« Ce n’est pas à moi de dire s’il s’agit d’un design solidaire, réfute Ambre Jarno, créatrice de Maison Intègre. J’essaie de mettre l’humain en avant et l’importance des artisans, mais ce n’est pas un axe de communication. » Il y a 5 ans, elle quitte son poste à la télévision pour monter cette maison d’édition au Burkina Faso où elle souhaite sublimer le bronze et prouver « qu’on peut faire des objets d’exception et créer des industries créatives dans des pays où on n’en a pas l’habitude ».

Pour Benjamin Loyauté, commissaire du programme Ndao Hanavo du fonds de dotation Rubis Mécénat à Madagascar qui forme de jeunes déscolarisés à remployer les déchets du pays, les « designers se confrontent aux questions écologiques, politiques, sociales et humanitaires pour répondre de manière concrète aux problématiques actuelles. Cette discipline, qui s’est longtemps cherchée une définition, a désormais un nom : design social ». 

Aider des individus en difficulté grâce à la créativité et au design d’objets, c’est tout le parcours d’Eugénie de Larivière, elle-même designer de formation. En 2015, elle souhaite « faire du design avec des personnes éloignées de l’emploi, et basé sur le réemploi de matériaux. J’ai donc appelé Emmaüs, qui est un des acteurs majeurs de la récupération et de l’insertion en France. » Son studio de design Les Résilientes est lancé et emploie actuellement 18 salariés.

« Il faut considérer la créativité comme levier d’insertion professionnelle et sociale : quand on crée, quand on fait un travail de ses mains, c’est un retour à l’estime de soi. » Il y a trois ans, elle rencontre Romain Peton, consultant climat et développement durable, ces fameux gestionnaires du « RSE ». Ensemble ils vont toquer à la porte de Made.com pour leur présenter une collaboration possible autour du « design durable », l’enseigne de mobilier dit tout de suite oui. « Il faut créer des liens avec eux pour avoir un changement futur, explique Eugénie. On aime à penser qu’on plante des graines pour l’avenir. » Pour Romain, désormais conseiller RSE de la marque, il s’agit de former ces grands groupes aux enjeux écologiques, et le public. « Il faut mettre dans la tête des gens que les déchets ont de la valeur. C’est d’ailleurs toute une culture nationale à réinventer. » Et cela passera par le design social. 

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