- La 37e cérémonie des Victoires de la musique se tiendra le vendredi 11 février sur France 2 et France Inter, en direct de la Seine musicale.
- Avant cette grande soirée, « 20 Minutes » vous propose de (re)découvrir chaque jour l’une des cinq « chansons originales » nommées.
- Après Orelsan, Clara Luciani, Juliette Armanet et Feu! Chatterton, nous finissons notre tour d’horizon des nommées avec « Bruxelles je t’aime », tube immédiat du deuxième album d’Angèle.
Elle était attendue au tournant, elle a fait un tout droit sur la ligne du Thalys, direction « le tube de l’année ». Au moment de lancer la promo de son deuxième album, Nonante-cinq,
Angèle a dégainé Bruxelles je t’aime,
déclaration d’amour à la ville de son enfance. Sans faire offense aux quatre autres chansons nommées dans la catégorie Chanson de l’année aux Victoires de la musique 2022, il est absolument évident que la ritournelle d’Angèle est la seule qui s’apparente à ce qu’on peut appeler un tube.
Immédiatement reconnaissable au bout de quelques notes, Bruxelles je t’aime porte la signature vocale de son interprète, est facile à fredonner, à danser, et même à parodier (elle va beaucoup être adaptée dans les mariages 2022…). Elle reste en tête sans saouler. Bref, c’est le crush idéal. « La mélodie est venue très vite,
nous racontait Angèle il y a quelques mois. Pendant que j’écrivais les couplets j’ai essayé plusieurs fois de changer le refrain mais je ne trouvais pas. Finalement, j’ai mis du temps à comprendre que ce premier jet, très spontané, était ce qu’il fallait à cette chanson. Au moment de placer ma voix, ça a été très facile aussi, j’ai tout de suite été à l’aise vocalement sur Bruxelles je t’aime, Bruxelles, je t’aime. »
Tout le monde a une ville dans son cœur
Mais au-delà de ça, la chanson d’Angèle est un marqueur essentiel de notre année 2021, l’an 2 du Coronavirus. Là où Clara Luciani espérait que l’on danse et Respire encore (raté, ça ne transpire toujours pas « dans le bordel des bars le soir »…), là où
Juliette Armanet prophétise Le dernier jour de disco (raté aussi, « les rivières du destin » ne s’affolent toujours pas « comme du satin »), Angèle a vu juste. L’isolement nous a fait retrouver l’amour des villes d’avant, pas celle où l’on court d’un point à un autre, mais celles où l’on a des attaches, des souvenirs. Angèle chante que la beauté est là où on choisit de la voir. Angèle chante les amours apaisées
nées de l’introspection.
« Après la tournée, j’avais prévu de faire une longue pause musicale, raconte la chanteuse. Je ne voulais plus entendre parler de nouveaux morceaux, de composition, de studio, et surtout pas de second album. Et puis est arrivé le confinement… Je me suis retrouvée face à moi-même, avec les angoisses que tout le monde vivait. J’avais prévu d’aller au soleil, sur une île, et je me suis retrouvée coincée à Bruxelles. Et naturellement je me suis installé une sorte de petit studio, une cabane un peu bricolée dans mon appartement. Et là, le premier air, la première chanson qui est venue, c’est Bruxelles je t’aime. »
Pas de seum
Sans vraiment le décider, Angèle a ensuite composé tout un album. Et au moment de choisir l’ordre des chansons, puis le premier single, Bruxelles je t’aime s’est imposé. Comme une introduction joyeuse aux confessions plus sombres qui vont suivre. Cette chanson, par sa genèse, est aussi une ode à l’inspiration, où la muse est une ville, un hommage à ces chansons qui nous sauvent, qui nous font relever la tête, qui nous font entrevoir la lumière au bout du tunnel. Plutôt qu’une chanson bêtement premier degré sur le confinement, Angèle livre un hymne intime, à l’image du reste de l’album.
Pourtant, Bruxelles je t’aime est aussi une chanson fédératrice. Sans être belge on peut ressentir un amour sincère pour Bruxelles et tout ce que cette ville représente. Le souvenir d’un week-end amoureux, la passion pour la bière et les frites, le goût du second degré détaché propre aux habitants de la ville… Et surtout, aimer Bruxelles et la Belgique en musique est une manière de s’excuser de l’attitude des fans de foot français à l’égard des Belges (on a l’habitude d’avoir la honte à cause d’eux mais avec leur rengaine sur le seum belge, ils se sont surpassés).
Puisque, qu’on le veuille ou non, Bruxelles je t’aime est le tube francophone de l’année, il serait vraiment incongru de ne pas lui remettre la Victoire de la chanson de l’année. Par les temps qui courent, un peu de cohérence ne peut pas nuire.
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