens avec le troisième âge.

À 30 ans, comment a-t-on l’idée d’écrire une comédie intergénérationnelle dans un Ehpad ?

KEV ADAMS : Je voulais mettre les personnes âgées à l’honneur et rendre hommage à mes grands-parents qui m’ont en partie élevé. Je n’ai plus que mes deux grands-mères. L’an passé, mon dernier grand-père est décédé de la Covid. C’est un film que je veux montrer à mes petits frères pour qu’ils n’oublient pas à quel point nos aînés sont précieux dans nos vies.

Que vous ont transmis vos grands-parents ?

De toujours respecter les autres et surtout les aînés. D’être curieux de tout. J’ai eu la chance d’être élevé par des gens très ouverts d’esprit, immigrés tunisiens d’un côté, algériens de l’autre, qui sont arrivés ici avec rien en poche et tout à construire. Ils ont gardé cette reconnaissance à l’égard de la France et m’ont transmis une certaine humilité et joie de vivre.

Le tournage a été interrompu par le premier confinement. Comment l’avez-vous vécu ?

Très mal parce qu’on a eu beaucoup de difficultés à financer le projet et à se faire assurer. Et j’ai eu très peur pour la santé de mes partenaires, surtout pour Mylène Demongeot, hospitalisée en réanimation, qui a été dans le coma ! On s’est dit qu’on n’allait pas reprendre le tournage, que c’était un film maudit. Et puis, une fois le montage achevé, on a eu l’impression d’être là au bon moment avec la bonne histoire.

En effet, votre film, écrit avant la crise sanitaire, se retrouve au cœur de l’actualité !

C’est vrai que depuis le début de la pandémie, l’isolement des personnes âgées n’a jamais été aussi marquant. Cette mise à l’écart est très violente. C’est une forme de maltraitance. Certaines personnes âgées, isolées chez elles, meurent dans l’indifférence. On préfère mettre le sujet de côté, sous le tapis comme une chose honteuse.

À 30 ans, vous vous sentez déjà vieillir ?

Hélas, oui ! Quand j’ai commencé ce métier, j’étais très jeune, et chaque fois que je vois des images de mes débuts, je me prends un sacré coup de vieux ! J’aborde la trentaine difficilement. J’ai de plus en plus de mal avec mon physique. J’ai parfois l’impression de ne pas vieillir de la bonne manière. Et puis, j’ai mes meilleurs amis qui se marient et commencent à faire des enfants. C’est la panique chez moi !

Votre défi dans la décennie à venir c’est de passer d’idole des ados à mascotte des Ehpad ?

(Il rit.) Peut-être. Franchement, je ne fais pas cela pour répondre aux médias qui m’ont collé l’étiquette «éternel ado». Je le fais comme je le sens, avec mon cœur. Parfois je me plante, parfois je tape juste. J’ai beaucoup douté parce que dans ce métier il y a des hauts et des bas. Aujourd’hui, je me sens à ma place, je ne doute plus.

Vous vous voyez comment dans 50 ans ? Quel vieillard aimeriez-vous être ?

Bien dans mes pompes, heureux d’être là, entouré de ma famille. Heureux de transmettre. Et avoir des fous rires, toujours !

*En salles le 16/02/2022.

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