Les ondes électromagnétiques générées par les technologies de communication sans fil font peur car elles ne se voient pas, ne s’entendent pas et ne dégagent aucune odeur.
Et pourtant, elles sont partout, formant un électrosmog dans lequel nous baignons à longueur de jour et de nuit. Leur impact sanitaire est controversé mais il n’est pas inexistant pour autant.
Tous les scientifiques admettent qu’elles exercent un effet thermique qui échauffe l’organisme. Certains évoquent aussi des effets non thermiques liés au caractère pulsé de ces ondes et des oscillations qu’elles occasionnent sur les molécules constituant notre corps.
Tout dépend bien sûr de leur intensité et de la durée d’exposition auquel nous sommes soumis, d’où la difficulté des experts à établir une évaluation réellement fiable.
Des ondes possiblement cancérigènes
Plusieurs études menées sur des rats et des souris suggèrent que les rayonnements électromagnétiques peuvent provoquer des tumeurs du cerveau à long terme. Ces radiofréquences « pourraient altérer l’expression de certains gènes (…) et susciter l’induction d’un stress oxydant et d’une inflammation », indique le Pr Dominique Belpomme, cancérologue et coauteur du Livre noir des ondes (éd. Marco Pietteur).
Depuis 2011, elles sont d’ailleurs classées parmi les cancérogènes possibles par le Centre International de Recherche sur le cancer (Circ). Les enfants, dont les os du crâne sont plus fins que ceux des adultes, sont davantage à risque.
Nombre d’études épidémiologiques font aussi suspecter un lien entre l’exposition à ces ondes et le risque de leucémie aigüe chez les enfants vivant à proximité d’une ligne à haute tension, la possibilité de cancer du sein en cas de surexposition professionnelle et de tumeur d’une glande salivaire particulière, la parotide, en cas d’utilisation prolongée d’un téléphone portable.
Les autorités se veulent rassurantes
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime le danger peu probable et souligne que le déploiement actuel de la 5G dans la bande de fréquence de 3,5 GHz ne présente pas de nouveaux risques pour la santé, sur la base des données scientifiques disponibles à ce jour.
Pour la bande de fréquence de 26 GHz, qui sera également utilisée pour la 5G dans les années à venir, les données ne sont pas encore suffisantes pour conclure, affirme l’Anses.
Certaines affaires interrogent pourtant
Un nombre anormalement élevé de glioblastomes – des tumeurs cérébrales agressives – frappe les salariés de l’entreprise Atos, dans les Yvelines, dont le bâtiment contient beaucoup de serveurs informatiques et est cerné par trois antennes relais.
En 2020, l’émission Complément d’Enquête révélait que sept cas avaient déjà été diagnostiqués parmi les mille employés ou ex-employés d’Atos. Depuis, un 8ème cas a été recensé, ainsi qu’une dizaine d’autres dans les environs. Les mesures réalisées sur le terrain en avril 2021 montrent pourtant que le niveau d’ondes est « conforme et inférieur aux valeurs limites d’exposition réglementaires », selon le maire de la ville.
Que faut-il en conclure : cette explosion de cancers n’a-t-elle rien à voir avec les ondes électromagnétiques ou bien les seuils réglementaires ne sont-ils pas suffisamment protecteurs ? Affaire à suivre.
L’immunité et la fertilité en danger ?
Le Pr Dominique Belpomme n’alerte pas seulement sur le risque de formation de cancer. « Les champs électromagnétiques pourraient être impliqués dans la genèse et le développement d’autres pathologies, comme la maladie de Charcot, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques, mais aussi l’hypofertilité voire certaines formes de stérilité », souligne-t-il.
L’utilisation d’un téléphone portable plusieurs heures par jour est en effet soupçonnée de réduire la concentration, la mobilité et la viabilité des spermatozoïdes chez l’homme. Chez la femme, des études se sont penchées sur le lien entre l’exposition aux champs électromagnétiques en période de grossesse et les risques de fausses-couches.
Ondes électromagnétiques : comment s’en protéger ?
Pour minimiser votre exposition, choisissez un modèle de téléphone à faible DAS (débit d’absorption spécifique), c’est-à-dire dont la puissance d’émission est inférieure à 0,3 W/Kg. Cette valeur est théoriquement affichée sur l’emballage de chaque appareil. Les modèles mis sur le marché avant 2016 sont ainsi à proscrire car leur DAS est souvent bien supérieure.
Au lieu de plaquer votre smartphone contre l’oreille, utilisez la fonction haut-parleur ou un kit main-libre afin de l’éloigner de votre tête. Et passez vos appels dans de bonnes conditions de réseau, donc ni dans un véhicule en marche (train, voiture…) ni en sous-sol.
Évitez de transporter votre téléphone dans votre poche, à proximité du cœur ou près des organes génitaux. Ne le rechargez pas dans la chambre à coucher et placez-le la nuit à plus de deux mètres de vous si vous l’utilisez comme réveil. Mais le mieux est de l’éteindre pendant la nuit.
Les patchs anti-ondes, les peintures anti-wifi et autres slips en fil d’argent censés réduire votre exposition ne semblent pas présenter un intérêt formellement démontré. Des tests de laboratoire suggèrent certes que certains patchs peuvent réduire de 50 à 99% la DAS d’un téléphone, mais les valeurs relevées en laboratoires ne reflètent pas forcément l’usage courant d’un téléphone, selon l’ANRF (Agence nationale des fréquences ). De nombreux paramètres entrent en effet en compte : la distance de l’appareil, sa puissance d’émission, le réseau utilisé…
En cherchant à bloquer le signal, on pousse en outre l’émetteur à fonctionner à puissance maximale, ce qui peut in fine créer l’effet inverse de celui escompté.
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