Depuis l’émergence du mouvement #MeToo, la parole des victimes de violences sexuelles s’est faite de plus en plus présente médiatiquement, même si les changements sociétaux, et politiques, se font encore attendre. 

Les victimes ont commencé à regrouper leurs voix par secteur, professionnel, culturel ou social, donnant lieu à des mouvements localisés, précis : #MeTooMusique, #MeTooThéâtre, #MeTooInceste, #MeTooGay, #SciencesPorcs, #MeTooPolitique, ou encore #MeTooMedias… Les exemples sont innombrables. « Il faudrait un #MeTooSociété », soutient notamment Valérie Rey-Robert, spécialiste de la culture du viol en France.

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Au coeur des violences sexuelles, la domination masculine

Si des sous-mouvements émergeant régulièrement au sein de #MeToo ont chacun des problématiques propres, ils présentent aussi un dénominateur commun : la domination, principalement masculine. Les femmes et enfants sont les plus à risque de subir des violences. Celles-ci sont majoritairement commises par des hommes, et en masse. C’est ce qui transparaît dans les chiffres (voir l’enquête VIRAGE de 2020), et les témoignages.

Qu’entend-on par « domination masculine » ? La sociologue féministe Christine Delpy définit la domination masculine comme étant le bénéfice que les hommes tirent de l’exploitation des femmes, qu’elle soit économique, sexuelle, politique, ou autre.

Bien sûr, les violences sexuelles ne peuvent être simplement expliquées par cette racine commune. D’autres facteurs, de classe, de race, de genre, d’âge, sexuels, peuvent entrer en jeu, se superposer, comme dans toute dynamique d’oppression jouant sur plusieurs tableaux. 

Mais nous avons voulu comprendre pourquoi la domination masculine se retrouve dans différents « types » de violences sexuelles. Pour cela, Marie Claire s’est tourné vers trois experts : l’essayiste Valérie Rey-Robert, Dorothée Dussy, anthropologue longtemps spécialiste de l’inceste, et Florian Vörös, dont l’ouvrage Désirer comme un homme (La Découverte, 2020) interroge les masculinités à travers le prisme du porno.

Chacun•e de ces expert•es nous a accordé un long entretien pour expliquer en quoi la domination masculine est à la racine des violences sexuelles. 

Un continuum de violences

Après l’analyse de Dorothée Dussy, autrice de l’ouvrage majeur Le berceau des dominations, anthropologie de l’inceste (Pocket, 2021, initialement publié en 2013), place à celle de Valérie Rey-Robert (ouvrage le plus récent : Dix questions sur le féminisme, Libertalia, 2021), essayiste devenue l’une des dernières voix majeures en France sur la culture du viol et les masculinités. 

Valérie Rey-Robert : Face aux déferlantes #MeTooInceste et #MeTooGay, j’ai ressenti une énorme inquiétude, parce qu’on enjoint les victimes à parler. C’est dangereux pour elles de parler sans filet de sécurité derrière, car parler fait remonter des souffrances. Il faut leur offrir un cadre pour se réparer. On leur demande d’exposer leur intimité sur la voie publique, pour espérer que derrière, les structures changent. Certains disent même que la société est en train de changer en profondeur, alors qu’on n’a aucune preuve de ça ! 

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